mercredi 6 avril 2016

Disparition de Fabrice Dugied à 52 ans



(de gauche à droite) Fabrice Dugied, son compagnon Diederick Hofland, et Jon Weisbart dans la maison familiale des Dugied à Ambleville

Nous avons appris avec beaucoup de tristesse, sinon avec chagrin, la disparition du danseur, chorégraphe et pédagogue Fabrice Dugied, co-fondateur du studio Le Regard du Cygne à Paris, dans la soirée du lundi 4 mars, d'un infarctus, alors qu'il regagnait en voiture sa demeure d'Ambleville, village de 400 habitants dans le Val-d'Oise, à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, après avoir emprunté le RER en provenance de Paris.  

Il est le fils de Jacques Dugied, Décorateur de cinéma, et Lise Brunel, Journaliste Danse, né le 30 septembre 1963 à Neuilly-sur-Seine.

Fabrice Dugied est artiste associé à la programmation danse du studio Le Regard du Cygne, depuis sa fondation en 1985, en charge de la programmation danse depuis 2001.

Il commence la danse en 1975 avec Suzon Holzer avant d’étudier les différentes techniques de la danse contemporaine : Nikolais (Carolyn Carlson, Dominique Petit, Quentin Rouillier…), Limon (Peter Goss, Jennifer Muller, Sara Sugihara), Cunningham (Merce Cunningham Studio NYC, Robert Kovich, Karole Armitage), Post-modern-dance et Release technics (Trisha Brown et ses danseurs, Dana Reitz, Sara Rudner, Meredith Monk…).

Plus tard, il étudie le Tai Chi, la technique Alexander, et la danse d’expression africaine avec Elsa Wolliaston.

Il chorégraphie, danse et enseigne depuis 1984 en France, en Europe et aux Etats-Unis et a collaboré avec des artistes comme Elsa Wolliaston, Jean-Claude Penchenat, Anne Theron, Redjep Mitrovitsa, Laura Sheelen, Claude Barthelemy, John Scott, Meredith Monk…

Parmi ses spectacles :  Les zonards célestes  (1986),  Le retour de tintin  (1987), L’élégance des poissons (1987), Le ciel de mousson (1989), Conversation imaginaire (1991), Paris-Pérec (1993), Ici, ils ont dansé (1994), La danse de l’outrage (1996), L’être de zombie city (1997),  à incandescence  (1998),  La danse des mots  (2001).

De La danse de l'outrage, Marie-Christine Vernay écrivait dans Libération
Le chorégraphe livre dans cette pièce, dont on ne sort pas indemne, ses révoltes contre le retour à l'ordre moral, l'exclusion, les convenances. «Comment être outrageant dans ce siècle outragé, dans ce siècle de l'outrage permanent?» demandait un jour à Nice le chorégraphe Bill T. Jones. Fabrice Dugied répond en s'énervant et en faisant de cet énervement, qui innerve le plateau et la salle, une des matières de sa danse.

«Je danse, écrit-il, pour arrêter de me cacher, pour qu'on me voit, face à moi-même réellement. Je veux briser l'image de la gentillesse qu'on m'a renvoyée. Je ne veux plus me taire mais bousculer votre trouble. Ma vie est sauve de l'époque sida. Aujourd'hui, danser, c'est être révolté.»
De 2001 à 2004, il mène le projet Mémoire vive autour de 3 chorégraphes disparus : Jerome Andrews [en savoir +], Jacqueline Robinson [en savoir +] et Karin Waehner [en savoir +] (2002 à 2004). 

En 2006 il crée La Déconstruction du lego™, dans le cadre du festival Faits d’hiver – danses d’auteurs, à Paris (cf. vidéo ci-dessous).



En 2009, au studio Le Regard du Cygne, il rend hommage à Colette Bergé. 



Le 3 juin 2012 il anime au jardin de Reuilly à Paris le Planetary Dance d'Anna Halprin. 



En 2015 il crée La collection Lise B, une installation performative des archives de la journaliste de danse Lise Brunel (1922 - 2011), qui est une exposition et un spectacle (La Briqueterie – CDC du Val-de-Marne, Théâtre Paul Eluard / Bezons, Les Quinconces – L’espal / Le Mans).



Il devait présenter au Regard du Cygne le 7 et 8 avril un solo de six minutes qu'il dansait, dans le cadre du festival Signes de printemps (17 mars - 8 avril). 

Il avait suivi son chemin d'homme et d'artiste avec beaucoup de ténacité, de courage et d'intégrité. Nous l'avions rencontré quatre jours avant sa disparition au studio Le Regard du Cygne. Il était, comme toujours, détendu et souriant. Dans son dernier texto il écrivait : « Bah on est en amoureux au coin du feu à la campagne [comprendre : dans la maison familiale d'Ambleville]. »


Hommage de Marie-Christine Vernay. ICI
Le Monde 

Fabrice Dugied sera enterré au cimetière d'Ambleville, 9 Rue du Cimetière, le lundi 11 avril à 14h30.    
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CHORÉGRAPHES ASSOCIÉS
Communiqué de presse 
édité le 06/04/2016
La Collection Lise B. de Fabrice Dugied, 2015, Photo Agathe Poupeney

Disparition de Fabrice Dugied

Nous avons perdu un ami, un chorégraphe, une mémoire pour la danse...
Fabrice nous a quitté, si tôt, si discrètement, que cela nous laisse, démunis, presque sans voix !

Il était un passionné de danse depuis sa plus tendre enfance, inventant des chorégraphies au milieu des dispositifs lumineux, créés pour lui, à la maison, par son grand frère Frédéric, devenu ensuite éclairagiste. 

Il était aussi très attentionné aux autres, au travail chorégraphique de chacun, y compris des plus modestes. Il a favorisé, avec Le Regard du Cygne, la découverte, l'accompagnement de talents avec son écoute et son regard si fin, si compétent, si généreux. C'est aussi une mémoire de la danse incroyable, héritée de Lise Brunel, sa mère, qui s'en va...

Fabrice avait une culture encyclopédique de la danse des 40 dernières années, une mémoire détaillée et vivante de cette famille immense de la danse et des chorégraphes. Qui pourra raconter avec humour et délicatesse ces petits riens ou ces instants mémorables qu'il captait et gardait présents au fil du temps ?

Chorégraphes Associés tient à rendre un hommage sincère et ému à l'homme qui a vibré toute sa vie pour la danse, œuvré pour celle des autres et fait le lien entre les anciennes et les nouvelles générations d'auteurs.

Nous avons une pensée intense et amicale pour son compagnon, ses frères, sa famille...

Fabrice, tu es maintenant une pensée, une étoile, un cygne dans le firmament de la danse... 

Tu nous manqueras...

Jean-Christophe Bleton,
Pour Chorégraphes Associés

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