Vente aux enchères : Serge Lifar et les Ballets russes

Arts Talents Enchères mettra en vente le lundi 22 avril 2013 à 14h dans un nouveau lieu consacré à la danse proche de l'Opéra de Paris - salle Garnier, Éléphant Paname, de nombreuses pièces ayant appartenu à Serge Lifar (1904-1986), qui fut le puissant directeur de l'Opéra de Paris de 1930 à 1944 et de 1947 à 1958, après avoir travaillé pour les Ballets Russes que dirigeait Serge de Diaghilev. Le catalogue de la vente, de 68 pages, comprend photographies, programmes (notamment des Ballets russes de 1905 à 1925), manuscrits et affiches,  livres,  dessins, gouaches et tableaux, "objets personnels et de curiosité", costumes et accessoires.
Feuilleter le catalogue (format pdf en haute à droite de la page d'accueil)

mardi 26 mars 2013

Musique - Bonaparte en tournée en France en 2013

                                                                                                                               

 Bonaparte  est l'un des groupes de rock les plus importants de la scène mondiale. Il est basé à Berlin, son fondateur est le Suisse Tobias Jundt. 

Trois albums studio et un DVD sont déjà parus, sans même parler du live et des remixes (Too Much en 2008, My Horse Likes You en 2010 et Sorry, We Are Open en 2012, sorti enfin en France en début de mois; le DVD 0110111 - Quantum Physics & A Horseshoe est publié fin 2011 qui comporte notamment une pochette pour les pop-corn).

Il n'y a rien à jeter dans la production du groupe, qui chante en anglais, mais chaque album comporte aussi du français et de l'allemand. Le tout a une capacité assez bouleversante à capter l'énergie du monde et de la vie. Un ensemble à géométrie variable, mais actuellement stabilisé à quatre musiciens et quatre performers. À l'issue d'un mémorable concert à la Boule Noire à Paris en octobre 2010, Tobias Jundt, qui parle parfaitement français, nous confiait qu'il ne lui importait pas seulement de composer de bons morceaux, mais qu'il voulait aussi engager le corps.


Tobias Jundt, fondateur du groupe Bonaparte et son bassiste (à gauche),
 le 2 novembre 2012 au Posthalle à Würzburg, Allemagne,
dans le cadre du Sorry, We Are Open Tour
Photo Melissa Hostetler ⓒ 


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Mercredi 10 avril - Tourcoing - Festival Paradis Artificiels site au Le Grand Mix site
Jeudi 11 avril - Lyon - Marché Gare site
Vendredi 12 avril - Blois - Chato'do site
Samedi 13 avril - Paris - Festival Chorus site Facebook au Magic Mirror à La Défense

                                                                                                                                
       NOUS AVONS DÉJÀ PUBLIÉ       


                                                                                                                                




Bonaparte à New York en février 2013. Les deux photos sont extraites du blog Here For The Bands

Le documentaire RAIN prend l'eau

Répétition de Rain avec le Ballet de l'Opéra de Paris, Photo Anne Van Aerschot.

Le documentaire RAIN, des jeunes cinéastes Belges Olivia Rochette et Gerard-Jan Claes suit la transmission de Rain, une pièce de 2001 d'Anne Teresa de Keersmaeker au Ballet de l'Opéra de Paris, d'octobre 2010 à la première de la re-création le 25 mai 2011. 

Le film était présenté le dimanche 24 mars 2013 au Centre Pompidou - Paris en première française dans le cadre de la 35° édition du Cinéma du réel - Festival international de films documentaires, dans la compétition Premiers Films. 

La perplexité survient immédiatement : en ouverture surgit un plan fixe d'un immense ciel nuageux aux couleurs maritimes. C'est très beau, mais on ne voit pas trop le rapport avec le sujet. En voix off, on entend la voix d'Anne Teresa de Keersmaeker au téléphone. On ne comprend pas trop la construction de cette entrée en matière.  
  
Le film est découpé chronologiquement, qui affiche "octobre", "février", "avril" et "mai". Rien n'est précisé : par exemple, quels sont les enjeux et la méthode d'Anne Teresa de Keersmaeker et des danseurs de sa compagnie qui vont transmettre le matériel chorégraphique (et d'ailleurs, combien sont-ils de part et d'autre ? Dans ce texte, les renseignements pris à l'extérieur du film seront indiqués entre parenthèses : ils sont 20 interprètes du côté de l'Opéra, en deux distributions distinctes).
  
Anne Teresa de Kersmaeker pendant une répétition de Rain avec le Ballet de l'Opéra de Paris,
Photo Anne Van Aerschot

Un plan fixe très large montre le plateau de la salle Garnier vide, avec un décor hors d'âge (le Bolchoï présentait Don Quichotte). Quel intérêt ? Et que dire des images du tournoi de tennis de Roland Garros (pourquoi pas, mais encore faut-il préciser le contexte. En fait, une télévision dans la cantine de Garnier).

Suivre dans un studio le travail de transmission de corps à corps, dans un milieu où l'oralité est importante, est intéressant sinon passionnant mais se pose rapidement un problème de cinéma, un problème simple de cadrage. C'est que le cadre est trop étroit, et jamais ne s'ouvre, comme cadenassé. Et les cinéastes se révèlent incapables de filmer l'espace de la danse. Tout demeure toujours aplati. Sauf quand la compagnie se prépare à entrer en scène pour un ballet classique, dans de somptueux costumes (le Roméo et Juliette de Noureev, dans l'espace du plateau de Bastille). 

Il y a des moments savoureux : Anne Teresa de Keersmaeker demande à un homme (Laurent Hilaire, maître de ballet associé à la direction de la danse à l'Opéra de Paris) s'il est fréquent que des interprètes dansent sans discontinuer pendant plus d'une heure. La réponse est négative, c'est la première fois. Un jour, une étoile menace de partir : Jakub Truszkowski, en charge de la direction de la transmission pour Anne Teresa de Keersmaeker comprend immédiatement les mécanismes de la situation et réagit avec beaucoup de finesse. 

Jakub Truszkowski pendant une répétition de Rain
Photo Anne Van Aerschot (recadrée)

On apprend que la direction de l'Opéra de Paris ne veut pas que les cinéastes suivent plus particulièrement une jeune interprète (au premier plan dans la première photo de l'article; il s'agit de Léonore Baulac, qui a le statut de quadrille, le premier échelon dans la hiérarchie; elle aurait aujourd'hui environ 21 ans), au motif que cela risque de gêner les autres. L'efficacité de cet impératif tient surtout à ce que l'Opéra de Paris est co-producteur du film. Et que cette jeune femme n'a pas le statut d'étoile.    

Le documentaire intègre des images en noir et blanc de vidéosurveillance : l'entrée des artistes, la librairie, l'entrée du public, des couloirs. Il n'est pas sûr que cela apporte grand chose. La caméra quant à elle montre aussi des plans fixes de couloirs, une conversation anecdotique entre deux femmes, un jeune homme assis seul par terre lisant un livre – Manuel pratique – qui, un peu plus tard chante un air d'opéra. On peut constater que cette volonté "ethnologique" (montrer le quotidien) et contemplative (le songe) ne fonctionne pas (à l'exception de l'apparition quasi surnaturelle d'un magnifique cheval blanc). De même, pourquoi, à plusieurs reprises, suivre des hommes seuls de dos marchant dans la pénombre dans un couloir ?

Et pourquoi clore ce film par un long plan fixe, large lui, de la façade de l'Opéra Garnier avec la petite place en face, et les voitures qui passent, au début de la nuit ?     

À l'issue de la projection, le maître de cérémonie dit, très optimiste : « J'imagine qu'il y a eu une réflexion de cinéma » et interroge : « Quels ont été les partis pris de mise en scène ? ». Le cinéaste ne répond pas vraiment mais indique la nature de son questionnement : « Qu'est-ce que ça veut dire pour ces danseurs [du Ballet de l'Opéra de Paris] de s'affronter à une chorégraphie contemporaine ? ». À vrai dire le film examine peu ce sujet, en grande partie pour la raison simple que personne n'est interrogé (du moins devant la caméra) et que le cadre est trop étroit. En réponse à une question, Gerard-Jan Claes indique : « Il y a beaucoup de règles à respecter [à l'Opéra de Paris] », mais il ne dit pas lesquelles, ne les questionne jamais, et personne ne lui demande de préciser. Il explique aussi qu'il y a une seule caméra, tenue par « Olivia », dont il ne donne pas le nom. Anne Teresa de Keersmaeker reconnaît honnêtement que « les danseurs [de sa compagnie] ont construit beaucoup de vocabulaire » à l'origine, qu'elle n'est (ainsi) pas capable de transmettre les mouvements dans leurs très grandes précisions (d'où la nécessité de leurs présences pendant les répétitions), s'étant chargée de l'architecture générale de la pièce. Elle parle « d'une communauté de danseurs transmettant à une communauté de danseurs. »  

Un homme dans le public demande : « Pourquoi le nom des interprètes n'est pas indiqué, et aucun autre nom ? » Le réalisateur sourit. Long silence. Qui s'étend à ses voisins. Anne Teresa de Keersmaeker dit alors : « On ne pourrait pas tout indiquer », c'est-à-dire que ce serait trop compliqué à faire systématiquement. Mais entre tout et rien, il y a peut-être de la marge. Et qui a noté que ce soir personne n'aura interrogé le danseur Jakub Truszkowski qui, avec ténacité et calme a supervisé à Paris le long et difficile travail de transmission ? 
 

Un peu plus tard, Brigitte Lefèvre, directrice de la danse à l'Opéra de Paris, qui est à l'initiative du projet de reprise de Rain, intervient de la salle : « Je pense qu'il n'y aura plus beaucoup de questions. On parle [au sujet du Ballet de l'Opéra de Paris] de danseurs classiques. Ce sont des danseurs [au sens qu'ils peuvent aussi bien interpréter de la danse classique et de la danse contemporaine, qu'ils sont complets] ! » Elle indique aussi ce qu'a été son « désir de demander à Anne Teresa de Keersmaeker qui est plutôt pas mal comme chorégraphe d'apporter cette force à l'Opéra. » Et la soirée se clôt.

Rappelons l'essentiel : Rain, la chorégraphie, créée en 2001, et présentée à l'époque à Paris au Théâtre de la Ville qui était co-producteur et dont le directeur était alors le fameux Gérard Violette qui a si longuement défendu le travail de la chorégraphe, est une œuvre magnifique. Le court passage montré de la reprise est tout à fait passionnant et honore les deux équipes de danseurs comme la chorégraphe. N'oublions pas aussi l'important travail de passeur de Brigitte Lefèvre.  


Rencontre avec le public à l'issue de la projection de RAIN au Centre Pompidou le 24 mars,
De gauche à droite : Jakub Truszkowski, Anne Teresa de Keersmaeker, Olivia Rochette (la réalisatrice),

la traductrice et Gerard-Jan Claes (le réalisateur), Photo Espaces Magnétiques ⓒ









– Interprètes de la compagnie d'Anne Teresa de Keersmaeker - Rosas lors de la création de Rain en 2001 (source wikipédia, ordre alphabétique) : Marta Coronado, Fumiyo Ikeda, Cynthia Loemij, Elizaveta Penkova, Ursula Robb, Taka Shamoto, Igor Shyshko, Clinton Stringer, Jakub Truszkowski.

– Interprètes de la compagnie d'Anne Teresa de Keersmaeker - Rosas ayant transmis la pièce au Ballet de l'Opéra de Paris : Jakub Truszkowski (direc-tion), Marta Coronado, Fumiyo Ikeda, Cynthia Loemij, Elizaveta Penkova, Ursula Robb, Taka Shamoto, Igor Shyshko, Clinton Stringer.

– Interprètes du Ballet de l'Opéra de Paris (source wikipédia à partir du site de l'Opéra de Paris) : Ludmila Pagliero, Muriel Zusperreguy, Vincent Chaillet, Aurélia Bellet, Valentine Colasante, Miteki Kudo, Nicolas Paul, Daniel Stokes, Amélie Lamoureux, Léonore Baulac en alternance avec Florian Magnenet, Amandine Albisson, Sarah Kora Dayanova, Christelle Granier, Laurence Laffon, Marc Moreau, Charlotte Ranson, Caroline Robert, Adrien Couvez, Juliette Hilaire. 

dimanche 24 mars 2013

Cavaillon : la mairie contre la Scène nationale

Capture d'écran de la page d'accueil du site internet de la municipalité de Cavaillon; en haut à gauche






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Fin août 2012 on apprenait que « La Ville de Cavaillon [26.000 habitants dirigés par un maire de droite UMP] a refusé d’accueillir la première édition de C’est pas du luxe !, un festival culturel dont les principaux acteurs sont des personnes en situation de précarité, sous prétexte que « s’associer à l’image de pauvreté véhiculée par la Fondation Abbé Pierre n’était pas possible pour la municipalité » (sic) ». La Scène nationale de Cavaillon qui proposait la manifestation a dû migrer vers la ville limitrophe de Le Thor, accueillie par son maire (à lire ici). Le délégué général adjoint de la fondation Abbé Pierre n'a guère apprécié la décision et les propos de la mairie, qualifiant la situation ainsi : « "Chasse aux pauvres", "Affront fait à ceux que l'on traite d'indésirables", "Carton rouge au maire de Cavaillon" (à lire ici) ».

Dans la foulée, la municipalité a aussi reproché à la Scène nationale sa programmation de musiques actuelles : « Arguant que la programmation “musiques actuelles” du théâtre ne remplissait pas le contrat moral passé depuis la fin du Grenier à Sons et ne s’adressait pas suffisamment aux jeunes, la proposition du maire Jean-Claude Bouchet d’amputer la moitié de la subvention dédiée aux concerts a été validée en conseil d’administration du 14 septembre. Pour l’adjointe à la culture Annie Stoyanov : “Moi, Dominique A j’adore, mais c’est pas pour les jeunes de 15 à 35 ans. Ni le Cantique des Cantiques» (à lire ici) Résultat : un déficit de 65.000 € pour le théâtre pour l'année 2012. Il faut préciser que le dernier programme, sous la direction du musicien mondialement (re)connu Rodolphe Burger s'intitule précisément Le cantique des cantiques & Hommage à Mahmoud Darwich, le poète palestinien respecté (le programme). Le directeur du lieu partant en retraite fin décembre 2013, on notera que l'offre d'emploi pour recruter la personne qui lui succédera  précise qu'il faudra « intégrer une programmation musiques actuelles pour les jeunes de 15 à 25 ans ». La tranche d'âge est ainsi resserrée de moitié.

Et si Le Grenier à Sons a disparu en 2010 (à lire), la salle qui l'accueillait demeure, et son utilisation suscitait en 2011 des tensions entre la MJC et la mairie... (à lire ici). La suppression de la subvention de la mairie aura eu aussi raison du centre de formation musical Artist', installé dans les murs du Conservatoire et vieux de 18 ans, fermé lui aussi en 2010 (à lire ici). La Provence.com écrivait alors que « Le grand ménage au sein des organismes culturels cavaillonnais se poursuit.  »

Mais pour en revenir à la Scène nationale, f
aut-il en conclure que la municipalité de Cavaillon ne veut pas voir de pauvres ni d'arabes ? Est-ce lié à ce que rappelait récemment Ledauphine.com : « En octobre dernier, l’Institut français d’opinion publique (Ifop) publiait une étude au sein de laquelle Cavaillon apparaissait comme une des 13 villes de plus de 20 000 habitants pouvant être conquises par le Front national lors des municipales de 2014. Au regard du résultat local des législatives de juin dernier, 111 voix d’écart en faveur du candidat UMP (50,67 %), la course à la mairie s’annonce effectivement serrée. » (à lire ici) ?