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lundi 3 novembre 2025
Josquin Des Prez, Tu solus qui facis mirabilia
samedi 1 novembre 2025
Danse - Le drapeau Palestien interdit aux Abbesses
| Le public grimpe la rue Ravignan, en face du Théâtre des Abbesses, Photo Fabien Rivière |
| Gush is Great, par Production Xx, Photo Fabien Rivière |
| Gush is Great, par Production Xx, Photo Fabien Rivière |
| Première page, feuille en noir et blanc de format A4 scotchée sur les portes de toutes les entrées d'immeubles de la rue, Photo Fabien Rivière |
| Seconde page, feuille en noir et blanc de format A4 scotchée sur les portes de toutes les entrées d'immeubles de la rue, Photo Fabien Rivière |
— (Intervention d’une jeune femme)
Bonjour à toutes et à tous,
Merci d’avoir assisté à la seconde présentation de la version XXL de la création collective Gush is Great,
Merci aux équipes du Théâtre de la Ville, merci aux équipes techniques et encadrants du Conservatoire, Merci aux élèves qui nous ont choisi l’année passée lors de Danse élargie (vifs applaudissements) faisant confiance à la fois au projet mais aussi aux élèves actuels qui ont su s’approprier et porter cette pièce avec force et engagement.
Vous avez pu voir cet après-midi la grande qualité des interprètes que nous tenions à remercier chacune et chacun pour leur investissement autour de ce projet de transmission (vifs applaudissements)
— (Intervention d’un jeune homme)
Merci donc à … euh … çà va être un peu long, mais vous avez l’habitude je pense avec ce qui vient d’arriver. Merci à [énonce tous les prénoms des interprètes] vous pouvez évidemment les applaudir (vifs applaudissements). On doit aller assez vite car le temps nous est compté, pour ceux qui vont continuer l’après-midi de spectacles [en salle] mais nous tenions quand même et aussi à exprimer notre profonde inquiétude face à la décision qui a été prise d’interdire la présence du drapeau palestinien dans cette performance avec les élèves. Cette décision soulève des questions fondamentales sur la liberté d’expression artistique, sur le rôle de l’art dans la sphère publique, et sur les limites imposées à la représentation de la réalité politique, complexe, malgré le cadre institutionnel et scolaire autour de ce projet. Nous avions besoin de partager avec vous ces inquiétudes. (vifs applaudissements)
— (Intervention d’une jeune femme)
Dans notre démarche, le drapeau n’est pas un simple emblème, il ne représente pas un mot d’ordre, mais un geste scénique porteur d’histoire de luttes, de silence et de fractures; Le convoquer dans une chorégraphie c’est ouvrir un espace de réflexion sur les corps en résistance et sur les territoires traversés par la violence et l’effacement. Empêcher l’apparition d’un symbole, en l’occurence celui d’un peuple exterminé par un régime autoritaire revient à nier une part de réalité, cela revient à taire une douleur. L’art, dans son essence n’est pas un espace neutre. Il interroge, dérange parfois, et c’est précisément là que réside sa nécessité. (vifs applaudissements)
— (Intervention d’un jeune homme)
Nous affirmons que notre travail ne fait l’apologie d’aucune violence, il cherche au contraire à rendre visible les expériences souvent tues apportées aux corps marginalisés, et à ouvrir un espace poétique pour montrer la complexité de notre monde. L’art est un langage, la scène un lieu de liberté symbolique. Restreindre les signes que les artistes peuvent y déployer revient à réduire cette liberté et à céder à une logique de contrôle politique sur la création. Nous refusons que la peur, la pression ou la neutralisation idéologique viennent restreindre le champ de ce qui peut être dansé. (applaudissements)
— (Intervention d’un jeune homme)
Nous continuerons, avec responsabilité et exigence, à défendre notre liberté artistique, engagée, ouverte au dialogue, et ancrée dans la réalité de notre époque. Et nous remercions encore une fois les jeunes qui, avec nous, ont porté ces quelques mots essentiels. Merci. (vifs applaudissements)
lundi 27 octobre 2025
Brian Eno et Beatie Wolfe, Play On
dimanche 26 octobre 2025
Inauguration d'une salle Régis Huvier à la Maison des Métallos
Par ailleurs, Le Pays Briard, nous apprend que « Le café associatif Le Bidule de Nogent-l’Artaud [90 km à l'est de Paris ; 2.089 habitants en 2022], dans l’Aisne [région Hauts-de-France] (...) propose du 24 septembre au 11 octobre 2025, une exposition rendant hommage à Régis Huvier 30 ans après sa disparition. Cet évènement retrace l’histoire et l’œuvre de ce chorégraphe à travers des éléments et des souvenirs. » Régis Huvier était « un enfant du terroir devenu danseur. » L'exposition est une initiative de sa nièce.
mercredi 15 octobre 2025
L'atelier A : Vincent Glowinski
lundi 13 octobre 2025
« Entre-Temps », la métamorphose de Philippe Decouflé
| Entre-Temps, Photo Pierre Planchenault |
Philippe Decouflé reçoit le public depuis le 9 octobre à la Villette à Paris à l’espace Chapiteaux, le long du canal de l’Ourcq, où il présente sa nouvelle création, Entre-Temps, pour une série de 14 représentations. Accueillir le public est chez lui un art, tonique et doux. Avant la représentation, dans la salle, au pied de la scène à gauche un DJ debout et de dos devant sa platine, balance du bon son, différent chaque soir, d'avant les années 90, comme par exemple The Clash, ou issu de West Side Story ou Grease. Devant le rideau de scène baissé, un homme en costume noir, cheveux poivre et sel, cravate noire avec motifs blancs, portant un loup se dandine en essayant de suivre le flot musical. Notre Fantomas se nomme Philippe Decouflé.
La scène révèle au sol un parquet ancien comme celui d’une salle de bal. Quand on lève les yeux, c’est plutôt un château du temps du cinéma muet, vide, et hanté ?
Concernant les neuf interprètes, on citera le danseur et chorégraphe Dominique Bagouet remarquant un jour qu’il travaillait jadis avec des danseurs, mais maintenant avec des êtres humains dansants. C’est ce qui frappe ici. D’ailleurs, il n’y a pas eu d’audition. Le chorégraphe a contacté les interprètes, expérimentés, de 40 à plus de 70 ans, qu’il connaît bien. Il déclare d’ailleurs : « Travailler avec des danseurs un peu plus mûrs, ça donne de la profondeur, ils ont une vraie personnalité sur scène. (…) Chez moi, ce qui est politique, c’est de montrer qu'un danseur de 70 ans, c'est extraordinaire. Il faut sortir des archétypes sur la beauté » (Sud Ouest, 10 avril 2025, ICI)
Il précise aussi un point important : « Mais après, c'est vrai que ce n'est pas mon truc de revendiquer des choses sur un plateau, je suis un saltimbanque et j'en suis content. J'aime cette dimension de divertissement. Il y a un trop grand écart entre le spectacle dit intelligent, culturel et le spectacle populaire. Le spectacle populaire tire trop sur des ficelles idiotes et le spectacle pointu refuse d'être spectaculaire. » (idem)
| Dominique Boivin dans Entre-Temps, Photo Jean Vermeulen |
Il a aussi renouvelé son équipe qui l’entoure hors plateau, qu’il qualifiait lors de la précédente pièce, Stéréo, d‘« équipe exceptionnelle. On se connaît tous depuis des années », ne gardant que le décorateur Jean Rabasse.
La passion de la musique est toujours présente, entre culture populaire et culture savante, avec Kraftwerk, The Doors, Supertramp, Madonna, Bach, Haydn, Liszt, Rameau (avec Gavotte en La Mineur), Prokofiev, Michel Legrand, Sébastien Lagrange, enregistrée ou jouée live par l’exceptionnel pianiste à la vitalité contagieuse Gwendal Giguelay. Il accompagne le cours de danse de Peter Goss du jeudi que suit Decouflé.
| Eric Martin, Visuel associé à Entre-Temps, par Olivier Simola |
La danse est surprenante, dans son dépouillement, qui défend une humanité émouvante. On se croise, on écarte les bras doucement, et on n’a pas peur de se prendre dans les bras. De longues marches toniques. Et soudain un ‘’solo’’ sublime d’Eric Martin, sur les 8 minutes et 25 secondes du O Superman de Laurie Anderson, répétitif, follement sensuel et inquiet (album Big Science, en 1982). Il est suivi par un magnifique solo de Dominique Boivin sur le Knee 1 de la pièce de Bob Wilson Einstein on the Beach, musique de Philipp Glass. Decouflé a demandé au premier quelle musique avait changé sa vie. Il a proposé ce morceau et créé cette danse. Génie du danseur. Le second, danseur et chorégraphe, a ressuscité du matériel ancien. Il y a aussi ces danses populaires bretonnes, enivrantes.
| Catherine Legrand, Visuel associé à Entre-Temps, par Olivier Simola |
Deux autres figures importantes de l’histoire de la danse contemporaine sont aussi de la partie. Catherine Legrand a débuté sa carrière d’interprète avec Dominique Bagouet, qu’elle accompagne de 1982 jusqu’à la fin tragique de ce dernier le 9 décembre 1992, et au-delà. Elle transmet sa danse, cette tenue si particulière du corps, ces bras qui s’élèvent vers le ciel avec tellement de douceur. Michèle Prélonge travaille avec Régine Chopinot, d’ailleurs présente le soir de la première, à partir de 1980 pendant six ans. Elle participe ainsi à la création de Halley’s comet, Appel d’air, Swim one, Grand écart, Délices, Via, Le défilé ou encore À La Rochelle, il n’y a pas que des pucelles. Depuis 2000, elle se considère comme une danseuse « épisodique et vintage ». Par exemple, elle prend en charge en 2002 les archives de Régine Chopinot dans le cadre du centre chorégraphique national de La Rochelle.
La seconde partie mélange la lumière à l’ombre, la vie à la mort. Le temps passe, comme l’on dit, et on sait le chemin qui mène à quel but, radical. Le chorégraphe donne le sentiment d’avoir lâché prise, c’est-à-dire ayant enfin réussi à assumer sa face solaire et sa face inquiète. Il n’est plus le joyeux drille qui produit de l’entertainment. Pas de pathos ni de pathétique, cependant. La vie, simplement, et c’est bouleversant.
Fabien Rivière
Vu le 9 octobre 2025
Entre-Temps, de Philippe Decouflé, espace Chapiteaux, La Villette, Paris, du 9 au 26 octobre 2025. En savoir +
DISTRIBUTION :
Conception et mise en scène Philippe Decouflé
Assistante Violette Wanty
De et avec Dominique Boivin, Meritxell Checa Esteban, Catherine Legrand, Éric Martin, Alexandra Naudet, Michèle Prélonge, Yan Raballand, Lisa Robert, Christophe Waksmann
et au piano Gwendal Giguelay
Avec la participation d’un groupe de volontaires amateurs
Lumière direction technique Begoña Garcia Navas
Décor Jean Rabasse assisté d’Aurélia Michelin
Costumes Anatole Badiali
Musiques originales Gwendal Giguelay, XtroniK, Guillaume Duguet
Montage des voix Alice Roland
Régie plateau Léon Bony
Régie lumière Grégory Vanheulle
Régie son et bruitages Guillaume Duguet
Direction de production et coordination Frank Piquard
Production Sarah Bosquillon, Jérémy Kaeser, Julie Viala, Jeanne Ferrante
Régie générale Chaufferie Antoine Cherix
Accessoires Lahlou Benamirouche
Construction Guillaume Troublé, Léon Bony, Matthieu Bony
Costumiers Jean Malo, Jean Baptiste, Arnaud Coeuff, Aurélie Conti
Stagiaire Costumes Cécilia Bouchez
Accessoires costumes Eugénie Delorme, Prisca Razafindrakoto
Peinture Katia Siebert, David Nouyrit, Sylvie Mitault, Margot Gillot, Jean Lynch
Couturières Décor Solange Comiti, Deborah Tuil
Chauffeur Gilles Maron