vendredi 8 avril 2011

Hommage à Lise Brunel

Nous venons d'apprendre avec tristesse la disparition, le 1er avril 2011, de la critique de danse Lise Brunel.
Jean-Luc, Frédéric et Fabrice Dugied
ont la tristesse de vous annoncer le décès de

Lise BRUNEL-DUGIED

survenu le 1er avril 2011à l'hôpital Bichat à Paris

Vous pourrez lui dire un dernier au revoir
 lors de la levée du corps
à la chambre mortuaire de l'Hôpital Bichat
15 rue Pasteur Vallery-Radot - Paris (18e) [Le long du périphérique]
le vendredi 8 avril 2011 à 13h30
(départ du convoi à 14h)

Les obsèques auront lieu
au cimetière d'Ambleville (95710)
le vendredi 8 avril 2011 à 15h45

Un verre de l'amitié nous réunira dans la maison familiale d'Ambleville à l'issue de la cérémonie

Jean-Luc Dugied                       Frédéric Dugied                             Fabrice Dugied
Les Villégiales                           rue des Forges                               22 rue Haute
Place Adolphe Bosc                  69440 - St Didier-sous-Riverie       95710 - Ambleville
30700 - Uzès                   
jlmdugied@gmail.com              fred.dugied@free.fr                        fabdugied@sfr.fr
04-66-37-96-25                         04-78-81-87-42                              01-34-67-73-32
06-45-27-10-92                         06-81-15-47-40                              06-10-65-43-08

LISE    BRUNEL

Née à Lyon le 25 décembre 1922 d’un père écrivain de souche provençale et d’une mère
passionnée de ballet et d’opéra qui lui fait découvrir outre les ballets classiques, la danse
libre des Sakharoff.
 
Études scientifiques et initiation tardive à la danse. À la sortie de la guerre, sa rencontre à Paris avec Loudolf Child, chorégraphe expressionniste allemand réfugié en France depuis 1933, est déterminante. Pendant trois ans (1945-1948) elle fait partie du petit groupe de danseurs qui travaillent avec Child au studio 121 de la salle Pleyel.
 
16 octobre 1947 : Lise devenue danseuse épouse un peintre, Jacques Dugied, qui, après des études à l’IDHEC deviendra décorateur de cinéma en 1955.
 
21 août 1949 : naissance de Jean-Luc qui s’orientera vers le cinéma, puis, plus tard, vers la photo de danse.

En 1949 Child meurt d’un cancer, et Lise retourne à la science. Après quelques années de recherches sur le cancer à Villejuif, elle quitte le CNRS [Centre National de la Recherche Scientifique] et revient à la danse pour y approfondir ses connaissances pratiques, théoriques et historiques. Cours avec Jean Serry et Karin Waehner et nombreux stages (EPJD, Kurt Jooss, Yoshi Oida, Derviches Tourneurs, Bob Wilson…).
 
Passionnée de danse moderne dont elle suit l’évolution, elle débute comme critique dans le mensuel spécialisé Danse et Rythmes (1958-1960).
 
10 mai 1961 : naissance de Frédéric qui s’orientera vers la création de lumières pour le spectacle. 30 septembre 1963 : naissance de Fabrice… danseur et chorégraphe.
 
Demandée en 1966 par Les Lettres Françaises (hebdomadaire fondé par Aragon ) pour y rendre compte spécifiquement de la danse moderne, elle y reste jusqu’à la fin en 1972.
 
Conseillère artistique pour les spectacles de danse à l’ARC/musée d’Art moderne que dirige Pierre Gaudibert, elle y fera équipe avec Françoise et Dominique Dupuy (1966-1968).
 
Conseillère artistique plus tard pour la programmation danse à l’Espace Kiron, auprès de 
Jean-Marc Adolphe (1986-1987).

Chargée de rubrique danse aux Chroniques de l’Art Vivant, revue mensuelle fondée par la galerie Maeght (1968-1975), elle collabore également dès 1970 aux Saisons de la Danse fondée et dirigée par André-Philippe Hersin, et reprise en 1994 par Philippe Verrièle.
 
Après un court séjour à Art Press, elle entre comme journaliste de danse (1977-1988) au 
Matin de Paris, quotidien national où Catherine Clément  dirige alors les pages culturelles.
 
Menant combat contre les académismes et le star système, elle découvre et soutient nombre de compagnies débutantes et dénonce les failles de la diffusion et de l’institution. Dès 1974, elle anime Action Danse au Théâtre des Deux Portes et fonde en 1977 l’association du même nom qui regroupe la majeure partie des danseurs et chorégraphes de danse contemporaine, dans le but de tenter une structuration et une organisation manquant à la profession. Association dont la sœur jumelle à Lyon, sous le nom de l’A.D.R.A. (Action Danse Rhône Alpes) donnera naissance à la Maison de la Danse dont on connait le prodigieux développement.
 
De nombreuses conférences sur l’histoire de la danse moderne et contemporaine autour de projections de films l’entraînent  vers un projet de Cinémathèque de la Danse, projet déposé au Ministère de la Culture, cinémathèque confiée  finalement à Patrick Bensard… De la parité homme-femme bien entendu. Et sans rancune.
 
Chargée de production avec Daniel Dobbels à France Culture auprès de Claude Hudelot pour une série d’émissions sur la danse contemporaine en 1976. Productrice également à France Culture auprès d’Alain Veinstein pour la danse au Festival d’Avignon deux années 
consécutives.

Collaborant à de nombreux journaux (Théâtre Public et Politis entre autres), ainsi qu’à des
Encyclopédies française et américaine, elle écrit dans plusieurs ouvrages collectifs :
Autrement/Fous de danse (1983), Danse à La Rochelle (1982), L’aventure de la danse moderne en France de Jacqueline Robinson (1990), Où va la danse ? (sous la direction d'Amélie Grand & de Philippe Verrièle, Ed. Seuil-Archimbaud, 2005).

Elle est l’auteur de :
Nouvelle Danse Française (Ed. Albin Michel, 1980), Trisha Brown (Ed. Bougé, 1987), ainsi que d’une cinquantaine d’articles pour le Dictionnaire de la Danse (sous la direction de Philippe Le Moal, Ed. Larousse – Bordas, 1999).
◆ ◆ ◆ ◆

Hommage de Frédéric Mitterrand à Lise Brunel 
Le Lundi 04 Avril 2011 

Avec Lise Brunel vient de s’éteindre l’un des regards qui ont contribué de manière significative à forger les lignes fortes de la danse d’aujourd’hui, notamment en France.

Critique et historienne de la danse, Lise Brunel était cette silhouette discrète aux yeux toujours souriants qui, par ses articles, ses conférences, ses paroles, ses émissions de radio, savait dire ce qui avait besoin d’être entendu, avec justesse et conviction. 

C'est sa mère qui lui a transmis sa passion pour cet art en l'emmenant avec elle voir des ballets de danse. Si Lise Brunel put très tôt se forger un regard sur les différents univers chorégraphiques et découvrir ainsi la danse libre des Sakharoff, elle s'orienta d'abord vers des études scientifiques et se consacra, pendant plusieurs années, à la recherche sur le cancer au CNRS.

Son « entrée en danse », elle la doit à une rencontre décisive avec le chorégraphe expressionniste allemand Loudolf Child dont elle intègre la compagnie de 1945 à 1948. Après une première collaboration avec le mensuel spécialisé Danses et rythmes (1958-1960), une sollicitation des « Lettres françaises », en 1966 conduit Lise Brunel à prendre la plume pour la danse. Elle ne la lâchera jamais (Saisons de la danse, Art Press, Matin de Paris, Théâtre Public, Politis), menant un combat tenace contre toutes les formes d’académisme.

Chroniqueuse et critique, elle est aussi de 1966 à 1968 la conseillère avisée – avec Françoise et Dominique Dupuy – de Pierre Gaudibert, directeur du musée d’art moderne qui accueille alors des spectacles de danse. En 1974, elle fonde et anime le collectif Action danse au Théâtre des Deux Portes participant à la gestation de la nouvelle danse française qui allait déployer ses ailes au cours des années 1980.

L’engagement artistique fut au cœur de sa vie de Lise Brunel. Elle le partageait avec son mari, le peintre et décorateur de cinéma Jacques Dugied. Leurs trois fils sont également des artistes et côtoient les univers de la danse, de la lumière, et du cinéma.

C’est au nom de toute la communauté chorégraphique que le ministre de la Culture et de la Communication rend hommage à cette personnalité d'une grande intelligence et finesse d'esprit. 
◆ ◆ ◆ ◆

Facebook de son fils, Fabrice Dugied, danseur et chorégraphe, artiste associé depuis sa fondation, du studio Le Regard du Cygne (Paris). Ici

 ◆ ◆ ◆ ◆


   REMARQUE    On peut se demander si, pour rendre justice d'un long et courageux travail de défense de la danse moderne puis contemporaine, et pour que ces actions et cette pensée continuent d'être présentes à leur façon, il ne serait pas souhaitable de scanner au fur et à mesure l'ensemble des textes écrits par Lise Brunel pendant trente ans comme critique de danse, ainsi que les documents attestant de son travail de programmatrice,  sans oublier quelques photographies, et de les mettre en ligne sur un site spécifique. Un acte qui redonnerait vie à une vie. Un acte d'amour en quelque sorte. 

◆ ◆ ◆ ◆

Lise Brunel, une vie de danse, Marie-Christine Vernay, Libération, 12 avril 2011. Ici

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire