Logo des 30 ans des Centres chorégraphiques nationaux
Les 19 centres chorégraphiques nationaux (CCN), — regroupés au sein de l'Association des centres chorégraphiques nationaux (ACCN) depuis 1995 — fêtent cette saison leurs 30 ans.
Ils ont organisé cette année en quatre volets qu'ils nomment ainsi : festif, numérique, régional, et réflexif.
Dans le cadre « réflexif », l'ACCN conviait le 22 mai les professionnels du secteur chorégraphique à un « séminaire» à la Gaîté Lyrique (Paris). Elle y a présenté son projet. Elle souhaite mener ...
Dans un premier temps, il y a quelques mois, un premier groupe de travail issu de l'ACCN a été constitué — « qui a travaillé sur le repérage des éléments de contexte, sur des constats et sur la définition d'enjeux » (3).
Dans un second temps, un second groupe d'une trentaine de personnes associant ACCN et des non-ACCN — a « enrichi [le tout] pour être partagé » (3). On trouvera sa composition à la fin de ce texte. Il a été mobilisé les 23 mars et 21 avril 2015 au Centre national de la danse dans le cadre d'« ateliers ».
Selon l'ACCN, des gages de pluralité et de représentativité du milieu ont été donné. D'une part, le second groupe est composé « d'artistes-interprètes, d'administrateurs de compagnies, de directeurs de scènes conventionnées, de directeurs de centres de développement chorégraphique, de membres d'équipes de CCN, de deux directeurs de centres chorégraphiques nationaux, et d'une professionnelle suisse. » D'autre part : « Nous avons mixé aussi les générations et les esthétiques. » (3).
En réalité ce groupe s'est constitué par cooptation et dans le secret.
La plus grande partie des professionnels a été mise devant le fait accompli, découvrant le projet le 22 mai. Lors de l'intervention de la salle, plusieurs personnes ont demandé à pouvoir participer aux travaux. Il n'y a pas eu d'engagement d'associer ceux qui le désiraient. La secrétaire générale de l'ACCN a répondu ceci : « Nous avons vos adresses mail. Donc on pourra imaginer un rapport plus direct si vous le souhaitez. » Le vice-président de l'ACCN a rappelé les principes d'organisation.
Au passage, il est permis de douter que le hip hop puisse être représenté seulement par la secrétaire générale d'un centre chorégraphique consacré au hip hop et une chorégraphe hip hop (qui vient d'être nommée artiste associée d'un centre chorégraphique), son administratrice et sa chargée de production.
Mais pourquoi en est-on arrivé là ?
En 1997, accompagnant l'émergence d'une nouvelle génération de chorégraphes, deux collectifs se sont formés, Espace Commun et Les Signataires du 20 août, qui ont engagé un intense travail de réflexion sur la situation de la danse, afin de l'améliorer. Ces collectifs associaient jeunes chorégraphes, danseurs et universitaire/s.
Lors des Assises de la danse de 1998, ils formaient un utile contrepoint au pouvoir des centres chorégraphiques, assurant une réelle pluralité et représentativité de la profession.
Ce sont bien des chorégraphes appuyés par des chercheurs qui menaient alors les réflexions et les actions. Aujourd'hui, dans le cadre de ce « séminaire », ce sont des administrateurs qui sont en première ligne, qui organisent et prennent le parole.
Mais, en réalité, ce sont bien des chorégraphes qui doivent porter une parole dans l'espace social, aussi bien professionnel que public.
Rien de tel aujourd'hui, puisqu'il n'existe aucun regroupement de ce type dans le secteur indépendant. Les centres chorégraphiques profitent de ce vide pour s'engouffrer dans la brèche, avec la complicité du Ministère de la Culture et de la Communication, qui célèbre sa créature, le "Centre chorégraphique national".
Le secteur des compagnies indépendantes doit fixer lui-même ses problématiques, sa temporalité et son organisation. Le degré de dépolitisation est préoccupant. Qu'est-ce que les aînés ont transmis (ou pas) aux jeunes ?
Car il s'agit simplement d'un coup de force.
On parle de volet « réflexif », mais la réflexivité consiste à s'interroger sur soi-même, de façon volontiers critique, et non tenter de diriger sinon de prendre le contrôle des autres.
En décembre 1999, Espace Commun écrivait :
Chacun doit porter sa responsabilité et non se décharger sur les autres. C'est bien en défendant une parole libre et généreuse pourquoi pas critique sans être menacé ou exclu que le milieu chorégraphique (re)gagnera du crédit dans la société. Un fonctionnement monarchique, vertical, a ses avantages. Mais c'est seulement en pratiquant un fonctionnement horizontal, non excluant et non autoritaire, construit en France dans le cadre d'une République, que le milieu s'en sortira.
(2) Propos tenus par la secrétaire générale de l'ACCN. Source
(3) Propos tenus par le vice-président de l'ACCN. Source
Ils ont organisé cette année en quatre volets qu'ils nomment ainsi : festif, numérique, régional, et réflexif.
L'OBJECTIF
Dans le cadre « réflexif », l'ACCN conviait le 22 mai les professionnels du secteur chorégraphique à un « séminaire» à la Gaîté Lyrique (Paris). Elle y a présenté son projet. Elle souhaite mener ...
... « une réflexion élargie à l’ensemble de la communauté chorégraphique. Aucun rassemblement d’importance du secteur n’a eu lieu depuis les Assises de la danse en 1998, aussi était-il important de réunir différents acteurs autour de problématiques communes, tant ils participent tous d’un même écosystème. L’objectif de cette démarche est que puissent émerger des propositions au plus proche des besoins artistiques d’aujourd’hui, permettant d’accompagner la vitalité chorégraphique. » (1)
Il s'agit, « de rassembler le secteur chorégraphique (...) de manière élargie, bien au delà de nos structures. Cette journée est le fruit d'un travail collectif qui a eu lieu lors des journées du mois de mars et avril dernier (...). Il fallait créer un espace d'échanges qui soit représentatif de la diversité du secteur, désenclavé, non hiérarchique, et prospectif. » (2)Les centres chorégraphiques n'entendent plus s'occuper seulement de leurs propres intérêts, mais de ceux de l'ensemble du milieu chorégraphique. Ce qui pose un certain nombre de questions. La démarche est-elle désintéressée, est-elle légitime et est-elle efficace ?
LA MÉTHODE
Dans un premier temps, il y a quelques mois, un premier groupe de travail issu de l'ACCN a été constitué — « qui a travaillé sur le repérage des éléments de contexte, sur des constats et sur la définition d'enjeux » (3).
Dans un second temps, un second groupe d'une trentaine de personnes associant ACCN et des non-ACCN — a « enrichi [le tout] pour être partagé » (3). On trouvera sa composition à la fin de ce texte. Il a été mobilisé les 23 mars et 21 avril 2015 au Centre national de la danse dans le cadre d'« ateliers ».
Selon l'ACCN, des gages de pluralité et de représentativité du milieu ont été donné. D'une part, le second groupe est composé « d'artistes-interprètes, d'administrateurs de compagnies, de directeurs de scènes conventionnées, de directeurs de centres de développement chorégraphique, de membres d'équipes de CCN, de deux directeurs de centres chorégraphiques nationaux, et d'une professionnelle suisse. » D'autre part : « Nous avons mixé aussi les générations et les esthétiques. » (3).
En réalité ce groupe s'est constitué par cooptation et dans le secret.
La plus grande partie des professionnels a été mise devant le fait accompli, découvrant le projet le 22 mai. Lors de l'intervention de la salle, plusieurs personnes ont demandé à pouvoir participer aux travaux. Il n'y a pas eu d'engagement d'associer ceux qui le désiraient. La secrétaire générale de l'ACCN a répondu ceci : « Nous avons vos adresses mail. Donc on pourra imaginer un rapport plus direct si vous le souhaitez. » Le vice-président de l'ACCN a rappelé les principes d'organisation.
Au passage, il est permis de douter que le hip hop puisse être représenté seulement par la secrétaire générale d'un centre chorégraphique consacré au hip hop et une chorégraphe hip hop (qui vient d'être nommée artiste associée d'un centre chorégraphique), son administratrice et sa chargée de production.
POURQUOI ?
En 1997, accompagnant l'émergence d'une nouvelle génération de chorégraphes, deux collectifs se sont formés, Espace Commun et Les Signataires du 20 août, qui ont engagé un intense travail de réflexion sur la situation de la danse, afin de l'améliorer. Ces collectifs associaient jeunes chorégraphes, danseurs et universitaire/s.
Lors des Assises de la danse de 1998, ils formaient un utile contrepoint au pouvoir des centres chorégraphiques, assurant une réelle pluralité et représentativité de la profession.
Ce sont bien des chorégraphes appuyés par des chercheurs qui menaient alors les réflexions et les actions. Aujourd'hui, dans le cadre de ce « séminaire », ce sont des administrateurs qui sont en première ligne, qui organisent et prennent le parole.
Mais, en réalité, ce sont bien des chorégraphes qui doivent porter une parole dans l'espace social, aussi bien professionnel que public.
Rien de tel aujourd'hui, puisqu'il n'existe aucun regroupement de ce type dans le secteur indépendant. Les centres chorégraphiques profitent de ce vide pour s'engouffrer dans la brèche, avec la complicité du Ministère de la Culture et de la Communication, qui célèbre sa créature, le "Centre chorégraphique national".
Le secteur des compagnies indépendantes doit fixer lui-même ses problématiques, sa temporalité et son organisation. Le degré de dépolitisation est préoccupant. Qu'est-ce que les aînés ont transmis (ou pas) aux jeunes ?
Car il s'agit simplement d'un coup de force.
RÉFLEXIF ?
En décembre 1999, Espace Commun écrivait :
« Ainsi, quelques précisions à titre d'information et de rappel. Les centres chorégraphiques sont, de fait, des institutions. Comme toute institution, elle connaît une hiérarchie, une division du travail (chacun a (à) sa place), son cahier des charges (comment portent-ils le poids de ces charges épuisantes ?), son rapport aux tutelles (la ville, le ministère, etc.), et ses conseils d'administration, sans parler du fait d'être lancé dans une logique effrénée de production.
Comment préservent-ils des exigences artistiques face aux lourdes contraintes de gestion administrative ? Ce qui fait problème c'est souvent le décalage entre les moyens financiers mis en œuvre et les résultats artistiques (en cinéma, c'est le décalage entre une superproduction américaine et un petit film français).
Produire des spectacles, c'est bien, mais en plus y adjoindre la production d'une pensée, c'est mieux (cf. Merce Cunningham ou Jean-Luc Godard). Personne ne s'est interrogé pour savoir à quel prix on (r)entre dans une institution. Une institution institue et tue à la fois. Elle rend possible des choses, et en interdit d'autres. Il faut être très mobile pour conserver un certain type d'énergie, d'intégrité, de lucidité, de générosité, de respect des autres autour, dans toutes ces contraintes. »Ces questions demeurent actuelles. Mais elles sont taboues. Les centres chorégraphiques seraient les lieux de l'excellence artistique et du bonheur. Il est permis d'en douter. Sauf exceptions, la plupart des chorégraphes sortent exsangues de tels lieux.
Chacun doit porter sa responsabilité et non se décharger sur les autres. C'est bien en défendant une parole libre et généreuse pourquoi pas critique sans être menacé ou exclu que le milieu chorégraphique (re)gagnera du crédit dans la société. Un fonctionnement monarchique, vertical, a ses avantages. Mais c'est seulement en pratiquant un fonctionnement horizontal, non excluant et non autoritaire, construit en France dans le cadre d'une République, que le milieu s'en sortira.
Fabien Rivière
(1) Dans la brochure distribuée à l'occasion du séminaire ou sur le site internet www.accn.fr.(2) Propos tenus par la secrétaire générale de l'ACCN. Source
(3) Propos tenus par le vice-président de l'ACCN. Source
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Deux journées d’ateliers réunissant une trentaine de professionnels se sont déroulées en mars et avril au Centre National de la Danse à Pantin.
Ont participé à ces ateliers :
Cornelia Albrecht (administratrice générale du CCN Montpellier Languedoc-Roussillon) ; Christophe Béranger (artiste – Sine Qua Non Art) ; Edwige Blondeaut (administratrice - Compagnie Par Terre, Anne Nguyen) ; Christine Bombal (artiste – administratrice de production); Fanny de Chaillé (artiste – Association Display) ; Rostan Chentouf (administrateur général du CCN Tours) ; Mié Coquempot (artiste – K622) ; Eliane Dheygère (directrice - scène conventionnée danse et théâtre Le Vivat Armentières) ; Vincent Dupont (artiste – J’y pense souvent) ; Massimo Fusco (artiste) ; Anne-Françoise Geneix (secrétaire générale du CCN La Rochelle) ; Anne-Lise Gobin (directrice de production – Alma Office) ; Caroline Haigron (administratrice / Figure Project - Latifa Laâbissi) ; Deborah Hankey (chargée de production Compagnie Par Terre, Anne Nguyen) ; Béatrice Hanin (directrice - scène conventionnée danse Le Rive Gauche St-Etienne-du-Rouvray) ; Kevin Jean (artiste) ; Stéphane Jouan (directeur – scène conventionnée danse L’Avant-Scène Cognac) ; Stephan Lauret (directeur - CDC Le Cuvier Artigues) ; Daniel Larrieu (artiste - Astrakan) ; Cécile Loyer (artiste- Compagnie Cécile Loyer) ; Thierry Malandain (directeur - CCN Malandain Ballet Biarritz) ; Mathilde Monnier (artiste - directrice - CND) ; Anne Nguyen (artiste - Compagnie Par Terre, Anne Nguyen) ; Frédéric Pérouchine (chargé de diffusion et de production de compagnies) ; Jonathan Pranlas - Descours (artiste – Sine Qua Non Art) ; Carole Rambaud (directrice – scène conventionnée danse et théâtre Espaces Pluriels Pau) ; Claire Rousier (Directrice adjointe - CNDC Angers) ; Nina Santès (artiste) ; Loïc Touzé (artiste – Association Oro) ; Gisèle Vienne (artiste - DACM) ; Emmanuelle Vo-Dinh (directrice - CCN du Havre) ; Isabelle Vuong (directrice – Reso / Réseau danse suisse)
co-animateurs / Hélène Joly (secrétaire générale de l'ACCN), Olivier Perry (administrateur général - CCN Rillieux-la-Pape), Solenne Racapé (directrice déléguée - CCN du Havre), Laurent Vinauger (secrétaire général - CCN-Ballet de Lorraine)
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