vendredi 14 mai 2021

« C'EST NOUS LES GARS D'MENILMONTANT » (Hommes dansants)

mesnager 95 [Jérôme Mesnager], PHOTO Nicolas Villodre, Paris, France

NOUS AVONS AUSSI PUBLIÉ :

Tribune (Suisse, Culture) - Certificat vaccinal : non à la discrimination



Parallèlement aux événements tests sur quelques grandes manifestations et à l’élévation des jauges prévue en juin, le Conseil Fédéral envisage d’instaurer un accès sélectif à certains lieux : dès que 40% à 50% de la population aura été vaccinée, l’entrée dans nos institutions, de même que dans les restaurants ou les manifestations sportives de moyenne grandeur, pourrait dépendre du passeport vaccinal, les publics devant attester d’un vaccin ou d’un coûteux et laborieux test PCR pour entrer dans nos murs.

Pour nous, institutions culturelles publiques, être accessibles à touxtes n’est pas un principe discutable. Personnes sans papiers, personnes requérantes, SDF, phobiques, allergiques, sceptiques, vaccinées aux vaccins non-ARN, « provax » ou « antivax », « complotistes » ou « rigoristes » : il ne nous appartient pas de trier nos publics selon les critères que la Confédération n’ose elle-même pas faire appliquer aux autres secteurs. Il a été démontré à de multiples reprises – par des statistiques, par des simulations, par des recherches tout à fait scientifiques – que les théâtres, les cinémas et salles de concert assises, moyennant le port du masque et la distanciation, faisaient courir à leur public exceptionnellement peu de risques de contamination – d’après ces études, moins que les transports publics et beaucoup moins que les supermarchés par exemple.

Si la Confédération est toutefois tentée de nous imposer un rôle contre nature, discriminateur plutôt que rassembleur, cela n’est donc pas parce que le risque est spécialement élevé mais pour des questions pures de communication, sur le mode de la récompense, ou plutôt de la punition : vous retournerez à vos loisirs lorsque vous aurez joué le jeu de la vaccination. Ce chantage fait à nos dépens n’aurait lieu que parce que la Confédération n’a pas osé aborder de front le débat sur la vaccination obligatoire, et bien sûr n’oserait pas imposer les mêmes règles à Zara ou IKEA, ou aux CFF. Imaginez le tollé si les universités, les écoles, les EMS, les administrations publiques, les transports publics conditionnaient leur accès au vaccin ou au test quotidien ! Nos lieux culturels sont des institutions publiques au même titre que celles-ci. Les hypothèses de mesures faites ces derniers jours, proposées de manière non démocratique et au mépris de toute consultation du milieu, nous menacent directement d’instrumentalisation, dans des buts de politique sanitaire que nous estimons non directement liés à la dangerosité de notre activité. Elles sont une menace énorme pour notre mission et nos valeurs, le cœur de ce pourquoi nous travaillons. Si elles devaient se vérifier, nous serions à nouveau mis dans une position extrêmement problématique, puisque nous ne pourrions pas, éthiquement, logistiquement et financièrement, les mettre en œuvre.

Paru initialement dans Le Temps, 14.05.21.

Par ordre alphabétique :
— Le collectif 2.21  [théâtre de poche multi-salles, Lausanne]
— Cécilia Bovet & Delphine Jeanneret, co-directrices Festival de Cinéma Jeune Public  [Lausanne]
— Bénédicte Brunet et Dominique Hauser, programmation et direction de la Grange de Dorigny, UNIL [Université de Lausanne]
— Grossfeld Gwenaël, directeur du Cinéma Bellevaux   [Lausanne]
— Marie Klay, Martina Pattonieri, direction générale, et Julien Bodivit, Thibault Walter Dimitri Meier, direction artistique, LUFF  [Lausanne Underground Film and Music Festival]
— Myriam Kridi, directrice du festival de La Cité  [Lausanne]
— Stéphane Morey, directeur de la Fête du Slip  [Lausanne]
— Valérie Niederoest et Philippe Saire, co-directeurs du Théâtre Sévelin 36  [Lausanne]
— Dominique Radrizzani, directeur de BDFIL [Festival de bande dessinée, Lausanne]
— Patrick de Rham, directeur de l’Arsenic   [Lausanne]
— Ysaline Rochat et Samuel Antoine, co-directeur.trice du festival Les Urbaines [Lausanne]

jeudi 13 mai 2021

Amyl and the Sniffers (Melbourne, Australia), Some Mutts (Can't Be Muzzled) + Monsoon Rock + Got You + Gacked On Anger

 — Amy Taylor est la chanteuse du groupe. 
— Elle est présente sur le dernier album du groupe Sleaford Mods (cf. ICI).
— Extraits du dernier album du groupe, Amyl and The Sniffers, paru le 24 mai 2019.

lundi 10 mai 2021

Agenda Danse et performance - Paris et sa région - Mai 2021

1  —  Palais de Tokyo
2  —  Théâtre de la Ville
3  —  Le Louvre
4  —  Atelier de Paris 
5  —  Le Monfort Hors les Murs au Carreau du Temple
6  —  Carreau du Temple
7  —  MC 93 Bobigny 
8  —  Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis 
9  —  Opéra national de Paris  
10  —  Centre national de la danse - Pantin 
11  —  TND Chaillot
12  —  Fondation d'entreprise Pernod Ricard 
13  —  Théâtre Louis Aragon - Tremblay-en-France
14  —  Étoile du Nord 
15  —  Laboratoires d'Aubervilliers



(Jauge des spectacles : 35 %)




1  —  Palais de Tokyo (16°)
  Carte blanche à Anne Imhof, Natures Mortes  
VOIR notre article (avec des vidéos) >  « Faust »  +  « Sex » 
Du samedi 22 mai au dimanche 24 octobre. En savoir + 


2  —  Théâtre de la Ville 
————— Espace Cardin (8°)
> Journée de réouverture et de partage, le 19 mai de 8h30 à 21h. En savoir +
Une grande journée pour partager et participer, avec 50 artistes 
Réservation conseillée.
Entrée libre, en public & diffusé en direct sur le site du Théâtre de la Ville :
DANSE : 
— 9h30 à 11h - Scène Marronnier,  Atelier Danse pour tous avec Clint Lutes
— 11h à 13h - Scène Ambassadeurs, Répétitions publiques commentées avec Ambra Senatore
— 11h à 18h30 - Dans les jardins, Consultations poétiques, musicales et dansées 
— 14h à 16h - Scène Ambassadeurs, Atelier danse pour les enfants

————— Dans 12 parcs et jardins de Paris.
> Grand week-end les samedi 22 (ANNULÉ à cause de la météo) et dimanche 23 mai
Consultations poétiques, musicales et dansées, de 14h à 17h. En savoir + 


3  —  Le Louvre (1°)
EXPOSITION Le Corps et l'Âme. De Donatello à Michel-Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance
Jusqu'au lundi 21 juin. En savoir + 
 Tullio Lombardo, Jeune Couple (Bacchus et Ariane)
Kunsthistorisches Museum, Vienne


4  —  Atelier de Paris (12°)
   Festival June Events - du jeudi 6 mai au samedi 5 juin - En savoir +
— me.19>  Gaëlle Bourges OVTR (ON VA TOUT RENDRE)
— ve.21>  Katerina Andreou Zeppelin Bend      Photo DR
 dim.23>  Pierre Pontvianne  PERCUT        Photo DR
— ma.25>  Johanne Leighton People United
— je.27>  Tidiani N'Diaye (Mali, Suisse, France)  Wax        Photo DR
— sa.29>  Marcel Gbeffa & Sarah Trouche  Didę 
Capture d'écran Espaces Magnétiques


5  —  Le Monfort Hors les Murs au Carreau du Temple (3°)
Thierry Micouin  Eighteen    1h
Du mercredi 19 au jeudi 20 mai. Photo DR  En savoir +


6  —  Carreau du Temple (3°)
Soirée des chorégraphes 2021 :      En savoir +
 « Une vingtaine de chorégraphes présente un extrait de leur création, après un an d'accompagnement par La Fabrique de la Danse !  »
— Soirée des Chorégraphes #5 - Mercredi 26 mai 2021 à 18h30
  Chorégraphes : Charlotte Colmant, Elizabeth Gahl Le Nôtre, Jehane Hamm, Fabrice Mahicka, Michaela Meschke, Julien Meyzindi, Michel Onomo, Maud Payen, Justine Tourillon.
— Soirée des Chorégraphes #6 - Samedi 29 mai 2021 à 18h
  Chorégraphes : Timothée Bouloy, Vinicius Carvalho, Fanny Coulm, Odile Gheysens, Delphine Jungman, Cécile Lassonde, Kandé Magassa, Thalia Pigier, Pascale Pineda, Amélie Poulain, Ilario Santoro.


7  —  MC 93 Bobigny (93)
Pol Pi  daté.e.s   1h  
  Samedi 29 19h & dimanche 30 mai 17h. En savoir +

Marie-Caroline Hominal (Suisse) & Nelisiwe Xaba (Soweto, Afrique du Sud)  Hominal / Xaba   1h
  Samedi 29 18h & dimanche 30 mai 15h. En savoir + 

Nacera Belaza L'Onde   50 mn.
  Jeudi 20 19h, vendredi 21 19h et samedi 22 mai 18h. En savoir + 


8  —  Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis (93)
Du mercredi 19 mai au dimanche 20 juin. En savoir + 


9  —  Opéra national de Paris 
Hommage à Roland Petit : 
Carmen + Le Jeune Homme et la Mort + Le Rendez-vous (d’après un texte de Prévert)
Du dimanche 30 mai au mercredi 7 juillet, Palais Garnier (9°). En savoir + 


10  —  Centre national de la danse, Pantin (93)
EN-FIN MAI - 3 spectacles + 1 film 28>29 mai 
Représentations réservées aux professionnels  En savoir +
 Sylvain Prunenec  Le Fil 
 Martine Pisani  Bouillir le vide, un récital 
 Asha Thomas (Atlanta, Géorgie, États-Unis)  SOJOURN 
 Projection : Jean-Christophe Paré  Inlet’s 2 – 6 études


11  —  TND Chaillot (16°)
Carolyn Carlson The TREE (Fragments of poetics on fire) 19 mai  En savoir +
Léo Lérus Entropie 27-28 mai   En savoir +
Stephanie Lake Company / Colossus Répétitions publiques 29-30 mai En savoir + 


12  —  Fondation d'entreprise Pernod Ricard (8°)   adossée à la gare Saint-Lazare
Le juste Prix - Une exposition collective conçue par Bertrand Dezoteux 
  Marc QuerClaudia TriozziLiv SchulmanOlivier PassieuxP h a n t ô m e tt e
Du mercredi 19 mai au samedi 12 juin, Gratuit. En savoir + 
Bertrand Dezoteux


13  —  Théâtre Louis Aragon, Tremblay-en-France (93) HORS LES MURS
« la belle saison à la Poudrerie »
Pelouse de la Cartoucherie au cœur du Parc forestier de la Poudrerie.
DANSE Samedi 22 mai > 16h, Gratuit. En savoir +  
Sylvain Prunenec, Sophie Laly et Ryan Kernoa    Underground Graminée  


14  — Étoile du Nord (18°) 
Sylvain Riejou Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver   jeune public
Du mardi 25 au vendredi 28 mai. En savoir + 


15  —  Laboratoires d'Aubervilliers (93)
Ondine Cloez  L'art de conserver la santé 
Du jeudi 27 au dimanche 30 mai. En savoir +  


dimanche 9 mai 2021

Le pouvoir de « La chaleur » (Madeleine Fournier)

La chaleur, de Madeleine Fournier, au moment des saluts, Photo Fabien Rivière

À vrai dire, il ne faut pas trop se fier au titre de la nouvelle création de la chorégraphe française Madeleine Fournier, La chaleur, à la simplicité trompeuse. Il ne s'agit pas d'une célébration de ce qui serait une qualité ou un objectif. Ainsi, le titre n'est pas Pour la chaleur. C'est plutôt une énigme, à résoudre peut-être, ou un oracle. Officiellement, nous sommes en présence d'« une comédie musicale expérimentale pour cinq interprètes à partir de chants en chœur de Henry Purcell. » Mais il n'y a pas de danse, plutôt une succession de gestes, de positions, face au public le plus souvent. Et en effet, les interprètes ne cessent de chanter. 

Henry Purcell (1659 - 1695) est un compositeur anglais mort jeune à 36 ans, mais prolifique puisque il est crédité de 800 œuvres. À vingt ans, il est nommé organiste titulaire de l’abbaye de Westminster, à Londres, poste qu’il occupera toute sa vie. Il est ainsi le compositeur du roi, élément plus important qu'il ne peut paraître. 

Il célèbre les plaisirs de la vie :  
Musique, musique pour un temps 
Distraira tous vos tourments
Vous vous étonnerez 
De voir vos douleurs soulagées (...)
Si la musique est l'aliment de l'amour,
Chantez, Chantez, Chantez, Chantez
Jusqu'à ce que je sois remplie de joie.

Dans l'importance donné à ce type de chant ancien, il est possible de penser à l'américaine Meredith Monk qui travaille depuis le début des années 60 à la lisière entre la musique et la performance. D'ailleurs, elle a pu présenter dans la même salle du théâtre de l'Aquarium lors du même festival June Events, Girlchild revisited, en 2010. Mais Monk chorégraphie le mouvement. 

La chaleur, de Madeleine Fournier, au moment des saluts, Photo Fabien Rivière

Sans doute, Fournier mobilise la mythologie grecque, les divinités indiennes et les figures du tarot. C'est-à-dire le tordu, et non le droit. Mais l'espace de la scène est bien réel. On est ici et maintenant. Les costumes ne payent pas de mine (même si la photo ci-dessus semble démentir l'affirmation). Les corps disent le contraire de la célébration des sens que défend le chant. Ils sont traversés de tensions, les visages sont agités de rictus. On peut avoir le sentiment qu'il est question du pouvoir, et qu'il faut lire ou relire Le Livre du courtisan, de Baldassar Castiglione, publié en 1528 et/ou L'Homme de cour, de Baltasar Gracián, paru en 1647, qui donnent des conseils pour arriver à être avisé, intelligent, et surtout prudent, à la cour. Un pouvoir royal, d'avant la Révolution de 1789, qui va célébrer la République. (étrangement, le même questionnement traverse, consciemment ou pas, Forme Simple, de Loïc Touzé, vu en novembre 2019 au Théâtre de la Bastille à Paris, où elle dansait)

Monk est innocence (mais elle n'est pas dupe ou naïve), et travaille au premier degré quand Fournier préfère un second degré ricanant et maniéré, produisant ce qu'on pourrait nommer, si l'on y tient absolument, une chaleur froide. Même si il ne faut pas oublier, vers la fin de La chaleur, cette scène poignante, où, soudain, et sans prévenir, les interprètes se retrouvent allongés au sol, dans une lumière rouge sang, comme des guerriers vaincus et agonisants, enfin humains. C'est qu'allongés, ils ne peuvent plus faire les malins. Mais ils se remettront debout, comme si de rien n'était. 

Bref, on peut se demander si Monk ne porte pas l'opposé de Fournier. Une Monk Républicaine vs. une Fournier Royale ?
Fabien Rivière
La chaleur, de Madeleine Fournier, Théâtre de l'Aquarium, La Cartoucherie, Paris, Festival June Events, présentation professionnelle, samedi 8 mai 2021, 17h.