samedi 16 juillet 2016

France - « Jours étranges », du chorégraphe Dominique Bagouet censuré par le maire d'Élancourt

Dominique Bagouet, Photo DR

L'information est stupéfiante : La lettre du spectacle, publication qui s'adresse aux professionnels du spectacle vivant, dans son numéro du 8 juillet (1), nous apprend que Jours étranges, du chorégraphe Dominique Bagouet (1951 - 9 décembre 1992), sur la musique des Doors, remonté par une de ses danseuses emblématiques, Catherine Legrand, a été déprogrammé de la saison 2016-2017 du Prisme - Centre de développement artistique. C'est une demande du maire Les Républicains Jean-Michel Fourgous d'Élancourt, commune de 26.000 habitants située au sud-ouest de Paris dans le département des Yvelines. Deux autres spectacles sont victimes de l'exigence de l'élu, un concert du clarinettiste né aux États-Unis David Krakauer et Psycause(s) 2 de Josiane Pinson, un solo comique qu'elle interprète, consacré à la psychanalyse. 


Jean-Michel Fourgous
Le Parisien écrit : « Une programmation « trop ciblée, trop engagée » selon Jean-Michel Fourgous, qui répète que « les Elancourtois souhaitent des spectacles plus grand public ». « Les élus ont pour mission de vérifier l’utilisation de l’argent public. Ils ont leur mot à dire » ajoute-t-il. Les Fourberies de Scapin, mis en scène par Vincent Tavernier, Les Faux British, de Gwen Aduh, et Fabrice Luccini et moi, d’Olivier Sauton, ont ainsi fait leur apparition dans le nouveau catalogue du Prisme. » (2)

Le quotidien poursuit : « Selon elle [Sandrine Grandgambe, chef de file de l’opposition (PS)], six spectacles en tout étaient menacés, mais trois contrats étaient déjà signés. « Le spectacle de Sophia Aram (NDLR, Le Fond de l’air effraie) était visé », assure l’élue de Trappes, qui soupçonne « des pressions très fortes subies par la direction du Prisme ». »

Une pétition qui dénonce les pratiques de censure du maire est en ligne : PÉTITION CONTRE L’INGÉRENCE DU MAIRE D’ÉLANCOURT DANS LE PROGRAMME DU PRISME Saint Quentin en Yvelines : Culture en danger ! 
Fabien Rivière
(1) Page 4. 
(2) Source

vendredi 15 juillet 2016

Photos - Arles - L'espace où travaille le L.A Dance Project de Benjamin Millepied


(du haut vers le bas) Vues intérieures du bâtiment où travaille le L.A Dance Project à la Fondation Luma à Arles, « La Mécanique Générale », dont elle occupe une partie, lors d'une ouverture au public pour des classes et répétitions les 11, 12 et 13 juillet de 16 à 18h, photo 1 : au fond, un piano à queue noir, et à droite l'entrée du public. Photos 2 et 3 : derrière les gradins, photo 4 : droite de la scène, photo 5 : panneau où sont exposées les photos de Morgan Lugo, par ailleurs danseur de la compagnie; Extérieur du bâtiment : photo 6 : attente du public avant d'entrer (derrière, la voie ferrée qui longe le lieu) face sud, photo 7 : affiche du L.A Dance Project, photo 8 : vue du bâtiment face nord. 
Photos Fabien Rivière © 

Nous annoncions le 16 juin le partenariat de trois ans entre le L.A Dance Project de Benjamin Millepied et la Fondation Luma à Arles, au sud de la France (Benjamin Millepied en résidence secondaire à Arles).  

Une série de représentations étant prévues du 7 au 13 juillet au soir complétées de classes et répétitions les 11, 12 et 13 juillet de 16 à 18h nous sommes allés sur place. D'où le reportage photographique que nous vous proposons ci-dessus pris dans l'après-midi.
Fabien Rivière


Benjamin Millepied (chemise à carreaux) et des danseurs du L.A. Dance Project dans l'espace dédié à la compagnie à Luma Arles, Photo Facebook de Luma Arles

jeudi 14 juillet 2016

La Danse dans la promotion du 14 juillet de la Légion d'honneur

Trois fois par an, — le jour de l'An, à Pâques et le 14 juillet —, l'État distribue ses Légions d'honneur. 

Du côté des civils — les militaires ont un autre régime — le "parcours" progresse ainsi : on débute en étant promu pour prendre rang au grade de chevalier, puis officier et commandeur, on est élevé à la dignité de grand officier et de grand-croix.

Cette année 654 personnes ont été distinguées (AFP), contre 544 en 2015, soit une augmentation de 110, ou de plus de 20 % (nous avons publié l'an dernier : Danse - La promotion du 14 juillet de la Légion d'honneur).
Fabien Rivière

DANSE
Premier ministre
À la dignité de grand officier
Mme Bessy, née Durand (Claude, Jeanne, Andrée), [83 ans]
artiste chorégraphique. Commandeur du 30 avril 1998.


Premier ministre 
Au grade d'officier
M. Vu-An, né Vu-An-Binh (Eric), [52 ans]
 danseur, chorégraphe, directeur d'un ballet. Chevalier du 6 avril 2004.
[« Entré à l'école de danse de l'Opéra de Paris en 1974 
après avoir été repéré par Claude Bessy »]



PAR AILLEURS

Ministère des affaires étrangères et du développement international
PROTOCOLE
Au grade de chevalier
M. Marques Gonçalves (José-Manuel), [54 ans]
de nationalité portugaise,
directeur d'un établissement public de coopération culturelle 
[CentQuatre, Paris; programme aussi de la danse. Nous avons publié (vidéo) Mediapart - Entretien avec José Manuel Gonçalvès, directeur du CentQuatre] ; 
35 ans de services.

mardi 12 juillet 2016

Exposition Photo à Arles - « Pas de deux » : Kazuo Ōno par Eikoh Hosoe et William Klein

(ci-dessus) Dance Happening, par William Klein (Tatsumi Hijikata, Kazuo Ono [premier plan], Yoshito Ono), Tokyo 1961. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
(ci-dessous) William Klein, Dance Happening (Tatsumi Hijikata, Kazuo Ōno [à gauche], Yoshito Ōno), Tokyo, 1961.

Eikoh Hosoe, Sans titre, The Butterfly Dream, 1959-2005. Avec l’aimable autorisation de l’artiste, Akio Nagasawa (Tokyo) et Jean-Kenta Gauthier (Paris).

L'exposition Pas de deux souhaite confronter les photographies réalisées par deux figures importantes de cet art, Eikoh Hosoe, né en 1933 au Japon, et William Klein, né en 1928 aux États-Unis, avec Kazuo Ōno (1906-2010), cofondateur du mouvement de danse japonais butō. 

Elle fait partie du Programme associé de Arles 2016, 47° édition des Rencontres de la photographies, qui propose cette année environ 40 expositions du 4 juillet au 25 septembre 2016. Mais cette exposition s'achève le 28 août. 

Couverture de la première édition de l'ouvrage d'Eikoh Hosoe en 2006, 
The Butterfly Dream, et visuel extrait du livre

Revenons à Pas de deux : en 2006 est publié The Butterfly Dream, — Kazuo Ōno a alors 100 ans — ouvrage magistral qui retrace l’intense collaboration d’Eikoh Hosoe et Kazuo Ōno entre 1960 et 2005. 

(haut) Couverture de Man and Woman, de Eikoh Hosoi, 1961 (En savoir +)
(bas) Couverture de Kamaitachi, de Eikoh Hosoi, 1969 

En 1961, Eikoh Hosoi avait publié son premier livre, Man and Woman, où l'homme est l'autre fondateur du butoh, Tatsumi Hijikata qu'Eikoh Hosoe mettra en scène en 1969 dans l'ouvrage Kamaitachi

Dans le texte qui accompagne l'exposition, il est indiqué ceci : « Au-delà de l’idée d’un photographe enregistrant une performance éphémère, il s’agit d’une œuvre dans laquelle Kazuo Ōno danse pour l’objectif d’Eikoh Hosoe qui, en retour, le met en scène par la photographie, de sorte qu’il devient impossible de savoir qui dirige l’autre. »

Couverture de l'ouvrage de William Klein, Tokyo 1961

En 1961, William Klein se rend à Tokyo et réalise un travail photographique qui sera publié en 1964 sous le titre Tokyo, où seules quatre photographies de la série danse sont présentes. Le programme ajoute : « Fasciné par les mutations d’une ville qui bascule dans la modernité en prévision des Jeux olympiques de 1964, il arpente les quartiers et se voit aidé sur place par Eikoh Hosoe et les membres du collectif VIVO que celui-ci a co-fondé. »
Fabien Rivière

Pas de deux, Kazuo Ōno par Eikoh Hosoe et William Klein, Chapelle Saint-Martin du Méjean, entrée par la librairie Actes Sud au 47 rue du Docteur Fanton, Arles, du 4 juillet au 28 août 2016, Arles 2016, 47° édition des Rencontres de la photographies, 8 € ou forfait. En savoir +
Exposition présentée par l’association du Méjan en collaboration avec les galeries Akio Nagasawa et Jean-Kenta Gauthier pour Eikoh Hosoe et avec la participation de William Klein.

PAR AILLEURS NOUS AVONS PUBLIÉ : 
L'Amour admirable de Takao Kawaguchi pour le butoh de Kazuo Ohno

VUE DE L'EXPOSITION PAS DE DEUX  
Avec Kazuo Ōno, Yoshito Ōno [fils de Kazuo Ōno
et Tatsumi Hijikata [seul sur certaines photos] - Photos Fabien Rivière

lundi 11 juillet 2016

Que faire de la vulgarité ? (Avignon - Sujets à vif - Capdevielle & Dosch + Cattani & Diephuis)

Les corvidés, de Jonathan Capdevielle et Laetitia Dosch, 
(en bas, de gauche à droite) Saluts de Laetitia Dosch, Nadir Benlala, 
Jonathan Capdevielle et Frédéric Cojan (dresseur animalier), Photos Fabien Rivière 

Le programme B des Sujets à vif, que présente la SACD lors du Festival d'Avignon dans la petite Cour pleine de charme du Jardin de la Vierge du lycée Saint-Joseph surprend. Les deux pièces de 30 minutes chacunes traitent de la vulgarité. Se pose d'emblée la question : faut-il la célébrer ou la tenir à distance ? La pratiquer ou simplement l'étudier ? Vaste sujet. La distinction est simple entre grossièreté et vulgarité. Coluche célèbre la première, Jean-Marie Bigard se vautre dans la seconde. La première essaie de penser le monde avec créativité, se moquant des pouvoirs. On ne peut pas dire que la seconde manifeste un grand respect de l'humain. 

LES CORVIDÉS

Jonathan Capdevielle et Laetitia Dosch signent Les corvidés. Le terme dérive du latin corvus, corbeau. Nombre d'entre eux jouent un rôle important dans les écosystèmes en tant que charognards. 

Les deux performers sont deux vampires jeunes (grace à la fameuse régénération que permet le fait de suçer le sang de ses proies), elle belle plante blonde à la magnifique robe, lui look de mafioso corse, mais en réalité tous deux très fatigués et âgés, qui en ont beaucoup trop vu de l'humanité. 

Nos Bonnie et Clyde modernes dézinguent tout ce qui bouge, lâchant des saloperies en rafales. Les sujets : le théâtre public (les couilles de Vilar, Angélica Liddell, « c'est une violée, les violées elles écrivent toujours les mêmes choses », programmée dans le Festival cette année), la parole qui se lâche des Riches, le sexe (Marie Curie lesbienne qui « bouffe la cramouille »), et aussi les camps de concentration dont on parle sur un ton méprisant et cet arabe qui veut se faire sucer par un mec. 

On peut travailler sur la violence. Mais comment ? En la dénonçant ? En la recadrant ? Ou en s'y vautrant ? Et si on expliquait certains mécanismes qui la produisent ? Ici, le but recherché n'est pas encore très clair. S'agit-il de nous faire un numéro de blasés à qui on ne la fait plus ? Déjà à vos âges (la trentaine) ? Aigre ou ne pas aigre, là est la question. 

Quand ils ont enfin cessé de parler, une surprise survient : l'apparition d'un jeune homme innocent, Nadir Benlala, qui, dans un premier temps, joue un Artaud parlant certes de merde, mais va suivre une seconde scène magnifique : Laetitia Dosch s'approche de lui, pose ses lèvres sur la base de son cou, suce son sang, il perd connaissance doucement, et choit, étant accompagné dans sa chute par les deux vampires. 

TÂKASÛTRA

Tâkasûtra de et avec Sophie Cattani et Herman Diephuis, Photos Fabien Rivière ©

Sophie Cattani et Herman Diephuis interprètent le duo Tâkasûtra. Il consiste, pour l'essentiel, à refaire sur scène les positions du Kamasutra. C'est corporellement insignifiant. Et quand la femme parle d'amour, on se dit que c'est totalement hors sujet, puisque tous les mouvements sont fonctionnels et cliniques. C'est vulgaire, sans une once de grossièreté, hélas. 
Fabien Rivière

Les corvidés de Jonathan Capdevielle et Laetitia Dosch, et Tâkasûtra de Sophie Cattani et Herman Diephuis, Sujets à vif, du 8 au 14 juillet à 18h. Festival d'Avignon