samedi 5 octobre 2013

Danse - Mamela Nyamza et les kids de Soweto


À l'origine du projet entièrement sud-africain Mamela Nyamza & les kids de Soweto, il y a la rencontre entre la danse contemporaine de Mamela Nyamza et la danse hip hop, répétée dans la rue, de cinq jeunes hommes de 18 à 26 ans du Soweto's Finest (site), qu'ils ont fondé.

Précisons que Soweto a été créée dans les années 1950 comme espace exclusivement noir, en chassant ces derniers de Johannesburg – première ville du pays en terme de population – pour les exiler à 15 km au sud-ouest. Aujourd'hui c'est une partie de Johannesburg de plus de 1,3 million d'habitants. 

La chorégraphe a récemment expliqué sa démarche : « Cette fois-ci, je ne veux plus revenir sur les images de notre Histoire, mais travailler sur le rapport entre les corps. On va être cinq gars et une fille et il y a un sacré contraste entre nos entités.  J’ai envie de jouer avec leurs corps, des corps d’aujourd’hui dans ce qu’ils ont de bien réel. Ils sont la nouvelle génération. Eux sont nés dans les années 80 et 90 et moi dans les années 70, on n’a ni le même vécu, ni la même présence. Ils représentent l’espoir de l’Afrique du Sud, ce sont des petits bijoux, des fleurs en devenir, et peut-être que leur génération va gagner vraiment sa liberté. On ne  sait pas... »

En ouverture, un plateau vide. On entend le chant des oiseaux. Ou alors s'agit-il d'hommes qui sifflent ? En tout les cas c'est une certaine idée du paradis terrestre. 

Mais le réel advient immédiatement : les danseurs arrivent à la répétition. S'étirent, s'échauffent, entrent dans leur danse, le sbuja. Comme l'explique le programme « Le mot « buja » est un emprunt au français « bourgeois », et n’a pas pour eux l’acception péjorative qu’il peut avoir ici. Il est davantage conçu comme une référence à une certaine élégance. Le Sbuja a pour caractéristique de mettre en jeu tout le corps, pas seulement les jambes mais aussi les bras, les épaules, la tête et la nuque. Le visage y est très expressif, grimaçant comme un masque traditionnel.  »


C'est une danse extrêmement complexe, fort riche. Mais débarque la chorégraphe tout de cuir noir moulant vêtue, visage dur, qui arrête la fête (du corps). Il est vrai que l'on s'amuse tellement plus quand elle n'est pas là. Est-ce à dire que son rôle est de repousser sinon d'interdire le plaisir ? On sent un regard féroce sur la relation du chorégraphe aux interprètes qui n'est pas que pur désintéressement artistique, mais qui est travaillée par des rapports de pouvoir et donc de névroses. Les prendre dans ses bras comme de jeunes enfants, leur mettre comme à une poupée du rouge à lèvres (rose ou rouge du plus bel effet). Le danseur comme objet, nombreux sont ceux qui connaissent la situation ! 

Mais pour revenir à la danse même, Mamela Nyamza a apporté beaucoup de choses aux interprètes qui avaient surtout l'habitude de la frontalité. Une danse souple et tonique. Quant à la représentation, si elle était un véhicule, on dirait qu'elle avance, accélère, ralentit, stoppe, repart, tourne à droite, à gauche, etcetera ! Avec musique ou sans musique.    
Fabien Rivière

Affiche Musée du quai Branly, Photos (haut) Cyril Zannettacci (Musée du quai Branly) / (bas) Suzy Bernstein  

Mamela Nyamza et les kids de Soweto, du jeudi 3 au vendredi 11 octobre, Musée du quai Branly, Paris 7°. Site   

TOURNÉE FRANÇAISE 2013 
sa. 16 novembre Centre de Développement Chorégraphique (CDC) - Toulouse ICI
lundi 18 novembre Maison de la Danse - Lyon ICI
mardi 19 & me 20 novembre Espace des Arts - Chalon-sur-Saône ICI  
jeudi 21 novembre Théâtre des Salins - Martigues ICI   
mercredi 27 & jeudi 28 novembre La Filature - Mulhouse ICI 

vendredi 4 octobre 2013

Revoir "Je suis sang" de Jan Fabre - 2005

"Il y a un combat à mener, mais c’est un combat poétique pour défendre la vulnérabilité de la beauté et du genre humain" (Jan Fabre)
La pièce a bien été créée en 2005 et non 2001 comme l'indique par erreur Culturebox.
VIDÉO DISPONIBLE JUSQU'AU 22 OCTOBRE 2013. 
En savoir + (site du Festival d'Avignon)

jeudi 3 octobre 2013

Genève : vers un Pavillon de la Danse, démontable

Le Pavillon de la Danse s'installera ici, place Charles-Sturm, visuel officiel

L'Association pour la Danse Contemporaine (ADC) (Site - Facebook) de Genève – 2° ville du pays en terme de population – qui existe depuis 1986 cherche à s'installer dans du dur. En 1998, elle constitue avec les chorégraphes genevois un groupe de travail pour la réalisation à Genève d’une Maison de la Danse

En avril 2004, l’ADC s’installe provisoirement dans la Salle communale des Eaux-Vives – il faut traverser une cour de récréation pour y accéder – et y place un dispositif technique entièrement démontable, dans lequel elle présente une quinzaine de spectacles, accueils et créations, par saison. 

En octobre 2006, suite à une votation populaire (ou référendum) de la commune de Lancy, commune limitrophe du sud de Genève, le projet d’une Maison de la danse, implantée dans le futur centre socioculturel à Lancy, dit « L’Escargot », est rejeté.

En avril 2011, on apprend que la ville de Genève vient de voter un crédit de 1,2 million de francs suisses (soit 0,97 millions d'euros, taux de change du 03/10/13) destiné à l’étude d’un projet de Pavillon de la danse et au lancement d’un concours d'architecture. Sous la forme d’une structure «légère et démontable», le bâtiment aurait une emprise au sol minimale sur la place publique – 800 à 900 m² – pour une salle de spectacle de [normalement] 300 places. Le coût final de l’opération est estimé à près de 10 millions de francs suisses (8,12 M. €) (source : Le Courrier).

Place Charles-Sturm, source : Google Maps

Le lieu retenu, la place Charles-Sturm, pose alors question : en 2001, la population avait nettement refusé la construction à cet endroit d’un nouveau Musée d’ethnographie, dont le projet qualifié de «bunker» avait été attaqué par référendum. (idem)   

Autre critique: «Construire du provisoire à 10 ou 12 millions (8,12 ou 9,74 M. €), c’est quand même cher ! s’exclame le radical Guy Dossan. Trouvons un autre lieu pour réaliser une vraie Maison de la danse, qui pourra s’inscrire dans la durée.» Une perspective dont doutent fortement les responsables de l’ADC, au vu de l’expérience douloureuse du projet de Lancy (idem). On notera que le coût de la nouvelle salle du Festival d'Avignon, La FabricA, inaugurée début juillet 2013, et construite en un an, a été de 10 millions d'euros hors taxe (on peut lire notre Festival d'Avignon In : La FabricA, un nouveau lieu).

Deux vues du projet retenu sur 65 dossiers, Bombatwist par On Architecture, Lausanne

Le 8 octobre 2013, les Genevois pourront découvrir le projet lauréat du concours d’architecture. L’exposition présente l’ensemble des projets reçus ainsi que le projet lauréat (source : GenèveActive). 

Le nouveau bâtiment doit rester sur la place officiellement de 5 à 10 ans, avant sa reconstruction définitive dans un nouveau lieu inconnu à ce jour (source : Construction d'un pavillon de la danse. Concours de projets d'architecture à un degré de procédure ouverte, octobre 2013, président du jury, page 4; document de 112 pages). 

À priori la construction d'une salle de taille intermédiaire (de 220 places) à Genève est une bonne nouvelle, qui plus est uniquement consacrée à la danse, entre les grandes salles du Théâtre Forum Meyrin (700 places) et celle du Bâtiment des Forces Motrices (BFM) (945 places) et les petites salles comme celles du Théâtre du Grütli (160 et 50 places; ne présente plus de danse depuis septembre 2012), les belles salles du Théâtre de l'Usine (72 places) et celle en bois du Théâtre du Galpon (100 places) en bordure de forêt et du fleuve L'Arve. Encore faut-il qu'elle ait un budget de fonctionnement à la hauteur.

À plus long terme, si le Pavillon de la Danse ouvre dans un peu plus de deux ans, en 2016, il devra être démonté au plus tard en 2026. Actuellement, les priorités budgétaires concernant les grands projets culturels de Genève portent, dans l'ordre chronologique, sur la rénovation du très classique Grand Théâtre (70 M. FS, 56,8 M. €), le Musée d'art et d'histoire (1) et le déménagement et la construction d'un nouveau bâtiment pour la Nouvelle Comédie (domaine théâtral, 90 M. FS, 73 M. € ). (source : Le Temps

Fabien Rivière  

(1) Concernant la situation des musées, on peut lire Genève essaie de construire l'avenir de ses musées, Le Temps ici (accès gratuit mais inscription obligatoire) et Un musée genevois qui se construit, l'autre pas, Le Temps ici (idem).
– Le Journal de l'adc (gratuit), septembre - décembre 2013, n° 61, pp. 34-37 (à lire ici; bientôt en ligne) a posé trois questions à des candidats-e-s aux municipales de Genève, dont la troisième porte sur le projet d'un lieu pour la danse et leur politique dans le domaine de la danse..

–– Exposition présentant les projets d'architecture présentés pour le Pavillon de la Danse : Remise des prix (total de 100.000 Francs suisses HT (81.150 €)) et inauguration, le lundi 7 octobre; Exposition, du mardi 8 au samedi 26 octobre 2013. Forum Faubourg 6, rue des Terreaux-du-Temple.
L’exposition sera ouverte au public du 8 au 26 octobre 2013  (mardi - mercredi - vendredi, samedi de 11h à 18h ; jeudi de 11h à 20h).
Visite commentée le jeudi 10 octobre de 12h30 à 13h30.

ON PEUT LIRE 
Une boîte sur la place Sturm pour la danse contemporaine, Jacques Magnol, GeneveActive, 7 octobre 2013. ICI
Des architectes lausannois construiront le Pavillon de la danse à Genève, Alexandre Demidoff, Le Temps, 8 octobre 2013. ICI  
Pavillon de la danse : une boîte en bois désignée, 20 minutes (Suisse), 7 octobre 2013. ICI
Le futur Pavillon de la danse, un bel écrin en bois, nomade et éphémère, Anna Vaucher, Tribune de Genève, 8 octobre 2013. ICI 
Un pavillon entre dans la danse, Samuel Schellenberg, Le Courrier, 8 octobre 2013. ICI

Refus de visas pour les artistes africains: une situation ubuesque

Les Inrockuptibles, 25 septembre 2013. 

« Hier, deux artistes de la République démocratique du Congo sont arrivés en France avec une ou deux semaines de retard, suite à des refus de visa. De plus en plus d’artistes venus d’Afrique sont confrontés au parcours du combattant que constitue désormais la demande de visa. » SUITE

EXTRAIT : 
Le phénomène ne se limite certes pas à la France. Les Studios Kabako du chorégraphe congolais Faustin Linyekula sont attendus début octobre à Londres après leur passage aux Francophonies avec More More More Future. Mais trois des interprètes se heurtent à des refus de visa. "Une personne de la compagnie passe 80% de son temps à régler ces problèmes, nous dit Virginie Dupray, administratrice. Les règles du jeu ne sont pas claires, il n’y a pas de liste de papiers à apporter. Selon les demandes et les artistes, on va exiger une pièce qu’on n’avait jamais demandée  avant. Si tu n’as pas de relation directe et presque « personnelle » avec les consulats ou d’appuis dans le corps diplomatique européen, c’est extrêmement difficile de sortir.
Par ailleurs, sur sa page Facebook, le chorégraphe installé à Genève Gilles Jobin écrivait hier  : « Solo est coincé à Ouagadougou en attente de son visa pour commencer les études à PARTS!!!! [école fondée par Anne Teresa De Keersmaeker à Bruxelles] Ca fait 4 semaines qu'il attend!!! Il a déjà un mois de retard! »

Voguing - Willi Ninja meurt du Sida le 2 sept. 2006

"Le parrain de Vogue" Willi Ninja, un danseur et star des années 1990 du documentaire Paris Is Burning et l'inspiration du vidéoclip Vogue de Madonna, est décédé le samedi [2 septembre 2006] de maladies liées au SIDA au New York Hospital Medical Center of Queens, selon des amis et membres de la famille. Il avait 45 ans.

"Il était une grande influence culturelle pour moi et des centaines de milliers d'autres personnes," a déclaré Madonna dans un communiqué, a rapporté l'Associated Press.

Ninja, de son vrai nom William Leake, a grandi dans le Queens et a appris à danser en regardant des vidéos de Fred Astaire, les gymnastes olympiques et les artistes des arts martiaux (d'où le nom de famille qu'il a adopté). Il a travaillé pour des compagnies de danse et a également appris à des modèles et à des personnalités (comprenant Paris Hilton) à poser pour les paparazzi.

Après avoir acquis une renommée grâce à Paris Is Burning, Ninja a conseillé Naomi Campbell au début de sa carrière, a été modèle de Jean Paul Gaultier et Thierry Mugler et est apparu dans des clips vidéos et dans ​​l'émission de télévision America's Next Top Model [ANTM] et le Live de Jimmy Kimmel.

Il y a deux ans, il a ouvert sa propre agence de mannequins, EON (Elements of Ninja).

"C'était un homme de grande taille, environ 6 feets et 3 inches [1m90]", a expliqué Sally Sommer, professeur de danse à la Florida State University, au New York Times, "et Dieu lui a donné les plus grandes et larges épaules de danse dans le monde, alors quand il faisait quelque chose avec ses bras c'était tellement impressionnant ". (traduction par nos soins, source : Stephen M. Silverman pour People.com)