dimanche 1 octobre 2023

L'hymne à la vie de Miet Warlop (« One Song - Histoire(s) du Théâtre IV »)

Une partie de la scénographie de One Song - Histoire(s) du Théâtre IV, Photo Fabien Rivière

Nommés en janvier dernier à la tête du Théâtre du Rond-Point à ParisLaurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel, — succédant à Jean-Michel Ribes en poste depuis 2001 — ouvrent leur première saison de façon magistrale avec la pièce explosive de la belge de Flandre Miet Warlop, One Song - Histoire(s) du Théâtre IV

Le NTGent (pour Nederlands Toneel Gent, en français Théâtre néerlandais de Gand) alors sous la direction du metteur en scène Milau Rau, lui a demandé si elle acceptait de succéder à lui-même, Faustin Linyekla et Angélica Lidell pour monter une Histoire(s) du Théâtre, numéro IV, avec la mission de raconter son histoire personnelle avec cet art. Elle s'est penchée sur sa première pièce, De Sportband / Afgetrainde Klanken, en français L'orchestre des sports / Sons entraînés, créée en 2005 après le suicide de son frère aîné. 

Du sport, il va y en avoir, justement. Et de la vie, passionnément. Commençons par le sport : la scène de la grande salle du théâtre nous fait penser à la caverne d'Ali Baba, contenant diverses objets (et êtres humains) de grandes valeurs, des merveilles, en l'espèce ses instruments de musique, puisque One Song est à prendre au pied de la lettre : une performance où est jouée un unique morceau, mais dans d'infinies variations qui jamais ne lassent, dans un lieu qui mélange la salle de concert et le gymnase avec ses solides gradins en bois. Cinq musiciens habillés en sportifs et qui s'échauffent comme tel en ouverture, quatre supporters sur les gradins qui s'échauffent aussi mais pour soutenir leur équipe, une femme au mégaphone, et un majorette (un homme) dans son habit de lumière, d'un blanc virginal, volontiers derviche tourneur. Un concert sportif en quelque sorte puisqu'il faut avoir la santé à la fois pour jouer les instruments détournés mais aussi pour le spectateur qui doit accepter de recevoir ce flot puissant de sons rock, dans cet art de la dépense.  

De la vie, donc, qui explose sous nos yeux. Une énergie vitale, puissante, bouleversante. Est-ce typiquement flamand de célébrer la vie, dans une pièce répétitive et obsessionnelle, sans jamais oublier qu'elle demeure intimement liée à la mort ? On songe aux anversois Jan Fabre, et Jan Martens avec son très sportif The Dog Days Are Over en 2014. Et aussi à la peinture avec les maîtres flamands Pieter Brueghel l'Ancien et Jérôme Bosch.  
Fabien Rivière 
One Song - Histoire(s) du Théâtre IV, de Miet Warlop, Théâtre du Rond-Point (Paris). En savoir + 
  TOURNÉE   ICI 
France :  les 25 et 26 janvier à Points Communs – Nouvelle Scène ICI (Cergy-Pontoise), 19 et 20 mars au Lieu Unique ICI (Nantes) et du 27 au 29 mars au Théâtre national de Bordeaux ICI.

PS. On se dit que ces chorégraphes sont susceptibles de rentrer en résonance avec la programmation du Théâtre du Rond-Point : Arkadi Zaides (avec ArchiveTalos sur le programme très avancé de surveillance des frontières de l'Europe par des robots ou Necropolis sur les morts de migrants dans la Méditerranée), le libanais Ali Chahrour (notre article Puissance du mystère chez Ali Chahrour), l'autrichien Simon Mayer (son solo SunBengSitting  ICI ou son quatuor Sons of Sissy ICI), les suisses Maud Blandel (notre article Deux regards sur la nuit) et Daniel Hellmann (nos articles L'amour à trois, cette utopie réalisée et Le courage de Daniel Hellmann (« Dear Human Animals »)),  la brésilienne Renata Carvalho (avec son solo Manifesto Transpofágico), le bulgare Ivo Dimchev, l'italien Emio Greco, et les français Dalila Belaza, Viviana Moin, Claudia Triozzi, Vincent Dupont, Rémy Héritier Emmanuel Eggermont et Matthieu Hocquemiller. 

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