mardi 1 mars 2016

Carlo Gesualdo (1566-1613), "O vos omnes, qui transitis per viam à 5"

Live performance by Cantores Musicæ Antiquæ, Jeffery Kite-Powell, director, on December 10, 1995, St. Thomas More Co-Cathedral, Florida, United States.

Où va le Ballet de l’Opéra de Lyon ?

Photo Fabien Rivière ©

Le Ballet de l’Opéra de Lyon (BOL) a présenté du 9 au 13 février au Toboggan de Décines, en banlieue de Lyon, le programme Révolution(s) qui comportait deux pièces de 2014, Sunshine d’Emanuel Gat (Israël - France) et Tout autour de Rachid Ouramdane (France) ainsi qu’une création de Tânia Carvalho (Portugal), Xylographie. Pourquoi Révolution(s) ? Mystère. Le dossier de presse ne donne aucune explication à ce titre. 

Du 20 au 27 février, le BOL se produisait au Théâtre de la Ville à Paris dans un programme proche.

Pièce pour 18 danseurs, le Xylographie de Tânia Carvalho est composée pour l’essentiel de poses qu’adopte le groupe. Il n’y a pas d’écriture chorégraphique ou de travail corporel chorégraphique. On peut sans doute parler de mime. On reste sur sa faim.

Sunshine d’Emanuel Gat relève de la danse, mais doit tout à William Forsythe. Façon de parler, car il en garde surtout une certaine façon de bouger dans l’espace, mais pas la pensée qui a permis d’arriver à cette corporéité si spécifique. Ce n’est pas un « hommage ». On re-produit. De plus le tout est déstructuré au-delà du raisonnable. 

Black Box de Lucy Guerin (Australie), contient, comme son titre l’indique, un grand caisson noir cubique, très lumineux à l'intérieur, ouvert d'un côté, l'ouverture étant orientée vers le sol, qui monte et descend. Quant il est au sol, le noir du plateau est quasi absolu. L’ensemble de la scène est vide et noir. À chaque déplacement du caisson, son nombre de danseurs, dans le caisson. Tout le monde est habillé de la même façon, plutôt dans un trip militaire, tissus de couleurs proches des blancs et des verts. La gestuelle est martiale. Et si Lucy Guerin interrogeait son rapport à l'ordre ? Bref, rien d’inoubliable.

Revoir One Flat Thing, Reproduced, de William Forsythe, est a priori une bonne chose. Sauf pour ceux qui, comme moi, ont vu la pièce à sa création en 2000 avec ses interprètes d’origine, ceux du Ballet de Francfort. On peut s’étonner que le patron du Ballet de l’Opéra de Lyon ait demandé une nouvelle version pour sa compagnie, et que cela ne soit pas explicitement indiqué dans le programme. En musique, on distingue les différentes versions, de l’original à toutes les autres. On parle souvent de remix. La version du BOL est-elle un remix ? D’autre part, les interprètes sont très loins des états de corps des danseurs de Forsythe. C’est la différence entre du 1.000 Volts et du 220. Le programme de salle parle de « virtuosité éclectique » pour désigner le BOL. Mais la virtuosité consiste à interpréter correctement une œuvre.      

On note un certain laissez-aller depuis quelque temps (1) : ainsi, en septembre 2014, au Théâtre du Châtelet, le BOL reprenait Limb’s Theorem de William Forsythe (site), un ballet en trois parties. Nous avions déjà vu la pièce, au même endroit, avec le Ballet de Francfort. Le ratage était terrible. Sans doute (humour) le décor était-il le même, comme les lumières et la musique, de Thom Willems; et sur le plateau « ça bougeait ». De quoi sans doute contenter un public qui découvrait l’œuvre. Mais c’était dansé de façon tellement approximative, que cela en était hallucinant. Alors qu’il faut 8 semaines de travail pour remonter cette création de 1990, les interprètes n’avaient bénéficié que de 5 semaines. Le miracle (réussir malgré tout) n’avait pas eu lieu. On peut se demander si tout le monde ne se moque pas de cette question. Pour avoir une idée de l’état de la réflexion dans une partie du milieu de la danse, on citera une anecdote : faisant part de notre perplexité à un ancien administrateur d’une chorégraphe contemporaine connue et exigeante, ce dernier nous affirmait que mettre un bras ici plutôt que là (dans une certaine distance entre "ici" et "là") était un « détail » (sic). Vu ainsi, pourquoi consacrer 8 semaines plutôt que 5 ? Faut-il alors parler d’une "logique" d’administrateur ? On peut imaginer en musique ce qu’une telle "analyse" peut donner : jouer approximativement les notes. Et, en théâtre, apprendre à peu près son texte. En peinture, même les faussaires tiennent à être le plus près de l'œuvre. 
Fabien Rivière
(1) D'autres éléments dans notre article Jan Fabre nommé directeur du festival d'Athènes       
Ballet de l'Opéra de  Lyon, Théâtre de la Ville (Paris), Du 20 au 27 février. Site

dimanche 28 février 2016

Nadj quitte le Centre chorégraphique d'Orléans + Appel à candidature

Josef Nadj, Photo Géraldine Aresteanu 

Josef Nadj quittera la direction du Centre Chorégraphique National d’Orléans fin décembre 2016. Créé en 1995, le Centre chorégraphique n'aura connu en vingt ans qu'un seul directeur. Cette nouvelle était annoncée en mai 2015. Le quotidien La République du Centre écrivait : « Il y a quelques mois déjà, l'artiste faisait part de son sentiment « de vivre la fin d'un gros cycle » et de son désir d'en « entamer un nouveau ». Où ? Pour l'instant, rien de bien défini. « J'aimerais retourner sur Paris, dans un lieu plus modeste qu'à Orléans. Je ne veux plus de grosses institutions. Je redeviens indépendant », confie-t-il. »
Fabien Rivière

           Appel à candidature        

Le Centre Chorégraphique National d’Orléans
recrute sa directrice ou son directeur 

La direction sera confiée à un/e artiste jouissant d’une reconnaissance nationale et internationale dans le domaine chorégraphique et manifestant une ouverture aux autres champs artistiques. 
Le CCN d’Orléans appartient au réseau des 19 établissements qui constituent en France le socle de l’activité de création, de production et de diffusion d’œuvres chorégraphiques et qui sont régis par la circulaire de 2010, révisée en 2013 et le Cahier des charges des CCN. 
Le CCNO a son siège social à Orléans, commune du Centre Val de Loire. La ville compte près de 115 000 habitants et appartient à l’agglomération Orléans Val de Loire regroupant 22 communes pour un total d’environ 280 000 habitants et à l’aire urbaine d’Orléans comprenant 90 communes pour un total d’environ 417 000 habitants. Orléans est classée « Ville d’art et d’histoire ». 
L’histoire du CCN d’Orléans est articulée avec celle du Théâtre d’Orléans. Aujourd’hui le Théâtre d’Orléans regroupe 4 structures dans le cadre d’une convention cadre pluripartite : la Scène Nationale, le Centre Dramatique National, le CADO théâtre et le CCNO. 
Après 20 ans d’histoire, sous l’impulsion de son directeur, le CCNO s’articule aujourd’hui à travers trois axes majeurs : 
  • Une démarche artistique pluridisciplinaire déployée autour de la danse et la pratique chorégraphique croisant d’autres champs artistiques.
  • Un projet d’envergure internationale à la fois pour la production, la création et la diffusion de l’artiste directeur, et dans le choix des artistes invités au CCNO.
  • Un ancrage territorial significatif à travers le soutien à l’implantation de compagnies régionales, le développement de la culture chorégraphique et les collaborations avec les partenaires culturels de la ville et en région.
Il convient aujourd’hui à la fois de faire évoluer le projet artistique du CCNO et de s’inscrire dans une dynamique collaborative et complémentaire avec les structures qui composent le Théâtre d’Orléans. 
Au 1er janvier 2017, l’Etat et les collectivités territoriales recruteront un/e directeur/directrice de CCN et un/e directeur/directrice de CDN. Ces nominations conjointes sont propices à la mise en place de deux projets à la fois distincts et complémentaires, en écho à l’aspect pluridisciplinaire des projets artistiques d’aujourd’hui. Le cas échéant les candidatures concertées entre le/la directeur/directrice du CCN et le/la directeur/directrice du CDN seront étudiées avec grand intérêt. 
Le CCNO dispose de locaux dédiés à son activité permanente, avec 1 grand studio équipé d’un gradin modulable, 3 studios de répétitions, 1 espace dédié aux expositions, installations et performances, 1 atelier de construction, 1 costumerie, 1 espace de stockage, 2 loges et 6 bureaux.
 
Le CCNO est subventionné par l’État (DRAC Centre Val de Loire), la Région Val de Loire, la Ville d’Orléans, le Département du Loiret et reçoit ponctuellement le soutien d’autres partenaires publics. L’ensemble des financements publics atteignait 1 087 230€ TTC, en 2015 sur un budget total d’environ 1 349 917€. 
Outre la direction, l’équipe du CCNO compte 10 emplois permanents. 
MISSIONS 
Le CCN d’Orléans assume une mission principale de création et de production de spectacles chorégraphiques. En cohérence avec son projet artistique, le/la directeur/trice aura pour mission, outre le développement de son propre travail de création, de : 
  • Travailler à la diffusion locale, nationale et internationale de ses productions.
  • Constituer une ressource pour la scène nationale, dès la saison 2017/2018, pour construire une programmation danse ouverte à l’ensemble des esthétiques.
  • S’inscrire dans une dynamique territoriale, développer l’offre de danse et favoriser la rencontre des publics avec la création chorégraphique, en initiant des propositions qui pourraient fédérer les structures culturelles à l’échelle de la Région Centre Val de Loire notamment dans un dialogue constructif avec le CCN de Tours.
  • Renforcer le partage de l’outil avec les compagnies chorégraphiques, en portant une attention particulière aux équipes issues du territoire régional, mais plus largement en accueillant et en accompagnant des artistes chorégraphiques d’envergure nationale ou internationale, à travers l’accueil studio. 
  • Poursuivre la politique de transmission de la culture chorégraphique qui est un des axes forts des missions des CCN, notamment en direction des jeunes et des amateurs, en nouant des partenariats avec les acteurs culturels, scolaires, universitaires et avec le secteur associatif. 
  • Affirmer le rôle de lieu de référence, garant d’une pluralité d’esthétiques, à la fois ouvert à la recherche et lieu de valorisation de la danse.
  • Manifester une ouverture aux autres champs artistiques.
MODALITES PRATIQUES 
Les candidat/e/s sont invité/e/s à envoyer leur dossier au plus tard pour le 4 mars 2016
Ce dossier comprendra : 
  • une lettre de motivation indiquant les axes majeurs du projet artistique envisagé (2 à 3 pages)
  • un curriculum vitae détaillé accompagné de tous les documents d’information sur les réalisations antérieures (descriptif et argument des créations, articles de presse, enregistrements vidéo, calendrier de tournées).
Les candidat/e/s peuvent transmettre leur candidature par voie postale et / ou par voie électronique. 
Dans un premier temps, une commission de recrutement sélectionnera une liste réduite de candidat/e/s. Ceux/celles-ci se verront remettre les documents leur permettant de présenter 
un projet artistique détaillé et une projection budgétaire de sa mise en œuvre complète sur la période concernée. Les projets et projections budgétaires devront parvenir avant le 20 mai 2016. 
Dans un second temps les candidat/e/s pré-sélectionné/e/s seront reçu/e/s par le jury le 9 juin 2016. La prise de fonction interviendra au 1er janvier 2017 dans le cadre d’un premier mandat de 4 ans. 
Les candidatures sont à adresser par courrier à : 
Monsieur le Président du Centre Chorégraphique National d’Orléans 
37 rue du Bourdon Blanc, CS 42348, 45023 Orléans cedex 1 ’ 
et / ou par mail à president@ccn-orleans.com