samedi 11 novembre 2023

Brigitte Calls Me Baby (Chicago), Eddie My Love

Extrait de l'album inspiré This House is Made of Corners, en français Cette maison est faite de coins, paru le 3 novembre 2023.
With Wes Leavins (songwriter/vocalist), Jeremy Benshish (drums), Trevor Lynch (guitar), Jack Fluegel (guitar), Zach Lentino (bass) and Devin Wessels (keyboard).

— L'ALBUM (écoute et achat)  >  bandcamp 

— LYRICS > 
Eddie, my love
Friend don't interact the way we've been acting lately
And if my will was strong
And thoughts didn't paint my brain
Curiosity drive me insane

No, No

I thought I knew me but I didn't know myself
You saw right through me and truth was I never fell
So hard

And you have been so hard
To get in touch with why don't you leave my heart alone?

And if you get the time
Would you call me? Would you call me? Would you call me?

Oh, no

I thought I knew me but I didn't know myself
You saw right through me and truth was I never fell
So hard

Eddie, my love
Eddie, my love
Eddie, my love

Eddie, my love
Friends don't interact the way we've been acting lately
And if my will was strong
And you never came around and made my heart feel alive, Eddie

I thought I knew me but I didn't know myself
You saw right through me and truth was I never fell
So hard, so hard

When the blossom falls on me the truth you'll see is us
Friends in all reality don't mean nothing to me, it's us 
Brigitte Calls Me Baby 


jeudi 9 novembre 2023

Nancy - Le Ballet de Lorraine enchante (Michele Di Stefano «Sierras» et Marco Berrettini «Songlines»)

Façade de l'Opéra national de Lorraine le soir de la première du programme, 
Nancy, Photo Fabien Rivière

— Nancy - envoyé spécial
 
Le Centre Chorégraphique National (CCN) - Ballet de Lorraine que dirige depuis juillet 2011 le Suédois Petter Jacobsson avec l'appui de l'Américain Thomas Caley en tant que coordinateur de recherche, nous a offert une très belle soirée. Rappelons que la structure est dédiée aux écritures chorégraphiques contemporaines depuis l'obtention du label de CCN en 1999. 

Sierras, de Michele Di Stefano, Photo Laurent Philippe 
.
Deux Italiens nés la même année, en 1963, sont à la manœuvre, successivement. Michele Di Stefano, né à Milan et vivant à Rome, présente Sierras, sous titrée Danses atmosphériques. Lors d'une rencontre à l'issue de la représentation, il a expliqué qu'il n'était pas arrivé porteur d'« une vision », dans la posture du chorégraphe démiurge « inspiré », mais, plus modestement, il a souhaité poser « une matière dynamique » d'un « organisme vivant ».

Le sol de la scène est immense, d'un blanc intense. En fond de plateau, un mur de la même couleur, tel une imposante falaise, sur lequel, en ouverture, apparaissent quelques nuages gris, immobiles. Notre homme est un peintre, dans son atelier, seul, au travail, face à la toile blanche. Il se saisit de ses tubes de peinture, ses danseurs de noir vêtus, qu'il mobilise avec intensité, mobilité, amour, respect. L'acte de peindre est aussi un art du toucher, sensuel. 

Observant la façon dont sont utilisés les bras, les jambes et le buste, on peut penser apercevoir des étoiles de mer ou des algues, caressées par des courants marins d'eau chaude. Des aurores boréales surgissent. À moins qu'il s'agisse d'explosions de bombes nucléaires, au loin. Des bleus et des oranges intenses éblouissent le ciel. C'est une pièce de danse pure. Les interprètes y évoluent à vitesse soutenue et constante. 

Vue d'une partie de la scénographie de Songlines de Marco Berrettini, au premier plan,
et de la salle de l'Opéra national de Lorraine, au second, Photo Marco Berrettini
. 
Marco Berrettininé en Allemagne, ayant vécu longtemps en France et résidant dorénavant en Suisse à Genève, propose Songlines*. C'est le titre de l'ouvrage de l'écrivain britannique Bruce Chatwin (1940 - 1989), mort jeune à 48 ans à Nice, paru en 1987 et traduit en français l'année suivante sous le titre Le chant des pistes

Bruce Chatwin est un grand voyageur, parlons-en au présent un moment. Il y narre son séjour dans le centre de l'Australie, décrivant les relations, complexes, des blancs avec les aborigènes. La plus grande partie de l'intérieur du pays n'était que broussailles arides ou désert. Les pluies tombant de façon très inégale, volontiers violentes. Dans ce cadre, il est vital d'être mobile, rester sur place est suicidaire. Les aborigènes évoluaient nus. Les colons blancs ont mis fin à cela quand ils sont arrivés. 

Tout le pays est un labyrinthe de sentiers invisibles connus des européens sous le nom de songlines« itinéraires chantés » ou « pistes des rêves » et des aborigènes d'« empreintes des ancêtres » ou « chemins de la loi ». On parcourt ces espaces en chantant.   

Songlines, de Marco Berrettini, Photo Laurent Philippe
La création du chorégraphe est très libre, ce n'est pas une transposition. Il propose des petits personnages, européens ou américains au demeurant, habillés d'une seule couleur, douce : jaune, orange ou bleu clairs. Ils évoluent en groupe ou plus ou moins seuls, dans des solos, duos, trios ou quatuors (les aborigènes ?). Dans la première situation, plus théâtrale (mais sans paroles), ils semblent contraints, acceptant le contexte sans trop de difficulté cependant. Il est fait aussi référence, plus ou moins consciemment à la comédie musicale et à la science-fiction avec le cinéma de Wes Anderson et son Asteroid City sorti cette année. Dans la seconde situation, dansée, ils-elles apparaissent métamorphosé-e-s. C'est une merveille. Ainsi, tel solo d'une jeune femme immobile au milieu du plateau face au public (qui deviendra un duo sensuel). Elle bascule son bassin de droite vers la gauche et inversement, dans un cercle, un certain temps. Sentiment de relâchement, de bonheur, de félicité, de présence à soi intense et pleine. Est-ce à dire que, seul-e, on est enfin dégagé des contraintes sociales, qui permet de parvenir à la jouissance, qui aboutit, in fine, à l'extase mystique ? 

Marco Berrettini lors de la rencontre avec le public à l'issue de la représentation
de Songlines le soir de la première dans la grande salle, Photo Nicolas Villodre
.
Lors de la même rencontre à l'issue de la représentation (cf. photo ci-dessus), interrogé sur ce que lui avait suggéré la proposition du ballet de venir travailler, il affirmait, non sans humour : « Ça serait bien pour ma carrière. Comme il y a 24 interprètes, on va me prendre (enfin) pour un vrai chorégraphe. J'ai l'habitude de travailler avec les mêmes personnes, ce qui facilite le travail. J'ai eu peur au départ. Ils vont m'empêcher de travailler. Mais, en définitive, l'amitié avec la maison a facilité les choses. »  Le résultat est ambitieux et lui aussi convaincant, interprété par une fort bonne compagnie. 
Fabien Rivière
* Production dans le cadre du dispositif "Artiste associé" avec le Centre Pompidou-Metz.

RDV les mercredi 8, jeudi 9 et vendredi 10 novembre 20h et dimanche 12 novembre 15h, à l'Opéra national de Lorraine, Nancy (département de Meurthe-et-Moselle, région Grand-Est).  En savoir +

INTERVIEW (en 2018)  >  

— « Chorégraphes invités depuis 2011 - créations : La Ribot, Mathilde Monnier, Ingun Bjørnsgaard, Emanuel Gat, Noé Soulier, Cécilia Bengolea & François Chaignaud, Andonis Foniadakis, Alban Richard, Itamar Serussi, Cindy Van Acker, Marcos Morau, Rachid Ouramdane, Saburo Teshigawara, Thomas Hauert, Jérémy Demester, Olivia Grandville, Maud Le Pladec, Olivier Dubois, Loïc Touzé, Dominique Brun, Latifa Laâbissi, Volmir Cordeiro, Adam Linder, Michèle Murray…

En plus de ces créations, de nombreuses reprises sont entrées au répertoire de la compagnie, qui les a présenté au public en France, en Europe et dans le reste du monde. Parmi celles-ci, on peut citer les noms de Twyla Tharp, Trisha Brown, Ester Szalamon, Gisèle Vienne, et bien sûr Merce Cunningham... »