samedi 26 mars 2016

Soirée Ratmansky / Robbins / Balanchine / Peck : Justin Peck évite le naufrage




Au Palais Garnier (de gauche à droite) : Benjamin Millepied, Justin Peck, Christopher Wheeldon, Alexeï Ratmansky, source Twitter de Benjamin Millepied, publié le 25 mars

Malgré les apparences je suis parti volontairement optimiste pour cette première du programme Ratmansky / Robbins / Balanchine / Peck, ce jeudi 24 mars au Palais Garnier.

Le Seven Sonatas d'Alexeï Ratmansky avait bien commencé : costumes blancs angéliques et surtout affirmation de la joie de danser ensemble à travers trois duos (homme - femme). Tout allait bien. Mais pourquoi le chorégraphe à mi-parcours oriente-t-il son travail vers une psychologie amoureuse des plus banales ?  Le programme (à 10 €, ou 12) écrit très sérieusement qu'avec cette pièce Ratmansky « bouscule l'architecture classique. » 

Others Dances de Robbins et Duo Concertant de Balanchine sont deux duos. On peut parler d'amuse-gueules gentillets. Cela fait cher l'amuse-gueule quand on sait que les places sont à 110 et 95 € pour bénéficier d'une bonne visibilité. Il n'est pas sûr que Ludmila Pagliero et Mathias Heymann constituent dans Others Dances un couple crédible. Dans Duo Concertant, Laura Hecquet et Hugo Marchand sont plus convaincants.

Va-t-on à Garnier pour voir des... duos (qui plus est sans véritables enjeux) quand le Ballet compte 154 danseurs ? 

Que Benjamin Millepied soit obsédé par Balanchine et Robbins, pourquoi pas ? Mais ici, cela devient monomaniaque. Cette façon de snober des chorégraphes aussi importants que Karole Armitage ou Michael Clark est désespérant. 

Sans doute le sous-texte de la soirée consiste-t-il à célébrer la puissance pulsionnelle, fusionnelle et indestructible inouïe du couple (homme - femme). Soit. Mais si l'on veut voir de la danse, c'est un peu court. 

 In Creases, de Justin Peck, Photo DR

Dans ce contexte les douze minutes du In Creases de Justin Peck sont une vraie délivrance. Petits gabarits bondissants, beaux costumes, musique répétitive de Philip Glass jouée par deux pianos à queue de façon pêchue plus que mentale, et cela va très bien. 
Fabien Rivière

Palais Garnier, Programme Ratmansky / Robbins / Balanchine / Peck, du 24 mars au 5 avril. Site
 
DÉTAIL DE LA SOIRÉE : 
Alexeï Ratmansky Seven Sonatas — (créé pour) American Ballet Theatre, 2009, 33 mn. - 6 interprètes - (musique) Scarlatti 
Jerome Robbins Others Dances — 1976, 20 mn. - 2 interprètes - Chopin
George Balanchine Duo Concertant — New York City Ballet, 1972, 17 mn. - 2 interprètes - Stravinsky
Justin Peck In Creases — New York City Ballet, 2012, 12 mn. - 8 interprètes - Philip Glass

No comment - Interview de Philippe Goethals, créateur du Salon Body Fitness - Paris

La 29° édition du Salon Body Fitness s'est déroulée du 18 au 20 mars 2016 à Paris Expo, porte de Versailles. En savoir +
L'interview date de 2015. 

Naissance de "Décoloniser les Arts"


En décembre 2015, le collectif Décoloniser les Arts a publié son premier post sur son compte Facebook.  Il a d'abord présenté une Charte, puis une nouvelle Charte le 25 janvier suite à des discussions. Le 14 février est rendue publique une Lettre ouverte aux directeurs et directrices,  de théâtre, ou de festival, Aux responsables culturels, que nous publions ci-dessous.
La première rencontre publique de Décoloniser les Arts aura lieu le samedi 23 avril au Théâtre national de Chaillot. Facebook

—————————————————

Lettre ouverte

aux directeurs et directrices, 
de théâtre, ou de festival, 
Aux responsables culturels,

Nous sommes un collectif d’artistes et de professionnels des Arts et de la Culture, porteurs et porteuses de Cultures minorées. Nous agissons au quotidien contre les discriminations ethniques dans le spectacle vivant et les arts. Nous sommes convaincu-e-s de partager nombre de valeurs démocratiques avec la plupart d’entre vous, et c’est pour cela qu’aujourd’hui, nous décidons de vous faire part de certaines de nos réflexions. Celles-ci se construisent à partir du constat d’une réalité alarmante qu’il nous appartient, désormais, de réorienter ensemble.

Afin de parfaire les présentations, vous trouverez sur notre page la charte de notre association nommée Décoloniser les arts.

Les nombreux débats sur la diversité qui se sont tenus pendant le dernier festival d’Avignon et un peu partout depuis témoignent des questionnements du milieu culturel sur le manque de représentation des populations « non-blanches » sur les plateaux de France.

La réalité nous invite à une réflexion en profondeur dans nos pratiques : pouvons-nous continuer à affirmer une Culture qui ne ressemble plus à la population française d’aujourd’hui ? Si la Culture est le moyen de lutter contre les replis identitaires, une Culture qui exclut et ne considère pas prend le risque de contribuer à l’apparition de certains identitarismes, nationalismes ou extrémismes religieux de tous crins. 

Vous êtes en charge d’un lieu culturel : de sa programmation, de ses productions, des rencontres publiques qui s’y tiennent… Votre prise de position aujourd’hui sera dès demain un exemple pour beaucoup. Engagez-vous à donner à voir et à entendre une plus grande diversité dans vos théâtres, faites en sorte que toutes et tous, puissent se reconnaître sur les plateaux ; que les populations liées aux immigrations puissent se sentir racontées, impliquées et considérées ; faites en sorte que la Culture qui s’affirme chez vous s’adresse réellement à toutes et tous et pas seulement à une frange blanche de la population.

Vous savez mieux que personne la triste corrélation entre les origines de ceux qui sont sur les plateaux et de ceux que l’on espère dans les salles. Où sont les Noirs, les Arabes, les Asiatiques, les Latins, les Français des cultures minorées dans les Théâtres de France ? Dans la Culture de France ?

Nous savons que les questions de visibilité des minorités sont sensibles et qu’elles peuvent susciter un rejet brutal. Ces enjeux sociétaux majeurs sont fragiles car ils ont à voir avec l’Histoire de France, avec la difficulté à instituer une mémoire partagée entre ceux qui se sont un jour affrontés, et l’on sait que la culpabilité occidentale est un obstacle difficile à dépasser. Or, toute action progressiste passe toujours par une prise de conscience, et celle-ci peut aussi se faire dans la douceur. C’est ce que nous vous proposons aujourd’hui. Une douce résolution démocratique. 

Vous êtes quelques un.e.s à être déjà sensibilisé.e.s à ces questions mais vous conviendrez que tel n’est malheureusement pas le cas du plus grand nombre des décideurs culturels et que souvent les discours ne se traduisent pas en actes. 

La pratique de notre Culture pourrait pourtant être pour chacun et chacune l’endroit et le moment d’une célébration partagée, d’un lien social renoué, entre les individus quelles que soient leurs classes, leurs origines, leurs religions ou leurs couleurs.
L’affirmation des droits culturels pour toutes et tous par la loi NOTRe nous invite à embrasser les devoirs culturels qui sont les nôtres lorsqu’on est acteur du service public. C’est à dire agissant au service du public mais aussi œuvrant à construire de la chose publique, la res publica. 

Cette mission est passionnante, brûlante et urgente. Traitons-la.

Car si pour les questions de parité entre les hommes et les femmes, les consciences sont aujourd’hui assez ouvertes pour chercher à améliorer une situation toujours loin d’être égalitaire, c’est qu’il a fallu que les mentalités changent radicalement. Ceci est donc une invitation : vous êtes responsables de notre Culture, contribuez de tous vos moyens à faire changer les mentalités et à écrire une histoire plus égalitaire et plus fraternelle pour notre pays.

En France, contrairement au monde anglo/nord-américain et certains pays d’Europe, répertorier les appartenances ethniques est interdit. Avoir peur des listes ethniques, qui sont chez nous de tristes mémoires, empêche une lecture claire de la population française, de sa diversité et de sa représentation dans la culture comme dans les médias. Cette peur nous empêche toute action volontaire et nous enferme dans le fantasme d’une société « Une et indivisible » qui, de fait, tourne le dos à sa diversité et confond laïcité et neutralité. Or, la neutralité n’existe pas, elle est toujours le reflet de la minorité dominante. Nous vous demandons aujourd’hui d’affirmer la complexité de la population française.

Ne pouvant pas compter en l’état sur la loi française pour nous obliger à construire une Culture plus juste, nous parions sur votre intelligence et votre bonne volonté.

Notre association a commencé à répertorier l’appartenance ethnique perçue des interprètes, des créateurs, des salarié.e.s, dans chaque distribution, chaque spectacle, chaque programmation, dans chaque Théâtre national, Centre dramatique national, chaque Scène nationale… et c’est édifiant. 

L’idée n’est pas de pointer du doigt les un.e.s ou les autres mais de savoir précisément l’étendue du problème et surtout d’éveiller des pratiques vertueuses. Notre pays en a besoin. 

Si la notion de « groupe ethnique » en France n’a pas d’existence juridique, que l’état civil ne mentionne aucune caractéristique « ethnique » et que le recensement obligatoire des populations ne permet pas le recueil de ce type d’information, une enquête non-obligatoire peut le faire. Y compris une enquête publique. Il est tout à fait possible de poser des questions dites « sensibles » sous couvert d’anonymat des personnes concernées.

Alors, utilisez les critères qui vous semblent les plus justes : blanc ou non-blanc, critères sociaux, liens des concernés à l’immigration, nationalité(s), « appartenance ethnique perçue par le public » (comme le fait le CSA), pays d’origine... Faites un trombinoscope pour faire apparaître le monochrome, demandez à vos artistes de s’auto-définir, leur sentiment de la façon dont ils sont perçus par le public, leur « appartenance ethnique déclarée » (comme l’a fait l’enquête « trajectoire et origines » (TeO) réalisée conjointement par l’INED et l’Insee)...

Inventez vos propres outils, votre propre éthique mais nous vous demandons d’analyser votre équipe et votre programmation : au niveau de la direction, de l’équipe permanente, des artistes interprètes en scène, des créateurs/trices, des technicien.ne.s, des auteur.e.s… 

En comptant, nous saurons. En sachant nous agirons.

Décoloniser les arts, questionnaire.

- Connaissez-vous des non-blancs, non-blanches directeur ou directrice d’institution culturelle publique ? 
- Si oui, dans des Scènes nationales ? 
- Ou des CDN ? 
- En France métropolitaine ou en outre-mer ?
- Dans des Théâtres nationaux ? 
- Avez-vous des collaborateurs non-blancs dans votre équipe permanente ?
- Si oui, à quels postes ?
- Partagez-vous ce sentiment que la France est construite et nettoyée par une infra-société invisible et non-blanche ?
- Avez-vous des artistes associé.e.s dans votre théâtre ?
- Quelle est leur couleur de peau ?
- Pourquoi n’y a-t-il que des blanc.he.s dans la plupart des spectacles français ? 
- Quel est le sens dramaturgique recherché ? 
- Pourquoi les metteur.e.s en scène français ne distribuent-ils pas davantage d’acteurs issus des diversités ?
- Avez-vous déjà invité un artiste que vous produisez à être attentif à la diversité dans sa distribution ?
- Si des « non-blancs » existent sur vos plateaux, c’est dans quelles proportions par rapport aux blancs ? 
- S’il y a des Noirs, des Arabes, des Latins, des Asiatiques dans les spectacles que vous programmez, quels rôles ont-ils ? 
- Combat de nègres et de chiens de Koltès, Les nègres de Genet, Chocolat clown nègre, sont-ce à votre avis les seules pièces qui permettent en France d’offrir un rôle à un Noir ? 
- Dans ce monde là, Othello joué par un blanc parmi les blancs, on valide ?
- Dans votre établissement, les « non-blancs » sont-ils principalement programmés en danse et en musique (domaines de compétences généralement concédés aux noirs dans un imaginaire colonial) ?
- Avez-vous remarqué que le théâtre en France, reste une discipline associée à la parole, à la pensée, à l’intelligence et que dans un imaginaire colonial, sa pratique professionnelle reste réservée aux blancs ?
- S’il y a des non-blancs sur vos plateaux, sont-ils français ou étrangers ? 
- Avez-vous remarqué que la plupart des interprètes noirs qui jouent en France, le font dans des productions internationales (américaines, anglaises, sud américaines ou africaines) ?
- Avez vous remarqué que les Afrodescendants français sont, eux, toujours ignorés ?
- Si votre théâtre est implanté en milieu rural, pensez-vous qu’il y a une certaine logique à ne pas beaucoup programmer d’artistes noirs puisque la population issue des immigrations vit essentiellement dans les zones urbaines et péri-urbaines ?
- À quelques exceptions près, dans quelles zones de France vote–t-on massivement pour le Front National ?
- Si des interprètes « non-blancs » ont accès à vos plateaux, accompagnez-vous également les productions de créateurs « non-blancs » : metteurs en scène ou chorégraphes (c’est à dire en position de direction) ?
- Pourquoi si peu ?
- Dans les histoires qui sont convoquées sur vos plateaux, les récits des immigrations, de la traite des Noirs, des colonialismes, des guerres de France, de la politique étrangère française, des minorités, des banlieues, des vies contemporaines et sensibles des personnes issues de ces histoires… sont ils racontés ?
- Par qui ces récits sont-ils racontés ? Des blancs ou des non-blancs ?
- De quelles couleurs de peau, de quelle(s) origine(s) culturelle(s) sont les auteur-e-s de votre saison ?
- Une Culture qui exclut une partie de la population est-elle un peu responsable de son sentiment de non-appartenance à la communauté nationale ? 
- La culture peut-elle, encore véritablement, nous rassembler et nous permettre de nous reconnaître malgré nos différences ?
- Ce questionnaire est-il perçu par vous comme un reproche qui vous est adressé ou comme la demande émue d’une partie de la population de n’être plus oubliée ? D’être considérée.

Décoloniser les arts, lexique.

Nous vous proposons maintenant un petit lexique à employer dans toutes publications ou discussions qui pourraient faire avancer l’acceptation de la diversité dans la Culture française :

- Racisé : assigné et réduit à une origine, réelle ou fantasmée, du fait de sa couleur de sa peau, son faciès, ou son patronyme. Plus clairement dit : victime de racisme (qu’il soit de haine, de préjugé ou d’omission). Nous avons employé jusqu’à présent le terme « non-blanc » pour ne pas vous heurter trop vite. Nous lui préférons celui de racisé. En effet on ne saurait définir une population ou des individus pas une négation, « non-blanc ». Certes ce mot, racisé, peut sembler violent. Violence, justement, dont sont victimes les populations racisées. 
- Racisation : ensemble de discriminations et de persécutions reposant sur des critères raciaux. Les mots sont durs mais ce n’est pas parce que les races n’existent pas que le racisme ne sévit pas. Il s’agit de savoir le nommer pour pouvoir le combattre.
- Discrimination positive : cela n’existe pas. C’est une mauvaise traduction plus ou moins volontaire de « positive action ». Nous lui préférons donc la traduction d’ « action positive contre les discriminations ». Et d’un seul coup il devient plus facile et plus positif d’être volontaire quand on empêche les détenteurs du privilège blanc de définir notre langage !
- Racisme anti-blanc : arme de défense des groupuscules identitaires pour empêcher la reconnaissance de la diversité du peuple de France.
- Statistiques ethniques : outil indispensable pour comprendre notre société, son évolution et pour adapter la politique à ses besoins. Interdites en France, les pouvoirs publics lui préfèrent des critères sociaux, géographiques ou de nationalité. Or en France, être immigré ne nous situe pas toujours en banlieue, être arabe ne rime pas toujours avec pauvreté et être noir ne veut pas toujours dire qu’on vienne d’ailleurs.
- Racisme par omission : il diffère du racisme de haine (plus identifiable et plus combattable). Le racisme par omission est par définition difficilement visible tant notre regard s’est habitué à la neutralité du blanc. Il nous appartient de modifier notre regard formaté par des siècles de pensée coloniale. Nous sommes nombreux dans la société française à y participer sans en avoir conscience : ne pas faire attention à ceux et celles qui manquent participe, malgré nous, et par effet de retranchement à ce type de racisme.
- Black : il serait préférable de ne pas. À part notre premier ministre, personne ne parle de « white » pour définir les blancs.
- Personnes de couleur : soyons sérieux, nous parlons d’hommes, de femmes et d’enfants, pas de M&M’s.
- Noir : n’est pas un gros mot, aucune gêne à avoir. Un Noir, une Noire. 

Décoloniser les Arts, actions.

Et si vous êtes toujours avec nous à ce stade de la lecture, nous aimerions maintenant vous proposer 5 territoires d’interventions possibles dans vos actions publiques :

1. La programmation : Faire travailler des interprètes racisés en scène, pour offrir une exemplarité au public issu des diversités en lui offrant une opportunité de se sentir dit et représenté, et sans doute, l’envie de revenir au théâtre. Nota bene : Un spectacle de cirque viêtnamien ou de danse sud-africaine, pourront certes passionner le public mais ne pourront faire oublier l’absence quasi totale de racisé.e.s dans les productions françaises.
2. La production : Produire et diffuser des œuvres mises en scène par des créateurs ou des créatrices racisé.e.s, afin de permettre en très peu de temps de faire émerger les talents qui par manque de moyens restent aujourd’hui invisibles. Là encore nous avons besoin d’exemplarité, de modèles de metteur.e.s en scène racisé.e.s et, pourquoi pas, de directeurs, de directrices de Centres Dramatiques Nationaux et rêvons encore plus loin, de Théâtres Nationaux. 
3. La formation : elle devrait être accessible à toutes et à tous et pourrait bénéficier là aussi d’un volontarisme qui ne reposerait pas seulement sur des critères sociaux mais bel et bien ethniques. Sans pouvoir recourir à une politique de quotas, soyons exemplaires et donc, soyons volontaires.
4. L’emploi: bien entendu il ne s’agira pas de prendre la couleur de la peau comme un critère favorisant mais juste pour voir ce que cela pourrait changer, chaque fois que nous recruterons quelqu’un, posons-nous quand même la question de la couleur de la peau de tous nos collaborateurs qui sont déjà autour de nous.
5. Les récits : assumer, donner à voir et à entendre les récits des racisé.e.s de France qui racontent leur histoire, leur relation complexe et souvent contradictoire à la France. À l’Afrique et aux autres ex-colonies. N’ayons pas honte de notre histoire commune, elle est nôtre avec ses épisodes sombres et ses moments merveilleux. Marchons sans honte pour éviter la colère de ceux qui sont tus. Et n’oublions pas d’inclure des racisé.e.s dans les récits du grand répertoire français. L’histoire de France est celle de toutes et de tous, affirmons-le !

Dans la brochure de votre prochaine saison, nous vous invitons donc à vous engager sur ces questions. Nous avons plus que jamais besoin de la puissance des symboles que la Culture peut offrir. 

Vous pouvez faire figurer le logo de notre association Décoloniser les arts (aux côtés de celui de HF par exemple), accompagné d’un petit texte symbole de votre engagement vers un meilleur vivre ensemble avec les communautés qui sont victimes d’un racisme d’omission en France.
La population de racisés en France s’élèverait à 30% selon les plus sérieuses études de statistiques ethniques (qui, stratégiquement, savent en taire le nom). Notre objectif commun sera donc fixé à 30% de représentativité dans chacun des domaines de la Culture française. Le chemin est désormais ouvert.

Nous sommes disposés à avancer dans cette réflexion avec vous, nous sommes ensemble au début d’un long chemin : celui de la décolonisation des arts et des imaginaires. Certains d’entre vous seront sans doute en colère contre cette action, certains, comme souvent, chercherons à nous réduire et nous taire, par courrier, sur le web ou voie de presse, d’autres comprendront notre démarche qui ne vise qu’un peu plus de justice, d’autres enfin la feront avancer plus loin encore vers une société plus égalitaire.

Notre Ministre de la Culture et de la communication a réuni autour d’elle un collège de réflexion et de préconisation sur ces questions de diversités. La volonté politique est bel et bien présente dans les plus hautes sphères. Mais nous sommes en France, nous sommes contraints par une loi qui ne nous permettra pas une politique de quotas. Alors misons sur votre intelligence et sur la volonté collective de changer cette situation insoutenable d’une culture faite par des blancs pour des blancs.

Nous vous prions, Madame la directrice, Monsieur le directeur, d’agréer la formulation de notre plus grand espoir.


PS. Conseillers spectacles vivants du ministère de la Culture, comités d’experts, directeurs régionaux des affaires culturelles, élus municipaux, départementaux et régionaux en charge des questions culturelles, techniciens de terrain des collectivités, directeurs d’écoles publiques d’art dramatique, directeurs de conservatoires, jurys d’admission à ces établissements, et toute personne de bonne volonté, et même spectateurs, qui agissez quotidiennement à la construction de notre Culture, cette lettre vous est également adressée, nous avons, en vos actions imminentes, de grandes espérances.

decoloniserlesartsenfrance@gmail.com

jeudi 24 mars 2016

Livre de photos - Les Étoiles de James Bort

.
Benjamin Millepied a invité le photographe James Bort, — époux à la ville de la danseuse étoile Dorothée Gilbert, — à saisir les 18 danseurs étoiles du Ballet de l'Opéra national de Paris. Les séances se sont déroulées sur un temps très court, trois jours en juillet 2015. Il a été proposé à chacun de choisir son costume de personnage de ballet préféré. 

Dans sa préface, Benjamin Millepied écrit : « Derrière le danseur et la danseuse, ce sont d'abord l'homme et la femme qui transparaissent, chacun voit sa personnalité révélée sous l'œil du photographe. » Jusqu'où en effet peut-on contrôler son image, et lui faire dire autre chose que la réalité ? Un cliché montre-t-il un état durable ou passager ? Un visage, c'est une vie. Et comment un être arrive-t-il (ou pas) à protèger son humanité dans une institution aussi dure que l'Opéra de Paris ? 

Ainsi, il semble que l'on puisse contempler la simplicité (au sens noble) de Stéphane Bullion et l'élégance de Mathias Heymann, pour le meilleur. Et, ailleurs, le visage éteint de l'un, la prétention de l'autre, la dureté ici, la violence là. 
Fabien Rivière

Couverture : Marie-Agnès Gillot. 
(du haut vers le bas) Stéphane Bullion - Mathieu Ganio

LIVRE Étoiles, de James Bort, Collection « Beaux livres », 80 pages, 18 x 25 cm, Éditions Cherche Midi, Paris, 28 €. Publié le 24 mars 2016. Site
EXPOSITION des photographies de James Bort à partir du 18 mars jusqu’au 17 avril 2016 à l’Opéra Bastille.

Manifestation des gens du cirque : « Notre mort est programmée »


Jeudi 24 Mars 2016 
« Au petit matin ce jeudi, une centaine de responsables de cirque ont manifesté Porte de Vincennes (Paris 20e). Depuis deux ans, les cirques peinent à trouver des terrains pour les accueillir dans leur commune. Pour se justifier, les maires invoquent des prétextes jugés illégitimes par les intéressés. Pour alerter sur leur condition, ils ont donc décidé d'organiser une opération escargot sur le périphérique parisien. »

Paris - Trois jours de Danse contre le Racisme


Le Musée national de l’histoire de l’immigration est situé à Paris en bordure du Bois de Vincennes dans le 12°. Il s’engage, lors de la Semaine (nationale) d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, — espérons qu'un jour proche elle intègre les dimensions misogynes et homophobes qui relèvent de la même haine de l'Autre — proposant une programmation de qualité du mardi 22 au dimanche 27 mars 2016. 

« Le 21 mars a été proclamé Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale en 1966 par l'Assemblée générale des Nations Unies. Alors que la loi du 8 juillet 2013 a réaffirmé avec force la mission de l’école de faire acquérir à tous les élèves le respect de l’égale dignité des êtres humains, de la liberté de conscience et de la laïcité, il apparaît nécessaire de redonner une impulsion nationale forte aux actions éducatives menées dans le champ de la prévention du racisme et de l’antisémitisme, de la défense et de la promotion des Droits de l’Homme et des principes fondamentaux de la République. »

Il faut des conditions sociales minimales en terme d'école, de santé, de travail, de vie publique pour assurer ce projet. Ce n'est pas le moindre des paradoxes pour un gouvernement qu'affirmer un principe d'un côté, et mettre en œuvre de l'autre une politique ultra libérale qui détruit ces conditions de vie, et dont on connaît la barbarie qu'elle engendre.

Au Musée national de l’histoire de l’immigration : 70 événements gratuits, performances, débats, séances de cinéma, ateliers, forum citoyen, feront de cette semaine un événement pluridisciplinaire pour mobiliser et sensibiliser le public, et notamment les jeunes, à la lutte contre toutes les formes de racisme. #TousUnisContreLaHaine 

Fabien Rivière
www.histoire-immigration.fr

Vendredi 25 mars 20h30 – 23h 
Asphalte de   Pierre Rigal  


Samedi 26 mars 20h30
Répertoire #1 de      Mourad MERZOUKI    
Autour des pièces chorégraphiques « classiques » du hip-hop, la poésie métissée de Mourad Merzouki s’enrichit des partitions d’Anthony EGEA, des chorégraphies de Bouba LANDRILLE TCHOUDA, des récits oniriques de Kader ATTOU et de la danse instinctive de Marion MOTIN.

Dimanche 27 mars 19h30
Heroes, prélude de      Radhouane EL MEDDEB   


–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––