samedi 9 avril 2016

Faire-part de décès - Fabrice Dugied

Jean-Luc et Frédéric Dugied,
ses frères,
Diederick Hofland,
son partenaire de vie,

toute leurs familles, les équipes du studio Le Regard du Cygne, 
ainsi que toute la grande famille de la Danse,
ont l’immense chagrin de vous faire part du décès de

Fabrice Dugied
survenu soudainement à l’âge de 52 ans, le 4/4/2016 à Ambleville. 

La célébration des obsèques se déroulera le lundi 11 avril à 14h30 au
foyer rural, rue de la mairie
puis au cimetière d'Ambleville.
9 Rue du Cimetière - 95710 Ambleville.

Après le cimetière, nous pourrons partager un verre au foyer rural.

Merci de contacter Frédéric Dugied fred.dugied@free.fr 
 si vous voulez intervenir avec une parole, une danse….

Ambleville : en haut, la grande rue est la Rue de la mairie, 
en bas Rue du cimetière et cimetière

Festival Do Disturb ! au Palais de Tokyo, 8>10 avril

Parade de Marga Welmans (Pays-Bas), « fashion designer »,
  Carnival Carnivalesque (Trade)

Jean de Loisy, président du Palais de Tokyo devant la performance d'Arnaud Cohen (France) Sisyphus is a woman (Play it again Pam reloaded), une Pamela Anderson
Jean de Loisy et Vittoria Matarrese, commissaire générale du festival, responsable
 de la programmation culturelle et des projets spéciaux du Palais de Tokyo
Gerard & Kelly (Los Angeles), Reusable Parts / Endless Love
variation autour du Le Baiser [Kiss] de Tino Sehgal, durée 2h24 
Stéphane Roy (France, vit et travaille à Bruxelles, Belgique)
The Laboratory of Anger Management
 
on vous prête une batte de baseball, et vous pouvez tout détruire
Une autre Pamela Anderson, toujours du Arnaud Cohen 
Sisyphus is a woman (Play it again Pam reloaded)
Luca Resta (Italie) Superposition : il recouvre une surface du musée de scotch
Mel O'Callaghan (Australie, travaille et vit à Paris) Parade 2014 : « Gymnase de l'absurde »
École Supérieure d'Art de Clermont Métropole (ESACM) : 
reconstituer un puzzle avant la fin du festival
Cesar Brun (Bruxelles, Belgique) Mascotte (Paysages avec arbres) :
une créature itinérante
Cirkus Cirkör (Suède) & Rachel Armstrong (Royaume-Uni) The Temptation of the Non-Linear Ladder : du cirque, un bassin, des poissons
Espace occupé par Delta Total (École Supérieure d’Art et Design Le Havre-Rouen (ESADHaR)) : L'homme recouvre une balançoire de Nutella
Nous avons pu visiter le festival " Do Disturb ! - performance, danse, cirque, design... " deux heures avant son ouverture qui a eu lieu ce vendredi 8 avril à 18h. Pour cette deuxième édition, une cinquantaine de propositions se déploient au Palais de Tokyo jusqu'à dimanche. Il s'est agi, nous explique-t-on, de trouver ce qu'il y a « de plus frais, de plus expérimental, de plus étrange ». En allant voir du côté des écoles d'art et de certains artistes. Le résultat se situe entre art et divertissement (ou animation). 
Fabien Rivière
PHOTOS Fabien Rivière pour Espaces Magnétiques ©

Programme (format Pdf)

Festival Do Disturb !, 1ère édition, 2015
Du 10 au 12 avril 2015. « 60 événements » 
Pour cette 1ère édition, le Palais de Tokyo a invité le MoMA PS1 (New York), la Tate Modern (London), le Matadero Madrid, le Centre National des arts plastiques (CNAP, Paris), the 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine (Metz, France) et le Berghain (Berlin).
Avec Mårten Spångberg La substance, picflare triangel remix - Aung Ko (Sorry... We are making delicious) [il cuisine] - Saâdane Afif Blue Time (composé par Schneller Angereichert, Angelika Reichert & Philippe Schneller) [musique] - Alexandra Guillot Silencio - Alastair MacLennan (Royaume-Uni) Macs Scam [homme enfermé dans une cage grillagée] - Hajnal Nemeth Imagine War [musique] - Lucas Abela Temple of Din [jouer au flipper] - Los Torreznos 35 minutos - Cristina Lucas La liberté raisonnée - Adam Linder (Australie - Allemagne) Choreographic Service n°1 : Cleaning Service - Meryll Amper Magnitudes -32° 32.4 [musique] - Anne Imhof (Francfort et Paris) Deal [performance] - Julien Prévieux What Shall We Do Next ? [performance] - Selma & Sofiane Ouissi (Tunisie) Les yeux d'Argos [performance] - Cristina Lucas (Espagne) Exercices d'empathie [cours de fitness avec les visiteurs] - Stéphane Thidet L'orchestre (... et la mort attendra) [musique, orchestre] - Gaétan Rusquet (Belgique - France) Meanwhile [performance avec tables et briques]  - 

vendredi 8 avril 2016

L'entretien infini - Benjamin Millepied - Conversation avec Hans Ulrich Obrist - 2014

Mis en ligne le 7 octobre 2014 par la Fondation Cartier pour l'art contemporain, Paris.

Benjamin Millepied & Dimitri Chamblas au sujet de la 3° Scène de l'Opéra de Paris

Cette vidéo a été mise en ligne le 7 décembre 2015. Elle respire, n'est-ce pas ?, le bonheur et la joie de vivre. Dimitri Chambras (assis à droite) est en charge de la 3° scène. www.operadeparis.fr/3e-scene

mercredi 6 avril 2016

Dancing in Azerbaijan (Odd Beholder, 'Lighting')


Odd Beholder: Landscape Escape 

Dancing in Azerbaijan with the Zurich-based newcomers

Considering their starting point in an abandoned bomb shelter in the Swiss town of Dietikon, Swiss pop duo Odd Beholder make unexpectedly uplifting pop tunes. For the first video from their debut EP, Lighting—written by vocalist Daniela Weinmann in an artists’ flat in Amsterdam and recorded in Berlin—the Zurich-based two-piece enlisted German filmmakers Andrea Grambow and Joscha Kirchknopf to capture a soft-lit portrait of suburban Azerbaijan.

Disparition de Fabrice Dugied à 52 ans



(de gauche à droite) Fabrice Dugied, son compagnon Diederick Hofland, et Jon Weisbart dans la maison familiale des Dugied à Ambleville

Nous avons appris avec beaucoup de tristesse, sinon avec chagrin, la disparition du danseur, chorégraphe et pédagogue Fabrice Dugied, co-fondateur du studio Le Regard du Cygne à Paris, dans la soirée du lundi 4 mars, d'un infarctus, alors qu'il regagnait en voiture sa demeure d'Ambleville, village de 400 habitants dans le Val-d'Oise, à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, après avoir emprunté le RER en provenance de Paris.  

Il est le fils de Jacques Dugied, Décorateur de cinéma, et Lise Brunel, Journaliste Danse, né le 30 septembre 1963 à Neuilly-sur-Seine.

Fabrice Dugied est artiste associé à la programmation danse du studio Le Regard du Cygne, depuis sa fondation en 1985, en charge de la programmation danse depuis 2001.

Il commence la danse en 1975 avec Suzon Holzer avant d’étudier les différentes techniques de la danse contemporaine : Nikolais (Carolyn Carlson, Dominique Petit, Quentin Rouillier…), Limon (Peter Goss, Jennifer Muller, Sara Sugihara), Cunningham (Merce Cunningham Studio NYC, Robert Kovich, Karole Armitage), Post-modern-dance et Release technics (Trisha Brown et ses danseurs, Dana Reitz, Sara Rudner, Meredith Monk…).

Plus tard, il étudie le Tai Chi, la technique Alexander, et la danse d’expression africaine avec Elsa Wolliaston.

Il chorégraphie, danse et enseigne depuis 1984 en France, en Europe et aux Etats-Unis et a collaboré avec des artistes comme Elsa Wolliaston, Jean-Claude Penchenat, Anne Theron, Redjep Mitrovitsa, Laura Sheelen, Claude Barthelemy, John Scott, Meredith Monk…

Parmi ses spectacles :  Les zonards célestes  (1986),  Le retour de tintin  (1987), L’élégance des poissons (1987), Le ciel de mousson (1989), Conversation imaginaire (1991), Paris-Pérec (1993), Ici, ils ont dansé (1994), La danse de l’outrage (1996), L’être de zombie city (1997),  à incandescence  (1998),  La danse des mots  (2001).

De La danse de l'outrage, Marie-Christine Vernay écrivait dans Libération
Le chorégraphe livre dans cette pièce, dont on ne sort pas indemne, ses révoltes contre le retour à l'ordre moral, l'exclusion, les convenances. «Comment être outrageant dans ce siècle outragé, dans ce siècle de l'outrage permanent?» demandait un jour à Nice le chorégraphe Bill T. Jones. Fabrice Dugied répond en s'énervant et en faisant de cet énervement, qui innerve le plateau et la salle, une des matières de sa danse.

«Je danse, écrit-il, pour arrêter de me cacher, pour qu'on me voit, face à moi-même réellement. Je veux briser l'image de la gentillesse qu'on m'a renvoyée. Je ne veux plus me taire mais bousculer votre trouble. Ma vie est sauve de l'époque sida. Aujourd'hui, danser, c'est être révolté.»
De 2001 à 2004, il mène le projet Mémoire vive autour de 3 chorégraphes disparus : Jerome Andrews [en savoir +], Jacqueline Robinson [en savoir +] et Karin Waehner [en savoir +] (2002 à 2004). 

En 2006 il crée La Déconstruction du lego™, dans le cadre du festival Faits d’hiver – danses d’auteurs, à Paris (cf. vidéo ci-dessous).



En 2009, au studio Le Regard du Cygne, il rend hommage à Colette Bergé. 



Le 3 juin 2012 il anime au jardin de Reuilly à Paris le Planetary Dance d'Anna Halprin. 



En 2015 il crée La collection Lise B, une installation performative des archives de la journaliste de danse Lise Brunel (1922 - 2011), qui est une exposition et un spectacle (La Briqueterie – CDC du Val-de-Marne, Théâtre Paul Eluard / Bezons, Les Quinconces – L’espal / Le Mans).



Il devait présenter au Regard du Cygne le 7 et 8 avril un solo de six minutes qu'il dansait, dans le cadre du festival Signes de printemps (17 mars - 8 avril). 

Il avait suivi son chemin d'homme et d'artiste avec beaucoup de ténacité, de courage et d'intégrité. Nous l'avions rencontré quatre jours avant sa disparition au studio Le Regard du Cygne. Il était, comme toujours, détendu et souriant. Dans son dernier texto il écrivait : « Bah on est en amoureux au coin du feu à la campagne [comprendre : dans la maison familiale d'Ambleville]. »


Hommage de Marie-Christine Vernay. ICI
Le Monde 

Fabrice Dugied sera enterré au cimetière d'Ambleville, 9 Rue du Cimetière, le lundi 11 avril à 14h30.    
_________________________________________
CHORÉGRAPHES ASSOCIÉS
Communiqué de presse 
édité le 06/04/2016
La Collection Lise B. de Fabrice Dugied, 2015, Photo Agathe Poupeney

Disparition de Fabrice Dugied

Nous avons perdu un ami, un chorégraphe, une mémoire pour la danse...
Fabrice nous a quitté, si tôt, si discrètement, que cela nous laisse, démunis, presque sans voix !

Il était un passionné de danse depuis sa plus tendre enfance, inventant des chorégraphies au milieu des dispositifs lumineux, créés pour lui, à la maison, par son grand frère Frédéric, devenu ensuite éclairagiste. 

Il était aussi très attentionné aux autres, au travail chorégraphique de chacun, y compris des plus modestes. Il a favorisé, avec Le Regard du Cygne, la découverte, l'accompagnement de talents avec son écoute et son regard si fin, si compétent, si généreux. C'est aussi une mémoire de la danse incroyable, héritée de Lise Brunel, sa mère, qui s'en va...

Fabrice avait une culture encyclopédique de la danse des 40 dernières années, une mémoire détaillée et vivante de cette famille immense de la danse et des chorégraphes. Qui pourra raconter avec humour et délicatesse ces petits riens ou ces instants mémorables qu'il captait et gardait présents au fil du temps ?

Chorégraphes Associés tient à rendre un hommage sincère et ému à l'homme qui a vibré toute sa vie pour la danse, œuvré pour celle des autres et fait le lien entre les anciennes et les nouvelles générations d'auteurs.

Nous avons une pensée intense et amicale pour son compagnon, ses frères, sa famille...

Fabrice, tu es maintenant une pensée, une étoile, un cygne dans le firmament de la danse... 

Tu nous manqueras...

Jean-Christophe Bleton,
Pour Chorégraphes Associés

Suisse - Festival de danse Steps : un pas en avant ou un pas en arrière ?

Une des quatre affiches du Festival Steps

Contrairement à ce que peuvent laisser penser les affiches, la drogue ou la science-fiction ne sont pas la thématique de la nouvelle édition, la 15°, du Festival de danse Steps, festival international de danse contemporaine qui se déroule tous les deux ans dans l'ensemble de la Suisse. Le fil rouge cette année est l'avenir (Zukunft, en allemand).

Pendant vingt-cinq jours, du 7 avril au 1er mai, 11 compagnies vont se produire sur 40 scènes dans 36 localités (18 en Suisse alémanique, 16 en Suisse romande, 4 au Tessin, 1 en France, 1 en Allemagne), pour 82 représentations publiques et 8 représentations scolaires, mobilisant 160 danseuses et danseurs. 

Les représentations sont accompagnées d'Introductions aux pièces et discussions avec le public dans le cadre des représentations, d'Ateliers pour élèves et de représentations scolaires, d'Ateliers pour professionnels et d'un Colloque à Zurich pour les professionnels de la danse.

Temps fort du festival : Dancing Grandmothers d'Eun-Me Ahn, Photo  Young-Mo Cheo

Les compagnies présentées sont : 
Aakash Odedra (Grande-Bretagne)
Rising
(Nritta  Aakash Odedra + In The Shadow of Man  Akram Khan 
+  CUT  Russell Maliphant + Constellation  Sidi Larbi Cherkaoui
Ballet Junior de Genève (Suisse)
Fierce
(Bill  Sharon Eyal & Gai Behar + In Your Rooms  Hofesh Shechter 
Le 25 avril, Girls and Boys de Roy Assaf 
sera présenté à Steckborn à la place d’In Your Rooms 
Rooster  Barak Marshall)
Candoco Dance Company (Grande-Bretagne)
Set and Reset/Reset  Trisha BrownNotturnino Thomas Hauert
Cie Gilles Jobin (Genève, Suisse)
Força Forte  duo  Gilles Jobin
Company Wayne McGregor (Grande-Bretagne) 
Atomos  Wayne McGregor
Eastman - Sidi Larbi Cherkaoui (Anvers, Belgique) 
Fractus V  Sidi Larbi Cherkaoui
Eun-Me Ahn (Corée du Sud)
Dancing Grandmothers Eun-Me Ahn
Huang Yi (Taïwan)
Huang Yi & Kuka Huang Yi
Ramirez, Molina & Wang (France/Espagne/Allemagne)
Felahikum  Sébastien Ramirez, Rocío Molina, Honji Wang
Sao Paulo Dance Company (Brésil)
Brazil In Movement
(GEN  Cassi Abranches + Céu Cinzento  Clébio Oliveira
 +  Mamihlapinatapai  Jomar Mesquita avec Rodrigo de Castro
+  Gnawa  Nacho Duato)
Sydney Dance Company (Australie)
Interplay
(2 in D Minor  Rafael Bonachela (Espagne) + Raw Models  Jacopo Godani (Italie)
+ L’Chaim!  Gideon Obarzanek (Australie))

Un grand absent :  iFeel 3, de Marco Berrettini, Photo Séverine Besson +MELK Prod

Si la thématique officielle est l'avenir, on peut se demander où sont les jeunes chorégraphes ? On laisse aux "Anciens" le soin de parler de l'avenir. N'est-ce pas plutôt le passé qui est célébré, d'une programmation qui donne le sentiment d'être très prudemment consensuelle, à l'exception de la coréenne Eun-Me Ahn. Il manque d'ailleurs la dernière création de Marco Berrettini (Genève), iFeel 3, en plein dans la problématique affichée. L'avenir sera vieux et consensuel ? C'est une hypothèse, en effet, qui correspond à l'atmosphère idéologique de l'époque. 
Fabien Rivière
www.steps.ch

mardi 5 avril 2016

Réunion Intermittents - Théâtre de la Colline, Paris

Vous trouverez ci-dessous les premières minutes de la réunion, — qui fait suite à l'Appel à rassemblements des Coordinations des Intermittents et Précaires ICI — qui s'est déroulée au Théâtre national de La Colline, à Paris, le lundi 4 avril 2016 à partir de 19h. À cette adresse, la suite (plus ou moins) ICI (puis cliquer sur "By this user", sous la vidéo qui apparaît, si nécessaire)

lundi 4 avril 2016

Jan Fabre a été « curateur » du Festival d’Athènes et d'Épidaure moins de deux mois

        Acte 1  :   Nomination     

Le ministère grec de la Culture annonçait le 10 février 2016 la nomination de Jan Fabre à la direction artistique du Festival d'Athènes et d'Epidaure pour quatre ans (cf. notre article).

Il succède à Yorgos Loukos, par ailleurs directeur de la danse du Ballet de l'Opéra de Lyon, limogé fin décembre 2015 de ses fonctions (plus importantes) de président, après son inculpation pour des pertes de 2,7 millions d'euros (lire Georges Loukos limogé du festival d'Athènes pour mauvaise gestion). Il était en poste depuis 2006. Selon Jean-Marc Adolphe : « Il aurait creusé et dissimulé un déficit de plus de 2 millions d’euros. Mais en Grèce, tout le monde sait que ce pseudo « déficit » correspond très largement à une subvention que le ministère de la Culture a « oublié » de verser » (cf. son excellent article Jan Fabre n’ira pas se faire voir chez les Grecs).

        Acte 2  :   Programmation      




Jan Fabre à Athènes en 2016, Photo Evi Fylaktou

Le 29 mars, au musée de l’Acropole à Athènes, la programmation de l'édition 2016, qui débute en juillet, est dévoilée par Jan Fabre et son équipe de six conseillers dont cinq sont flamands : 
— « Programmation Littérature et idées » : Sigrid Bousset
— « Programmation Artistes Jeune Théâtre et Danse » : Edith Cassiers   
 « Programmation Arts visuels » : Bart De Baere et Katerina Koskina (présidente du Musée national d’Art contemporain de Thessalonique)
— « Programmation Art de la performance » : Joanna De Vos
— « Programmation Film » : Miet Martens

Le Festival d'Athènes et d'Epidaure devient le Festival international d'Athènes et d'Epidaure   (dans le dossier de presse, il est expliqué que l'ancienne dénomination était en fait Festival Hellénique, Festival Grec d'Athènes et d'Épidaure ; sur l'histoire du Festival on peut consulter son site ici).

Conférence de presse de Jan Fabre et son équipe, Athènes


À cette occasion, il présente l'affiche de l'édition 2016 du Festival (ci-dessous) qui représente l'équipe de Belgique de football : 
Il précise sa pensée : 
«During my four years as curator of the Athens and Epidaurus International Festival, I hope to build bridges and devise dialogue. I hope to make the Festival representative for the multicultural society it stands in. A Festival that forms a mirror of the world as well as a self-contained parallel universe, where diversity does not prove to be a problem, but a promise – for better art, a better future and a better world. Enjoy!»
On apprend surtout que la première édition sera dédiée quasi exclusivement à la Belgique (comprendre, la Flandre, pas la Wallonie), officiellement à cause de délais trop courts pour imaginer autre chose. Les noms de Jan Fabre (avec Mount Olympus, pièce de 24 heures, et Preparatio Mortis, solo dansé par Annabelle Chambon), Anne Teresa De Keersmaeker, Jan Lauwers Fabrice Murgia, Anne-Cécile Vandalem, le Groupov et Lisbeth Gruwez (ex-danseuse chez Fabre) sont cités, comme celui du metteur-en-scène français vivant en Belgique Jacques Delcuvellerie. Des workshops par de grands artistes belges pour de jeunes talents grecs sont annoncés. Deux expositions sont aussi prévues : une première consacrée aux grands artistes belges et une seconde à Jan Fabre, au demeurant excellente, vue à Anvers, Jan Fabre. Stigmates, Actions & Performances 1976–2013.

Les éditions 2017 et 2018 auront comme thème la Consilience (selon le dossier de presse, c'est une notion qui, dans le domaine de la science et de l'histoire, « réfère au principe qu'une preuve émanant de sources indépendantes et diverses, peut "converger" en une conclusion (plus) forte »). Ces deux éditions se concentreront sur « les artistes visuels, les artistes de la performance et les auteurs qui ont travaillé ou travaillent encore avec Jan Fabre. En outre, au moins un tiers des artistes présentés seront grecs ».   

         Acte 3    : Contestations       

976831_IMG_0897

Réunion de contestation au Théâtre Sfendoni d’Athènes 

La réaction à cette situation n'a pas tardé. Le 1er avril, une réunion d'artistes et de professionnels s'est déroulée au Théâtre Sfendoni d’Athènes (cf. photos ci-dessus), rédigeant une Lettre ouverte (que nous publions ci-dessous). Ils exigent la démission de Jan Fabre et du Ministre de la Culture (on peut lire aussi le compte-rendu de LaLibre.be).

Mari-Mai Corbei, « Travailleur indépendant du secteur Arts vivants » selon son profil LinkedIn, précise la situation de cette réunion :  

———————————————————————

LETTRE OUVERTE A L’ATTENTION DU MINISTRE DE LA CULTURE M. ARISTIDIS BALTAS ET DU DIRECTEUR DU FESTIVAL D’ATHENES ET EPIDAURE M. JAN FABRE

Monsieur le Ministre, 

Nous nous sommes spontanément réunis aujourd’hui 1er avril 2016 dans le théâtre Sfendoni d’Athènes, tous créateurs qui vivent et travaillent en Grèce, représentants du théâtre, de la danse, du cinéma, de la musique, des arts plastiques, et nous avons discuté en détail tant de la nomination, par vous décidée, de l’artiste flamand Jan Fabre au poste de directeur ainsi que du programme du, désormais rebaptisé international, Festival d’Athènes que vous avez conjointement présenté. Nous avons convenu à une écrasante majorité qu’il s’agit d’une série de décisions inacceptables et problématiques, tant légalement que moralement, qui vont directement à l’encontre de la création contemporaine grecque et se retournent contre les artistes grecs au chômage, depuis longtemps mis à rude épreuve. Tout cela prouve que vous n’avez ni politique culturelle concrète, ni vision du présent et du futur de notre culture contemporaine. Constatant donc que ces décisions ministérielles spécifiques sont considérées comme illégales et surtout comme hostiles à la création vivante et à la culture de notre pays, et que autrement dit, vous ne pouvez plus nous représenter, nous demandons votre démission immédiate. Suit notre résolution pour Monsieur Fabre


Monsieur Fabre,
Lors de votre court passage dans notre pays, vous avez réussi à commettre une série de graves inconvenances, lesquelles constituent de profondes injures pour nous tous qui signons cette lettre mais pour de nombreuses autres personnes également. Plus spécifiquement :
1. Vous avez participé à une conférence de presse de « style aristocratique » avec carton d’invitation, (du jamais vu dans les usages du Festival Hellénique), à laquelle vous avez choisi en l’absence d’artistes grecs, ignorant que le Festival d’Athènes et Epidaure, comme tous les autres festivals, est pour l’essentiel, la création des artistes qui le nourrissent depuis des années de leur talent, de leur passion et de leurs idées d’avant-garde.
2. Vous avez admis ne pas avoir la moindre idée de la création artistique grecque contemporaine, mais, malgré cela, vous vous considérez capable de prendre en charge (comme curateur !) la principale institution culturelle du pays, rabaissant ainsi les créateurs grecs à une masse imprécise et artistiquement discréditée, et qui vous devrait, de plus, de la reconnaissance.
3. Vous nous avez présenté de but en blanc un état-major dispendieux de collaborateurs Belges (lesquels, il faut le souligner, ainsi que vous-même, seront payés par notre état en faillite) prouvant de la manière la plus claire que votre ignorance au sujet de la culture grecque contemporaine est destinée à rester ignorance.
4. Vous avez essayé, avec un culot notable il est vrai, de nous tromper en prétendant rendre International un festival qui l’est déjà depuis sa naissance tout en annonçant un programme purement belgo-belge, dont vous emportez personnellement la part du lion.
5. Vous nous avez exclu de (notre) festival, non seulement pour cette année mais encore pour les années à venir, nous, les créateurs grecs, nous considérant indignes de participer à l’ « installation » que vous-même organiserez, laissant insinuer que peut-être vous nous redonnerez la parole après qui nous ayons été « initiés » (à la manière d’une pure éducation) à votre univers esthétique personnel.

Pour toutes ces raisons, pour l’arrogance et le franc totalitarisme artistique dont vous avez fait montre, vous vous êtes vous-même rendu, monsieur Fabre, persona non grata.

Afin d’éviter les malentendus, par la présente lettre nous ne cherchons pas à négocier avec vous, non, nous ne sommes pas des syndicalistes, nous ne vous demandons pas de de nous accorder du temps ou un lieu dans votre « installation », nous ne nous abaisserons pas non plus au point humiliant de vous revendiquer ce qui nous appartient. Par la présente lettre nous vous faisons savoir que, premièrement nous ne vous reconnaissons pas comme directeur artistique du Festival d’Athènes et Epidaure et, deuxièmement, que vous nous devez réparation des insultes que vous avez commis à notre encontre en faisant ce qui tombe sous le sens : en retournant votre contrat d’engagement (pour vous et vos collaborateurs) au ministre qui vous l’a donné.


Le corps des personnes présentes

Théâtre SFENDONI

1 AVRIL 2016
————————————————————————

Un autre texte a été publié, sur la page Facebook de Tiago Bartolomeu Costa le 1er avril 2016 (ici) que nous publions ci-dessous. Tiago Bartolomeu Costa est Coordinateur de Chantiers d’Europe pour le Théâtre de la Ville (Paris, France) et Conseiller à la programmation internationale du São Luiz Teatro Municipal (Lisbonne, Portugal). 

Deux autres tribunes ont été publiées : le 29 mars, Watch out for the golden lamb [Attention à l'agneau d'or], du même Tiago Bartolomeu Costa (ici), et Open Letter to Jan Fabre du Belge Matthieu Goeury, qui travaille dans le domaine des arts de la performance (ici).  
  
Today, three days after the announcement of the new strategy for the Athens & Epidaurus Festival, several Greek artists will come together to discuss a strategy that will try to be common, effective and balanced.
Some questions need an urgent answer:
- If it’s Belgium artists, how come all artists are Flemish?
- Where does it end the concept of “Belgium artists”? What about those who live in Belgium but are from different nationalities, even Greek?
- Is the Belgium government paying for a part of the programming?
- What’s the budget for this edition?
- What’s the fee for the curatorial team?
- If Jan Fabre assumed he did not knew the Greek context, and the ministry clarified that all contracts are signed by him, what about the prior engagement towards the Greek companies?
- What’s the strategy towards the international work besides Belgium?
- What’s the definition of international for the Greek government when the prime minister stated that Fabre was going to put International at the centre of the festival’s strategy?
- What’s the quota for other artists from other countries?
- What’s the take of the new board towards the international commitments that the festival has on their international networks?
- Have the partners being informed of this new strategy?
- In what way is it being prepared, by the minister, a strategy towards the implementation of a new set of regulation for the support of the arts, based on the idea that in 2019 a new generation of Greek artists will arise?
- What are the criteria for the selection of the 50 young artists?
- How are the artists invited this year responding to the new frame proposed by Fabre about “being Belgium today” when compared to the open frame they had when they were regularly invited by the previous artistic board?
- In what way is there a really Exchange between Greek artists and Belgium artists if there’s a clear statement about Antwerp and Athens?
- How much is the city of Antwerp paying to this program?
- How much is the city of Athens paying for this program?
- What will be the agreement with the venues in the city in what regards the presentation of the shows?
- Who are the sponsors of the festival?
- How affordable will be the prices?
- How does the state intend to prevent the supposed incidents that might occur amongst audience members, when taking as example what happens every time Jan Fabre has such exposure (see Avignon 2005)?
- If money is a tool, like Fabre said, what tool is it?
- Who are the co-producers for the shows already scheduled for 2017-2018-2019 and what’s its dependency on the annual budget?
- Also, did the festival offer these shows already being considered by Fabre or come out o f the conditions?
- Where are these show going to be produced and what’s the quota for Greek artists and technicians in it?
- In what way does the Ministry and the government consider that the generation that as been working on the past years has failed on it’s mission to show the international potential of Greek theatre and dance scene?
- What’s the curatorial freedom the two museums will have on the choices for the scheduled exhibitions?
- Why 1/3 for greek artists? why this figure? why not another? why not 10%, for instances? and does a third of the programming mean a third of the budget?
- If crisis stimulates creativity, how much money can Jan Fabre’s live without in order to be even more creative?
———————————————————————

      Acte 4 : Démission     


Le 2 avril, sur sa page Facebook, Jan Fabre annonce sa démission (accompagnée de la photo ci-dessus). Il explique : 
"Hereby I, Jan Fabre, resign as the curator of the Hellenic Festival.
I accepted a mandate from the Minister of Culture of Greece to make in all freedom artistic choices.
This seems no longer to be possible in Greece.
I do not want to work in a hostile artistic environment to which I came with open mind and open heart.
I wish the Greek artists good luck with their work and their Festival." 
Jan Fabre, 2 april 2016.
TRADUCTION  : 
« Par la présente Moi, Jan Fabre, démissionne en tant que commissaire du Festival Hellénique.
J’ai accepté le mandat du ministre grec de la Culture sous condition de pouvoir faire mes choix artistiques en toute liberté.
Cela ne semble plus possible en Grèce.
Je ne souhaite pas travailler dans un environnement artistique hostile, dans lequel je suis pourtant arrivé avec l’esprit et le coeur ouverts.
Je souhaite aux artistes Grecs bonne chance avec leurs travaux et leur Festival »

Le jour qui suit, Jan Fabre, publie des photos de lui (cf.ci-dessus), souriant, dans un atelier avec cette légende.
Jan Fabre working today at Cave d’Arte Michelangelo in Carrara on his new series of marble sculptures for the exhibition 'Jan Fabre. Knight of Despair / Warrior of Beauty' opening in the State Hermitage Museum in St. Petersburg on October 21 2016.

Le message est clair : Jan Fabre est passé à autre chose, il travaille à ses projets, il va bien, il sourit.

De son côté, le ministre de la Culture Aristides Baltas « n'a pas caché son amertume samedi dans [un] communiqué, rappelant que Jan Fabre était venu pour apporter son aide à une Grèce en crise, limitant ses émoluments pour s'occuper du festival et y présenter les productions de sa troupe à 20.000 € par an. » (sourceIl a aussi affirmé dans ce communiqué que la décision de Fabre était « le résultat d'une attaque coordonnée par des partis politiques, les médias et une partie de la communauté artistique. » (source

      Acte 5 : Conclusion      

Peut-on faire un parallèle entre la démission de Jan Fabre et celle de Benjamin Millepied de la direction du Ballet de l'Opéra national de Paris ? Il s'agit de deux artistes qui se retrouvent à la direction de deux institutions qu'ils ne connaissent pas (pourquoi pas). Sans doute Benjamin Millepied est-il resté plus longtemps que Jan Fabre, et a-t-il pu engager des changements. Mais leur passage a été bref. Fabre parle pour expliquer sa décision de ses « choix artistiques en toute liberté » (« all freedom artistic choices ») qui ont dû affronter un « environnement artistique hostile  » (« hostile artistic environment »). Bref, la « Liberté » contre « L'hostilité ». Mais de quelle « Liberté » s'agit-il ? S'agit-il de ne pas tenir compte du contexte ou du réel ? Il apparaît que l'un comme l'autre, en voulant passer en force sans tenir compte des réalités pratiques et historiques du terrain, en allant trop vite, ont manqué singulièrement d'un minimum de sens de la situation. On dit aussi manque de psychologie flagrant. Imposer une programmation Belge la première année, même en prétendant que les choses seraient différentes les autres années avec 1/3 de programme grec (élégant quota), et Fabro-centrée les deux années suivantes, à un festival qui programme en grande partie des artistes grecs, et dans un pays qui connaît une situation économique catastrophique, est une aberration. À quoi pensait-t-on pouvoir s'attendre alors ? L'ego d'un artiste n'est pas forcément son meilleur ami pour agir. 
Fabien Rivière 
Site du Festival d'Athènes et d'Epidaure

PS. Aujourd'hui, on apprenait le nom du successeur de Jan Fabre : Vangelis Theodoropoulos, acteur et metteur-en-scène né à Athènes en 1953 (source : ici, lire aussi la fin de l'article de Jean-Marc Adolphe ici).