Nous publions, pour information, le texte – à l'initiative d'organisations syndicales – lu le 6 juillet 2013 sur le plateau de la Cour d'honneur du Palais des Papes juste avant la première de Par les villages de Stanislas Nordey dans le cadre du Festival d'Avignon - In.
Cour d'honneur du Palais des Papes, Avignon, 2011, Photo Christophe Raynaud de Lage - Festival d'Avignon |
Juillet 2013…
En Juillet 2012, nous avions décidé de ne pas intervenir durant les festivals. De nouveaux temps s’ouvraient, le mauvais rêve semblait appartenir au passé. Les artistes et les acteurs du champ culturel voulaient se fier aux promesses du Président en faveur de l’art et la culture.
Un an plus tard, nous sommes obligés de revenir devant vous, pour des raisons nouvelles, et en partie hélas les mêmes – tant l’emprise de l’économie libérale influence les mieux intentionnés de nos dirigeants. Les promesses sont parties en fumée.
Le budget de la Culture a subi cette année une baisse record, qui ne se dément pas dans le projet de budget 2014. Loin du rêve du 1% pour la Culture, nous en sommes à 0,7%. Et des esprits malins soufflent à l’oreille du pouvoir que le 0,4% d’avant 1981 permettait bien, somme toute, une politique culturelle.
Notre Ministre et son équipe se sont battus, ils ont obtenu de maintenir les centres de création le nez au-dessus de l’eau. Mais les Théâtres Nationaux et les opéras manquent à l’appel, alors qu’ils sont aussi étranglés que les autres. Et qui mieux est : l’essentielle et tant vantée politique d’éducation artistique reste en rade une nouvelle fois. La loi d’orientation sur la Création, dont les réformes sont attendues de tous, a été reportée d’une année. Aucun chapitre Culture ne figure dans la nouvelle loi de Décentralisation, ouvrant ainsi la porte à un désengagement des Collectivités Territoriales, assaillies par d’autres obligations ... Et nous continuons de demander une réforme favorable du régime spécifique d'assurance chômage des artistes et techniciens.
De tous côtés, notre situation est à nouveau précarisée, exaspérante, au bord de la paralysie.
Mais que l’opposition ne se rengorge pas pour autant. Durant ses dix dernières années de gouvernement, nous avons dû batailler, mois après mois, pour ne pas laisser livrer cette politique culturelle aux appétits privés, pour obtenir des sauvetages in extremis. Dans le même temps, sourdement, discrètement, nos financements n’ont pas suivi l’inflation, perdant ainsi d’année en année des possibilités de projets d’artistes.
Une coïncidence historique permet aujourd’hui de renouveler les directeurs d’une part importante des Centres Dramatiques Nationaux, et donc de lancer une nouvelle génération dans la poursuite de notre histoire théâtrale. Les condamnera-t-on à la pénible gestion quotidienne d’une économie à peine plus favorable que leur misère antérieure ? Ou leur permettra-t-on d’ajouter une page à l’histoire créatrice du Théâtre ? Le monde dirigeant anticipera-t-il enfin les prochaines étapes d’une politique de l’Art et de la Culture dans notre société ? Nous défendons bien sûr notre Art, nos Arts puisqu’aujourd’hui ils se mêlent volontiers. Nous travaillons à être le cœur vivant d’une autre façon de penser le monde, le contrepoids vital face à l’hégémonie destructrice du libéralisme et de la soumission. Mais si cette nécessité fait toute notre vie, elle fait aussi la vôtre. Sans vous, quel sens aurions-nous ?
Monsieur le Président de la République, Monsieur le Premier Ministre, si vous étiez ce soir parmi nous pour inaugurer cette fête de l’esprit, nous saurions que vous êtes avec nous sur le même bateau. Pouvons-nous en être certains ? Que nous direz-vous dans les temps qui viennent pour nous montrer que nous ne sommes pas simplement des dossiers ?
Pour toutes ces raisons, nous vous convions, à l’appel de la CGT Spectacle et du SYNDEAC, de PROFEDIM (musique) et du Cipac (Arts plastiques), à une grande manifestation à Avignon le Samedi 13 Juillet à 11h30.
Merci de votre écoute, bonne soirée, et très bon Festival.
Merci de votre écoute, bonne soirée, et très bon Festival.
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