jeudi 4 octobre 2018

Takao Kawaguchi ressuscite Kazuo Ohno (ou pas)

Lors de la première le 2 octobre.

J'ai découvert le Japonais Takao Kawagashi à Bruxelles (Belgique) en mai 2016 lors du Kunstenfestivaldesarts (on peut lire L'Amour admirable de Takao Kawaguchi pour le butoh de Kazuo Ohno). Il présentait About Kazuo Ohno, sous-titré Reliving the Butoh Diva's Masterpieces (en français, Au sujet de Kazuo Ohno. Revivre les chefs-d'œuvre de la diva du butoh), une pièce de 2013, au Bâtiment Dynastie, une bâtisse abandonnée de style stalinien grandiloquent dans le centre de cette capitale (ICI). Il redonnait vie avec une puissance saisissante à la danse de Kazuo Ohno (1906 - 2010), l'un des fondateurs, avec Tatsumi Hijikata (1928 - 1986), du butoh, cette danse des ténèbres qui est apparue dans l'après-guerre.  

Kawaguchi, 56 ans, n'a jamais rencontré Ohno. Il a travaillé à partir de photos et de vidéos. Il a lu ses livres et rencontré ses disciples. Il danse des extrait de La Argentina (1977), My Mother (1981) et The Dead Sea, Viennese Waltz, Ghost (1985). Hijikata a décrit Ohno comme le « danseur du poison mortel, capable de frapper avec juste une cuillère », tandis que d’autres ont décrit sa danse comme une « danse de l’âme ». 

À Paris, il débute sur la pelouse qui jouxte l'Espace Cardin, à deux pas de la place de la Concorde et de l'avenue des Champs-Élysées. Il tombe une pluie fine. Des objets jonchent le sol, en vrac. Il se saisit d'une planche en bois et la colle au visage, court dans la terre qui vient d'être labourée, monte sur un escabeau et en redescend rapidement, fonce vers un buisson et y disparaît, réapparaît, joue avec un tuyau d'arrosage de couleur verte, mobilise une corde, se met nu et se rhabille immédiatement d'un morceau de tissu, se saisit d'un balai, etcetera. 

Takao Kawaguchi n'a pas peur de danser dans et avec le désordre, sinon de l'affronter, sans psychologie ou pathos. Dans une procession, il rejoint la salle principale du théâtre. Tout allait bien. Mais étrangement, sa danse se fige alors dans une forme qui n'est plus reliée à un fond, sans véritable organicité. Pas vraiment de métamorphose, un effacement très relatif, deux mots qu'utilise pourtant le performer, aucune émotion. Je suis surpris, je ne comprends pas ce qui se passe, mais je n'oublie pas l'émerveillement de la découverte bruxelloise. Le tout n'en demeure pas moins un événement de la saison. 
Fabien Rivière 
PHOTOS Fabien Rivière © 

About Kazuo Ohno. Reliving the Butoh Diva's Masterpieces, de Takao Kawaguchi, 2-5 octobre, Théâtre de la Ville - Espace Cardin (Paris, France), 19h30En savoir +
+ Exposition de photos : Kazuo Ohno, une traversée du siècle, gratuit.

9-10 oct. — Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (Madrid, Spain) 
23 oct. — Power Mac Center (Manila, Philippines) 
26-28 cct. — Chang Theatre [Pichet Klunchun Theatre] (Bangkok, Thailand)

Site du chorégraphe : www.kawaguchitakao.com

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