vendredi 1 décembre 2023

Jérôme Bel, noir c'est noir > Danses pour une actrice (Jolente De Keersmaeker)

Danses pour une actrice (Jolente De Keersmaeker), de Jérôme Bel, Photo Herman Sorgeloos  
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Le Danses pour une actrice (Jolente De Keersmaeker) du français Jérôme Bel s'inscrit dans un cycle de portraits de danseurs-seuses ou d'actrices débuté il y a presque 20 ans maintenant. Ils-elles sont le plus souvent seul-e-s en scène, parfois accompagné-e-s de Jérôme Bel lui-même. On a ainsi pu découvrir, en France ou ailleurs (présentés en France, et que l'on a vu : *) véronique doisneau* (2004) [danseuse à l'Opéra de Paris], cédric andrieux* (2009), lutz förster (2009) [danseur de Pina Bausch], isabel torres (2005) [créé à Rio de Janeiro], laura pante (2020) [en italien], xiao ke* (2020) [avec Xiao Ke en visioconférence depuis Shanghai, et Jérôme Bel sur le plateau], isadora duncan* (2019) [interprété principalement par Elisabeth Schwartz], danses pour une actrice (Valérie Dréville)* (2020) et danses pour Wu-Kang Chen 攏是為著 ‧ 陳武康(2020) [en mandarin].

Le résultat est le plus souvent très bon. 

Ce soir, l'actrice flamande Jolente De Keersmaeker, sœur d'Anne Teresa De Keersmaeker, explique qu'il n'y aura pas de programme papier pour des raisons écologiques. Pourquoi pas mais il existe du papier recyclé, des livres où l'éditeur « s'engage pour l'environnement en réduisant l'empreinte carbone de ses livres » (Stock) ou « nous imprimons nos ouvrages sur du papier issu de forêts gérées durablement et avec des encres végétales » (Au diable Vauvert) ou encore « est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées - certifié PEFC » (Éditions Sciences Humaines) et enfin « l'éditeur de cet ouvrage s'engage dans une démarche éco-responsable en utilisant des papiers issus de forêts gérées durablement » (CNRS Éditions). De la même façon la compagnie explique qu'elle ne prend plus l'avion depuis 2019 (elle souhaite aussi l'imposer aux autres, c'est une autre question ; par ailleurs, des chorégraphes africains ont pu expliquer que ce credo leur interdirait toute possibilité d'activité professionnelle). Pourquoi pas, mais pourquoi ne pas dire qu'internet, outil largement utilisé par le chorégraphe, a aussi un impact écologique ? Je ne dis pas qu'il ne faut rien faire, ou que les choses sont faciles. Peut-être qu'aucune position n'est totalement satisfaisante. 

L'éclairage est assuré au plafond par trois lignes de quatre tubes blancs, dont la consommation est équivalente, nous dit-elle, à passer l'aspirateur une heure.

Elle poursuit : elle a fait de la danse classique de 6 à 15 ans. Elle refait les mouvements du cours, face à nous, à la barre puis dans des traversées, très très peu assurées. On peut trouver cela touchant, ou pas.

Elle explique : contactée en 2019 par le chorégraphe, elle a accepté de ne pas jouer le repertoire théâtral comme elle en a l'habitude, mais de performer des pièces de danse moderne occidentale du 20° siècle proposées par le chorégraphe, où, de plus, se manifesterait son « imaginaire ». Façon de dire qu'il s'agit bien de montrer une subjectivité. 

Un peu d'Isadora Duncan, Prélude, qui date de 1905. On peut trouver intéressante la maladresse des mouvements, mais que reste-t-il de l'original ? Et où veut-on en venir ? 

Advient « une improvisation à partir de Café Müller (1978) de Pina Bausch ». Cela [« une improvisation à partir de »] signifie que le chorégraphe n'a pas eu les droits de la compagnie. Elle se met totalement nue. Sauf que jamais Pina Bausch n'a dénudé ses interprètes. Est-ce l'expression de l'« imaginaire » de l'interprète (qui d'ailleurs finit en larmes) ? Pourquoi pas, dira peut-être le-la lect-eur-rice ? Est-ce vraiment intéressant, dira l'autre ? Il se trouve que l'originale a été présentée en juin dernier à La Villette, par le Théâtre de la Ville. Nous avons d'ailleurs vu les trois (fort bonnes) distributions. Et quel sens cela a-t-il de présenter des extraits ? Un extrait d'un tableau ? Un extrait musical ? On peut trouver (sans titre) (2000) de Tino Sehgal, composé lui aussi d'extraits de danses du 20° siècle occidental, trois solis interprétés par trois hommes nus (l'américain vivant à Berlin Frank Willens, le français Boris Charmatz et l'anglais Andrew Hardwidge), comme trois points de vue, une expérience autrement passionnante, qui donne à penser. Elle mériterait d'être présentée ici d'ailleurs, à un nouveau public. 

Toujours totalement nue, elle danse un bref moment sur un morceau de Rihanna, Diamonds (2012). Anecdotique ? 

Puis « Un hommage à Kazuo Ohno et à mon père ». Immobile face au public, cela consiste à faire des grimaces et tirer la langue. Pourquoi pas, là aussi, mais il est certain que cela n'a rien à voir avec l'art du Japonais Kazuo Ohno (1906 - 2010). On peut songer un temps à la Suisse Zouc. Mais tout cela demande une exigence, absente ici. L'humour est lui aussi un art très difficile. Faut-il rappeler les noms de Buster Keaton, Peter Sellers, Pee-wee Herman et quelques autres ? 

Assise sur une chaise, face à nous, elle se saisit de son ordinateur portable, regarde l'écran, et nous décrit deux vidéos issues de YouTube, que l'on ne verra pas (du Simone Forti pour la première, précise-t-elle après), puis mimant les gestes dans l'espace pour la seconde (Saturday Night Fever avec John Travolta). De l'art savant et de l'art populaire. Elle propose aussi un solo de son cru. 

D'une façon générale, pourquoi pas une certaine crudité, ou une crudité certaine, mais elle exige du travail (on peut préférer les actionnistes viennois par exemple). Et pourquoi pas explorer l'informe, mais encore faut-il un cadre paradoxalement, c'est-à-dire une pensée ou une poésie (dans cette veine, son disabled theater, une pièce avec les acteurs du Theater HORA, une compagnie basée à Zurich et composée d’acteurs professionnels handicapés mentaux était autrement élaborée). Et quant à nous montrer la psyché de l'artiste qui ne va pas bien, pourquoi pas, mais il n'a pas (encore ?) réussi à trouver la forme juste pour travailler ou exposer de façon recevable ou pertinente le malaise (cela se travaille en (psy)analyse, normalement). Est-il sûr que tous gestes non-professionnels ou non-virtuoses aient un intérêt ? Pas sûr. Jusqu'où aller dans la direction du non-spectaculaire, du « rien », pour reprendre le titre d'un de ses spectacles, conférence sur rien*, en 2018.

En épilogue, elle lâche cette phrase : « La mer, la mer, toujours la mer. » Mais ne s'agit-il pas plutôt de L'amer, l'amer, toujours l'amer, ou encore La mère, la mère, toujours la mère ? Si on dit qu'il faut tuer le père, ne faudrait-t-il pas plutôt ici tuer la mère, pour y voir plus clair ? 
Fabien Rivière
Danses pour une actrice (Jolente De Keersmaeker), de Jérôme Bel, Théâtre du Rond Point (Paris), du 29 novembre au 3 décembre. En savoir + 

mercredi 29 novembre 2023

La scène ballroom à La Gaîté Lyrique

— Posté le 24 novembre 2023. Emission Quotidien (Pas vu à la télé), sur TMC. 
« La scène ballroom faisait étalage de ses meilleurs danseurs et danseuses de voguing pour célébrer Halloween à la Gaîté Lyrique [The Halloween Party Ball II, Paris, En savoir +]. Un concours à travers lequel danse, voguing, stylisme et surtout créativité étaient de mise, le tout dans une ambiance survoltée. L'occasion aussi pour certaines minorités et personnes opprimées de s'exprimer librement le temps d'une soirée. »

mardi 28 novembre 2023

Quels choix politiques pour la danse à Montpellier ?

Visuel de la page Facebook de Christian Rizzo

La conférence de presse a été annulée à la dernière minute. C'est par un très long communiqué de presse de Montpellier Méditerranée Métropole (MMM), avec la ville de Montpellier, qu'est révélée le 5 octobre dernier l'ambition d'un « rapprochement » entre ICI - Centre chorégraphique national (CCN) de Montpellier/Occitanie et Montpellier Danse, dans le cadre d'u« nouveau projet culturel. » Pour aboutir, c'est central, à « leur rattachement futur au sein [d'un] nouvel établissement. »  

La première structure est dirigée par Christian Rizzo depuis 2015, 58 ans, qui part en décembre 2024. La seconde par Jean-Paul Montanari, 76 ans le 5 décembre prochain, en place depuis 1983, soit 40 ans. 

UNE DÉCISION POLITIQUE 

C'est le nouveau président de Montpellier Danse, nommé le 4 octobre 2023 (1), qui est chargé de cette mission. Il s'agit de Didier Deschamps, 74 ans (à ne pas confondre avec l'ancien directeur du Théâtre national de Chaillot, 69 ans). 

Il a été désigné par Michaël Delafosse, Président de MMM et maire de Montpellier, « en plein et entier accord avec l’État et la Région Occitanie. »   

Son CV est présenté comme solide : « Didier Deschamps est une personnalité bien connue des Montpelliérains amoureux d’art et de culture. Mais c’est avant tout un grand serviteur de l’État, au parcours exemplaire, dont les qualités professionnelles et humaines font l’unanimité au niveau national. Il a occupé des fonctions de DRAC [Direction régionale des affaires culturelles] dans différentes régions, notamment en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Il a été conseiller auprès du ministre de la culture. Ici même, il a été président de l’OONM [Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie], entre 2014 à 2018, et a joué un rôle décisif dans le redressement de la structure. » 

Le précédent président de Montpellier Danse, Patrick Malavieille, avait été nommé en avril 2018. Ancien président du Centre chorégraphique national de Montpellier, il avait eu comme mission de veiller tout particulièrement à travailler en coopération avec lui. Sans y réussir. Une mission plus ambitieuse réussira-t-elle là où une mission plus modeste a échoué ? 

On trouve dans l'ouvrage Michaël Delafosse - L’atypique maire socialiste de Montpellier de Christine Ducros et François Delétraz, ce passage, témoignage de Jean-Paul Montanari, qui prend un sens ironique aujourd'hui :  « En plus de quoi il [Michaël Delafosse] est proche du président socialiste du département Kléber Mesquida et de Carole Delga, la présidente socialiste de la région. De quoi avoir des projets ambitieux et de pouvoir les réaliser. » Ce nouveau projet est-il "ambitieux" ? (éditions du Rocher, 2023, p. 136, ICI) Et aussi : « Delafosse est « le gardien du temps, rien ne va l’arrêter. Il a une position et une ligne originale qui le rendent parfois inclassable. » 

FAUX ET VRAI PROBLÈMES 

Mais s'agit-il vraiment d'un « rapprochement », le terme est utilisé deux fois dans le communiqué de presse ? « C'est une fusion », nous indique un observateur, ce qui n'est pas exactement la même chose. Et qui dit fusion, poursuit le même, aboutit souvent à des licenciements de personnel, pour réaliser des économies. Il y a aussi l'idée que "le plus gros mange le plus petit", en l'espèce Montpellier Danse ne ferait qu'une bouchée du CCN. 

Le pourtant long communiqué de MMM ne fait pas état de problèmes budgétaires à régler ou d'économie-s à réaliser. Au contraire, elle indique qu'elle « a réaffirmé ces trois dernières années son soutien à la danse en votant des aides supplémentaires au deux structures : + 50 000 euros en 2021 au CCN, + 50 000 euros en 2023 à Montpellier Danse. » Mais Philippe Verrièle dans La Lettre du spectacle du 13/07/2023 page 4 écrit : « Une fusion sur la table de travail du ministère, qui est bien entre les mains des tutelles, et qui permettrait de solutionner une part de l'équation financière autant que d'apaiser des tensions locales. »

Le bilan d'ICI - CCN de Montpellier/Occitanie serait bon, qui tient à remplir ses missions. Le budget ne présenterait aucun déficit, selon lui. 

C'est sensiblement différent du côté de Montpellier Danse. On découvre dans Midi Libre du 04/10/2023 (ICI) cette remarque : « Il [Didier Deschamps] devra entre autres rétablir le budget à l'équilibre [de Montpellier Danse] alors que le manque à gagner était estimé à 400 000 € pour 2024 selon le directeur Jean-Paul Montanari. » Plus précis, actu.fr écrit le 31/10/2023 « Le 4 juillet dernier, lors du bilan du festival Montpellier Danse, Jean-Paul Montanari déplorait d'ailleurs le manque de moyens : « Il manque 400 000 € pour la nouvelle saison... Nous sommes face à deux solutions : maintenir la programmation et annoncer un déficit de 400 000 € en juillet 2024, ou se résigner à ne faire qu'un demi-festival l'été prochain », expliquait-il alors. » 400 000 € représentent 12 % d'un budget annoncé à 3,3 millions d'euros. D'où vient ce déficit soudain ? « (...) le programmateur [Jean-Paul Montanari] a rappelé que le CCN et l'Opéra se sont retirés de l'organisation de la saison. » (Midi Libre, 03/07/2023, ICI)  

Mais un observateur nous fait remarquer que le budget annoncé de Montpellier Danse, 43 ans, de 3,3 millions d'euros est très faible, par rapport par exemple à celui du Festival d'Avignon, 77 ans, de 17 millions d'euros pour 2022 (ICI). Le second bénéficie d'un budget 5 fois plus élevé. D'autant plus que l'Etat n'octroie à Montpellier Danse, festival et saison réunis, en 2022 que 322.000 € (MMM participe à hauteur de 41 % au budget et la ville 0 %, pour des recettes propres de 32 %, « ce qui est énorme » selon Jean-Paul Montanari (Midi Libre, 03/07/23)). Du côté du CCN, en 2022, sur un budget de 2.410.000 €, les recettes propres représentent 550.000 € (23 % du budget) et les subventions 1.734.000 € (72 % du budget; DRAC Occitanie - Etat : 971.000 € (56 % des subventions), Région : 563.000 € (32 % des subventions), MMM : 160.000 €, ville de Montpellier 0 €). 

Contre une lecture erronée sinon démagogique des chiffres (sur le mode : "Il y a trop d'argent dans la culture", et "qui serait mieux utilisé ailleurs (le social par exemple)"), on rappellera que les estimations quant à la fraude fiscale en France, par an, varient de 50 à 120 milliards (Rapport, Assemblée nationale, Jean-René Cazeneuve, 2022, n°292, annexe n°26, p. 7, ICI). Qui précise : « Les effectifs du contrôle fiscal ont diminué de plus de 4.000 personnes depuis 2010, dont 1.600 depuis 2017. »

L'audience du festival d'Avignon en 2022 est de 125.000 personnes contre 32.000 pour Montpellier Danse (soit 3,9 fois plus, et non 5 fois, si elle était proportionnée au budget). Proportionnellement à son budget, Montpellier Danse a plus de public. 

Par ailleurs, la seule subvention versée par la ville de Paris au Théâtre de la Ville était de 11,25 millions d'euros en 2021 (ICI). En 2014, le budget de la Maison de la danse de Lyon était de 6,53 millions d'euros (ICI). 

N'est-ce pas le problème principal, devant tous les autres ? La danse, comme parent pauvre de la culture. S'agit-il de demander des économies à un parent pauvre ? La mission demandée risque de mettre sur la défensive la profession qui devrait plutôt être à l'offensive pour demander sinon exiger une augmentation légitime et significative des subventions de l'État par exemple ? Montpellier est la 7° ville du pays en terme de population. Ne pas confondre faux problème et vrai problème. 

Montpellier Danse bénéficie d'« une convention de subvention triennale.» On l'apprend en lisant le compte rendu d'une cérémonie en juin dernier où Jean-Paul Montanari « été élevé au rang de commandeur des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture. (ICI» D'ailleurs, il s'agit « de la plus haute distinction du ministère de la Culture », précise Midi Libre (ICI). Cérémonie ouverte par le maire de la ville, en présence de Christopher Miles, directeur général de la création artistique au ministère de la Culture. Maire présenté ainsi :  « Ami personnel du directeur du festival de danse qu'il fréquente, le festival, la saison, avec une passion sincère depuis... toujours (...). » Il n'est alors pas encore question de « rapprochement. » Bref, un titre (très) honorifique (de l'Etat), un peu d'argent (de MMM, +50.000 €) et une "belle" cérémonie (« Très ému, aux bords des larmes même lors de la cérémonie (...) » (Midi Libre, 23/06/2023)) pour rendre votre interlocuteur plus conciliant dans les négociations (de départ) ?  

Du côté du théâtre à Montpellier c'est bien précisément « une fusion » qui est annoncée pour le début de l'année prochaine entre le festival Le Printemps des comédiens et le Domaine d'O sur lequel il est situé (La Scène, Automne 2023, p. 133). Mais c'est la même personne qui est à la tête des deux structures. La forme juridique retenue devrait être celle d'un établissement public de coopération culturel (EPCC).  

QUI DÉCIDE ? 

Mais pourquoi effectuer cette fusion ? Quelle est la nécessité du projet ? Réponse de MMM : « Permettre à ces lieux de répondre aux enjeux et défis actuels de la création, de la production et de la diffusion de la danse contemporaine. Il est inévitable si Montpellier veut continuer à être demain un des grands carrefours européens où danseuses, danseurs et publics se rencontrent. Où l’art chorégraphique de demain s’inventera. » Quels enjeux ? Quels défis ? Quelle danse contemporaine ? L'argument n'est-il pas un peu général ? Garantir une pluralité de points de vue n'est-il pas autrement plus important sinon vital pour le futur de la danse (c'est la position de Christian Rizzo explicitement exprimée et de beaucoup de professionnels) ? Et, surtout, qu'en aurait pensé Dominique Bagouet, qui a fondé le Centre chorégraphique en 1980 ? 

Qui veut cette fusion ? La profession ? Non. ICI - CCN de Montpellier ? Non. Montpellier Danse ? Non. Résulte-t-elle d'une discussion publique démocratique ? Non. Résulte-t-elle d'un audit demandé à une autorité compétente et indépendante et rendu public et discuté ? Non. La fusion est-elle aussi, a priori, un gage d'efficacité, notamment économique ? Non. L'observation des relations de pouvoir par exemple de Renault sur Nissan, les deux parlaient d'« alliance », autre mot de « rapprochement », montre qu'en lui même il ne garantit aucune réussite automatique si il n'est pas pensé en amont de façon approfondie. Si il se fait contre une partie, il a de forte chance d'échouer. 

L'hebdomadaire local l'Agglorieuse du 12/04/2023 révélait qu'un journaliste culturel du quotidien de droite Le Figaro, François Delétraz, avait déposé sa candidature auprès du maire précédent de Montpellier afin de succéder à Jean-Paul Montanari, le même ayant co-écrit depuis un ouvrage consacré au nouveau maire, sorti cette année (Michaël Delafosse - L’atypique maire socialiste de Montpellier). Selon l'Agglorieuse du 19/07/2023 le poste aurait de nouveau échappé à l'intéressé. 

Quoiqu'il en soit, cette nomination changerait sinon détruirait la ligne artistique défendue depuis l'origine. Que l'information soit vraie ou pas, se pose la question de la capacité ou de la volonté du politique local de respecter l'intégrité artistique d'un lieu. Si la nomination à la tête d'un CCN suit une procédure réglée (appel à projet, audition), ce n'est pas le cas pour Montpellier Danse qui est, comme l'on dit, "à la discrétion" du maire. On nous dit : il paye, donc il fait ce qu'il veut. Cela se discute. N'est-ce pas en effet un réflexe monarchique (le fameux "fait du prince" du "prince éclairé") ? Car il s'agit bien d'argent public, dans une République, donc qui doit s'inscrire dans un dispositif raisonné et respectueux sinon public ? « Il paye » grace aux impôts et aux taxes. Il s'agit bien d'argent public, et non privé. Au passage, on peut indiquer que les lignes artistiques demeurent de qualité dans ces deux principales structures consacrées à la danse, dans la deuxième ville de France après Paris en terme de qualité de l'offre artistique en danse contemporaine.

DÉPARTS ?

Officiellement, tout va bien. Didier Deschamps, dans une interview à La Gazette de Montpellier (9-15/11/2023) explique : « L'idéal serait de profiter des départs concomitants de Christian Rizzo, dont le mandat se termine en décembre 2024, et de Jean-Paul Montanari, qui doit partir à la retraite, pour lancer une nouvelle étape de l'Agora ». Mais on notera la subtilité : Le départ de Rizzo est décidé, pas celui de Montanari. Il « doit partir à la retraite » n'est pas il « va partir », ou même il « part », puisque son départ est annoncé depuis très longtemps, sans aboutir. Comme dirait la maire de Lille, Martine Aubry : « Quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup ». Enfin, il se veut rassurant : « Dans tous les cas, il n'y a aucun moyen de passer en force. Il faut arriver à un système gagnant/gagnant, pour respecter le travail accompli des deux côtés de l'Agora, avec un personnel très impliqué. » Et si, « respecter le travail accompli », c'était ne rien faire ? Et en quoi fondre les deux structures c'est « respecter le travail accompli » ? 

Le départ de Jean-Paul Montanari ? En juin 2021 il répondait ceci à Jean-Paul Guarino pour Offshore - création contemporaine Occitanie (ICI) : « Dans la tempête actuelle, ne croyez pas que le capitaine va partir. Il est clair que tant que cette histoire d’épidémie n’est close et qu’on n’a pas retrouvé une sorte de stabilité, je ne quitterai pas ce navire. A part ça, je suis en dialogue avec les pouvoirs publics et particulièrement la Métropole et son président, Michaël Delafosse, qui ne souhaite pas pour l’instant que je quitte mon poste. Moi-même, je dois dire que l’adversité me donne de la force. Je suis fabriqué comme ça. Je suis désolé mais c’est comme ça. C’est très difficile en ce moment et c’est ça qui me donne cette espèce d’énergie qui surprend tout le monde, qui fait que je repose des questions sur tout, je restructure, j’interviens dans tous les secteurs, alors que ces derniers temps, j’avais un peu laissé courir. Je reviens absolument partout. Donc voilà, j’en suis plutôt là, même si je connais certains matins, physiquement, des fatigues terribles, j’aurai 74 ans à la fin de l’année. C’est comme ça. Et en même temps je vois partir Raimund [Hoghe, décédé le 14 mai 2021], dans son sommeil. Il était un peu plus jeune que moi, un an de moins. Gisèle [Depuccio, directrice adjointe de Montpellier Danse] me dit que je mourrai dans mon bureau. » 

Et : « Question : Cela pourrait être un acte de construction que de partir ? 
J-P. Montanari : Non, pour moi, partir sera de toute évidence une mort. Je pense que je mourrai quelque temps plus tard. C’est comme ça, ce n’est pas grave. Ça ne me trouble pas plus que ça, mais c’est ma vie ici. Je vis tout seul, ma vie ici, c’est ce bureau. C’est pour ça qu’il est aussi grand sans doute, je n’en sais rien. » Enfin : « Il n’y a qu’une seule chose qui m’irait, c’est que je tombe dans mon bureau, et que je finisse comme Georges Frêche, en activité. » On lira aussi l'article de Lokko publié le 10 juillet 2022 (ICI) titré Jean-Paul Montanari : la comédie des vrais faux adieux, où ce dernier souhaite « une maîtrise de la transition par ses propres soins, via la désignation d’un assistant successeur putatif, sur lequel il exercerait un “contrôle de qualité” selon ses mots. » 

Jean-Paul Montanari a été Interrogé en clôture de la dernière édition de Montpellier Danse le 3 juillet dernier, sur le mode « Et alors, ce départ, on en reparle ? ». Ainsi, « Non, ce festival dédié à la mémoire [2024], ne sera pas son dernier festival, "mais peut-être l'avant-dernier". » (Midi Libre, 03/03/07) Tout est, évidemment, dans le "peut-être". 

Pour mémoire, on savourera cet extrait d'un article de Libération signé Marie-Christine Vernay paru le 5 juillet 1995 : « Même si, une fois de plus, il [Jean-Paul Montanari] déclare qu'il ne fera pas le prochain Montpellier Danse, qu'il prend une année sabbatique, qu'il entend devenir directeur de la piscine ou s'occuper des crèches. Une façon de rappeler régulièrement qu'il a envie de lâcher prise. » (ICI)

RÉACTIONS

Localement, les réactions sont variées. Une source : « On n'est au courant de rien. L'opacité règne ». Une autre source, au sujet de l'annonce de MMM : « C'est à l'étude [au sens de très hypothétique], c'est une idée [insistant sur le mot]. (...) Cela peut aller d'une simple convention entre les deux structures à un rapprochement. » Ailleurs, un-e journaliste renseigné-e assure que tout cela n'est que « l'écume des choses » et que rien n'adviendra. Un-e autre aussi renseigné-e confirme.  

L'Association des Centres Chorégraphiques Nationaux (ACCN) a protesté dans un communiqué de presse, faisant état « de méthodologie partiale, unilatérale et non concertée employée par la Ville et la Métropole de Montpellier» L'ACCN a demandé par ailleurs le 27 octobre dernier au Syndeac d'intervenir. La position de ce dernier est « de défendre les labels », comme il nous a été expliqué. Mais pas de prise de position publique, à ce jour, un mois plus tard. Les deux structures échangent cependant. ICI - CCN « ne souhaite pour l’instant rien ajouter au communiqué de l’ACCN (...) [qui] semble décrire assez bien la situation. » Mais Philippe Verrièle nous apprend, dans La Lettre du Spectacle du 20/10/2023, que « la situation [du CCN] attiserait cependant l'intérêt de personnalités comme Nicolas Dubourg, le directeur du Théâtre de la Virgule (Montpellier) et président du Syndeac. Interrogé par La Lettre du Spectacle ce dernier « dément totalement. » » Formulé autrement, cela suggère l'idée que le nouvel établissement aurait pu être envisagé comme une proie facilement absorbable par un acteur local étranger au milieu de la danse. Par ailleurs, pour le moment, aucune prise de position officielle de la région Occitanie ni du Ministère de la Culture. 

On  peut rappeler ces faits survenus en 2019. Le 29 janvier de cette année Midi Libre publiait un article titré « Montpellier : Jean-Paul Montanari éjecté du Centre chorégraphique national de danse » (ICI), précisant : « Tout puissant patron du festival et de la saison Montpellier Danse, Jean-Paul Montanari ne fait plus partie du conseil d’administration du centre chorégraphique national de Montpellier, que dirige Christian Rizzo. Poussé vers la sortie lors du dernier conseil, il a été remplacé par le chorégraphe Didier Théron. Le CCN et le festival Montpellier Danse cohabitent à l’Agora dans une grande indifférence. » Il était précisé : « Leurs tutelles respectives (Région, Métropole, État) voudraient davantage de passerelles. Jean-Paul Montanari serait-il devenu un obstacle ? Son départ de la direction du festival est programmé pour 2020. » Ce n'est pas exactement ce qui est arrivé. Et un jeune chorégraphe vient par exemple d'être accueilli par le CCN avec le soutien de Montpellier Danse.  

Par ailleurs, hasard du calendrier, on notera que le 6 octobre 2023, soit un jour après la révélation du communiqué de presse de MMM, le journal Zébuline, publiait une interview de Christian Rizzo, où on trouve cette question et cette réponse (ICI) :  
« (Question) : Où en sont vos relations avec Montpellier Danse, qu’on dit parfois tendues ?  
(Christian Rizzo) : J’aime beaucoup l’idée que nos deux structures, très différentes, apportent chacune son regard et son état du monde. »

DU POLITIQUE

Ce qui se joue aussi ici, c'est la capacité d'un responsable de structure recevant principalement des fonds publics à mobiliser (ou pas) en faveur de son projet ce que l'on nommera le politique. Et justement, dans cet article, le journal écrit dans le sous-titre, ceci : « Christian Rizzo nous parle de la politique artistique [nous soulignons] qu’il a mis en œuvre depuis son arrivée (...) ». On retient "artistique", oubliant "politique", au sens étroit du mot, soit "autorité-s politique-s". 

On apprend ce 15 novembre la nomination de Rostan Chentouf, directeur délégué d'ICI - CCN de Montpellier, "numéro 2" de la structure, à la direction de La Place de la Danse - Centre de développement chorégraphique national (CDCN) Toulouse Occitanie (ICI). 

Départs du n° 1 et du n°2. Le CCN est-il prêt alors pour être rapproché - fusionné - absorbé - dépecé - dilué, comment faut-il dire ? Fondé en 1980 par Dominique Bagouet, alors centre chorégraphique régional, il disparaitrait en 2024 après une existence de 44 ans ? 

En janvier 2022, Christian Rizzo accordait une interview à Vincent Pourrageau pour Midi Libre (31/01/2022). Il y déclarait : « Avec ce qu’on a traversé, on est tous mal en point. Mieux vaut considérer le corps social comme un corps qui a été abîmé. » Il n'est pas sûr que cette affaire participe à améliorer les choses. 
Fabien Rivière ©
(1) La nomination comme président était annoncée comme effective dès le début juillet dernier par Midi Libre.

MICHAËL DELAFOSSE et la CULTURE (Selon l'ouvrage Michaël Delafosse - L’atypique maire socialiste de Montpellier de Christine Ducros et François Delétraz, éd. du Rocher, 2023) : 
« J’ai été sollicité par plusieurs des proches du président [Macron] notamment pour le ministère de la Culture. J’ai refusé, car je suis pleinement engagé pour Montpellier. (p.114) « Il est d’une droiture intellectuelle qui, à une époque où le cynisme prévaut, peut parfois dérouter, mais qui fait toute sa force. » (p.126) « Il affirme surtout qu’il ne sera pas « un coupeur de têtes, la culture a besoin de bienveillance, de liberté et d’écoute ». (p.144) « Dans sa hiérarchie des valeurs, Michaël Delafosse place l’artiste et l’écrivain au sommet, bien avant les politiques. » (p. 149)

— Autre domaine, autre méthode. On peut s'intéresser à ce qui se passe dans la région dans le domaine des industries culturelles et créatives (ICC), où il est question de « fédérer les forces »L'université Paul-Valéry Montpellier-III souhaite former un partenariat avec l’École d’architecture et les trois écoles d’art de Montpellier, dans le cadre d'un EPE (Établissement public expérimental). Mais Anne Fraïsse, présidente de cette université, « souligne par ailleurs que l’EPE est "totalement différent de la fusion " : il n’y a pas de risque de "dissolution" pour des écoles qui travaillent en plus dans le même domaine, "on les prend vraiment comme des partenaires. L’idée c’est de travailler ensemble et de construire ensemble un EPE". » (source)

— La candidature de Montpellier-Sète fait partie des quatre villes finalistes pour le titre de Capitale Européenne de la Culture en 2028.  
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Association des Centres chorégraphiques nationaux 

 COMMUNIQUÉ EN RÉACTION À LA SITUATION 
DU CENTRE CHORÉGRAPHIQUE NATIONAL DE MONTPELLIER

Le 16 octobre 2023, par voie de parution sur le site d’information News Tank Culture, l’Association des Centres chorégraphiques nationaux a appris avec stupéfaction qu’à l’issue du Conseil d’administration de l’association Montpellier Danse, en date du 4 octobre 2023, une mission relative à un projet de « rapprochement » entre l’association Montpellier Danse et l’association ICI—Centre Chorégraphique National Montpellier/Occitanie a été confiée au Président de Montpellier Danse nouvellement désigné.

Cette information est confirmée par la publication d’un communiqué de presse de la Ville et de la Métropole de Montpellier, s’exprimant au nom et pour le compte des concernés et notamment de l’État et de la Région Occitanie.

L’ACCN est préoccupée, tant sur le fond que sur la forme, par les termes de ce communiqué et par la méthodologie partiale, unilatérale et non concertée employée par la Ville et la Métropole de Montpellier. Appeler ainsi à une « coopération renforcée » entre deux structures tout en souhaitant réfléchir – depuis une position équivoque – « l’avenir de la danse à Montpellier », n’augure pas d’un cadre de travail constructif et équitable dont le secteur chorégraphique a besoin.

De surcroît, les objectifs de ce projet de « rapprochement » étant notamment : « d’établir les scénarii de gouvernance, structure juridique, (...) et de mener une concertation, médiation et un accompagnement du personnel des deux structures en prévision de leur rattachement futur au sein du nouvel établissement. », nous souhaitons que la Ministre de la culture ainsi que la Présidente de la Région Occitanie clarifient respectivement, dans les meilleurs délais, le positionnement du Ministère de la culture et celui de la Région Occitanie sur ce projet de « rapprochement », ainsi que sur leur attachement à la présence d’un Centre chorégraphique national de plein exercice à Montpellier/Occitanie.

Par ailleurs, nous interpellons également le Syndeac – qui compte le Centre Chorégraphique National Montpellier/Occitanie parmi ses adhérents – pour lui demander de se conformer au mandat et aux prérogatives qui lui sont confiés par ses adhérents pour, d’une part, défendre et représenter l’un de ses adhérents, et, d’autre part, veiller à une sincère concertation entre les différentes parties prenantes concernées.

Enfin, l’ACCN souhaite également apporter et affirmer son soutien à tou·te·s les salarié·e·s du CCN Montpellier/Occitanie, particulièrement concerné·e·s par la publication de ce communiqué de presse, alors que l’entrée en fonctions de la prochaine direction générale et artistique de ce Centre chorégraphique national doit se faire au plus tard au 1er janvier 2025 et, qu’à ce jour, le calendrier de recrutement n’est pas connu.

L’ACCN suivra avec une extrême vigilance ce dossier.

Le 27 octobre 2023
Association des Centres chorégraphiques nationaux
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Montpellier Méditerranée Métropole - Montpellier 

UNE NOUVELLE PRÉSIDENCE POUR MONTPELLIER DANSE  
Publié le 05/10/2023

Ce mercredi 4 octobre 2023, le conseil d’administration de Montpellier Danse a désigné Didier Deschamps comme nouveau président de l’association.

Il succède ainsi à Patrick Malavieille qui a beaucoup fait ces dernières années au service du festival et de l’art chorégraphique.

Didier Deschamps est une personnalité bien connue des Montpelliérains amoureux d’art et de culture. Mais c’est avant tout un grand serviteur de l’État, au parcours exemplaire, dont les qualités professionnelles et humaines font l’unanimité au niveau national. Il a occupé des fonctions de DRAC dans différentes régions, notamment en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Il a été conseiller auprès du ministre de la culture. Ici même, il a été président de l’OONM, entre 2014 à 2018, et a joué un rôle décisif dans le redressement de la structure. 

Désignée personnalité qualifiée par Montpellier Méditerranée Métropole au sein du conseil d’administration, son nom a été proposé ce matin par Michaël Delafosse, Président de Montpellier Méditerranée Métropole, en plein et entier accord avec l’État et la Région Occitanie.

Montpellier Danse : un héritage remarquable

Avec le soutien constant du ministère de la culture, Montpellier a toujours démontré un esprit pionnier dans le champ de l’art chorégraphique et a façonné ces quarante dernières années un espace d’émergence, de production et de rayonnement de la création en danse contemporaine. Cet héritage est celui de Georges Frêche, de Dominique Bagouet, de Jean-Paul Montanari qui ont inventé et fait de Montpellier Danse un des très grands festivals de danse à travers le monde.

En 1984, le Centre chorégraphique, créé sous la direction de Dominique Bagouet quatre ans plus tôt, devient le premier CCN (Centre chorégraphique National), dont les missions ont été portées haut, ces dernières années, par Mathilde Monnier puis Christian Rizzo.

Année après année, saison après saison, festival après festival, une véritable culture de la danse se construit à Montpellier. Cette véritable culture de la danse a un lieu mis à disposition par la Métropole, l’Agora – Cité Internationale de la danse, ancien couvent des ursulines, que se partagent Montpellier danse et le CCN.

UNE PRÉSIDENCE DE PROJET TOURNÉE VERS L’AVENIR

Incarnée par Didier Deschamps, cette nouvelle présidence de l’association Montpellier Danse s’inscrit dans le cadre plus large du nouveau projet culturel porté par la Ville et la Métropole. Montpellier Méditerranée Métropole lance une réflexion partagée avec l’État et la Région autour de l’avenir de la danse à Montpellier. Une nouvelle page doit être écrite et permettre le rapprochement de Montpellier Danse et du Centre Chorégraphique National.

« Notre volonté, partagée par la ministre de la culture et la présidente de Région, c’est qu’elles se rapprochent demain, qu’elles travaillent mieux et plus régulièrement ensemble. Ce rapprochement est inévitable, il est vital, si nous voulons permettre à ces lieux de répondre aux enjeux et défis actuels de la création, de la production et de la diffusion de la danse contemporaine. Il est inévitable si Montpellier veut continuer à être demain un des grands carrefours européens où danseuses, danseurs et publics se rencontrent. Où l’art chorégraphique de demain s’inventera. » Michaël Delafosse, Président de Montpellier Méditerranée Métropole.

Aujourd’hui, les débats qui traversent le secteur du spectacle vivant sur la nécessité de préparer la transition écologique en adaptant les modes de production et de diffusion, de garantir la parité et la diversité, de favoriser les coopérations, ont l’occasion de trouver à Montpellier, pour le secteur chorégraphique, un espace d’expérimentation ambitieux fidèle à son esprit pionnier d’origine.

C’est avec cette ambition que Montpellier Méditerranée Métropole a réaffirmé ces trois dernières années son soutien à la danse en votant des aides supplémentaires au deux structures : + 50 000 euros en 2021 au CCN, + 50 000 euros en 2023 à Montpellier Danse.

TRAVAILLER ENSEMBLE

Ces quinze prochains mois, Didier Deschamps aura la responsabilité de travailler conjointement avec Montpellier danse, avec le CCN, avec les services de la Métropole, ceux de l’État, ceux de la Région, à la mise en place d’une méthodologie de travail, réunissant toutes les parties prenantes. Il mènera avec tous un travail de préfiguration à l’issue duquel s’inventera une nouvelle configuration. Ce travail de préfiguration aura notamment pour objectifs :

  •  - D’établir un calendrier de travail sur les 15 prochains moins avec les partenaires des deux structures ;
  • - De travailler à la préfiguration des orientations stratégiques au sein d’un projet singulier, expérimental et renouvelé ;
  • - D’établir les scénarii de gouvernance, structure juridique, schéma d’organisation et budgets pluriannuels ;
  • - De mener une concertation, médiation et un accompagnement du personnel des deux structures en prévision de leur rattachement futur au sein du nouvel établissement.

La Métropole et ses partenaires ont toute confiance en Didier Deschamps, Jean-Paul Montanari et son équipe, Christian Rizzo et la sienne, pour que ce travail aboutisse, à l’horizon fin 2024 – début 2025 à l’invention d’un nouvel outil. Un outil au service de la danse et de ses créateurs, un outil respectueux des histoires, héritages et missions de chacun, mais aussi un outil adapté aux défis du présent, un outil innovant et expérimental : ce n’est qu’à ce prix que nous serons à la hauteur des pionniers qui ont inventé la danse, ici, à Montpellier.