samedi 9 juillet 2016

Michael Cimino parle de l'importance de la danse

Cette interview date de 2013. Michael Cimino, qui vient de mourir à l’âge de 77 ans, aborde aussi d'autres sujets. Pour la danse : à partir de 09:07. 

jeudi 7 juillet 2016

Bagdad - Le danseur Adil Faraj, 23 ans, tué par un attentat-suicide du groupe Etat islamique

Le danseur Adil Faraj
On le voit ici en répétition sur la scène du Centre culturel Al-Hussein à Amman, en Jordanie. Le danseur Adil Faraj fait partie des victimes de l’attentat au camion piégé de Bagdad, qui a fait 250 morts dimanche 3 juillet ICI. L’attentat, revendiqué par le groupe Etat islamique, est le plus meurtrier depuis l’invasion américaine en 2003. (source : euronews)


AMMAN, Jordan (AP) — An Iraqi self-taught dancer who defied conservativism and threats ahead of his stage debut last year was among the scores killed in a massive suicide truck bombing over the weekend in Baghdad.
The 23-year-old dancer, Adil Faraj, was buying clothes in the neighborhood of Karada for the Islamic holiday of Eid al-Fitr that marks the end of the holy month of Ramadan when the attack happened. The holiday begins on Wednesday in Iraq.
An Islamic State bomber detonated the truck in a crowded shopping area around 1 a.m. Sunday, on a street filled with Iraqis preparing for the holiday or just seeking a nighttime break from the sizzling Baghdad summer heat before the start of their fast at dawn. By Tuesday, the death toll from the attack rose to 175 — one of deadliest in more than a decade of war and violence in the Iraqi capital.
Faraj, a recent law school graduate who last year traveled to Jordan for his on-stage dancing debut, was among the victims.
"I wish I had a time machine to go back and fix what happened," said Bilal, 18, Faraj's younger brother who spoke to The Associated Press by phone from Belgium, where he lives as a refugee.
Faraj's body was found intact, Bilal said, and he was buried on Monday in a cemetery in the Shiite city of Najaf, south of Baghdad.
At the funeral, Bilal said his father cried. His mother is inconsolable and Bilal said he hasn't even been able to speak to her over the phone, she can't stop sobbing.
Faraj bucked conservative Iraqi culture to teach himself how to dance via YouTube and Skype, inspired by a Michael Jackson performance he watched on DVD.
He danced to videos in his cramped family home — hiding from a society scornful of the art form and from the chaos that engulfed Iraq after the U.S.-led invasion in 2003.
Then, he was discovered by the Manhattan-based Battery Dance Company and brought to Jordan to train professionally and perform for the first time on stage.
In a dark hall in Amman, Jordan, under a single spotlight, he slowly moved with the haunting Gary Jules' song "Mad World" — his first solo performance. After it, Faraj told the AP in an interview that it was "like a dream."
But though he said at the time that instability and conservatism in Baghdad made the city no longer feel like home, he continued to live in Iraq with his family so he could complete his studies.
He also fell in love, and was engaged to be married this summer. He and his fiancee dreamed of moving to America to pursue dancing professionally.
"But he didn't make the dream," Bilal said.
Jonathan Hollander, director of the Battery Dance Company and one of Faraj's Brooklyn-based dance mentors had tremendous respect for the young Iraqi. They had formed an online friendship that transformed into dance lessons on Skype, organized by Hollander.
"Every day of his life he was fighting some kind of battle: with his environment, his society, with the world as it is today," said Hollander. "How is it possible for someone who is living in a war zone to find a way to dance?"
Faraj is survived by three brothers and his parents.
"Adil just wanted to fly, to experience life to the most," said Rania Kamhawi, the director of the dance festival where Faraj performed in Amman. "I would have liked for him to fly."
___
Associated Press Writer Susannah George in Baghdad contributed to this report.

mercredi 6 juillet 2016

Londres - Exposition - The Neo Naturists


 The Neo Naturists, 8 July–21 August 2016, Studio Voltaire, London. Site 

« This summer, Studio Voltaire will present a retrospective of the 1980’s performance group the Neo Naturists. This will be the first historical survey of the Neo Naturists work in a public institution.
The Neo Naturists are an important live art collective initiated in 1981 by Jennifer Binnie, Christine Binnie and Wilma Johnson. The group emerged as a part of London’s subculture that arose from the squatting community in the aftermath of Punk and the emergence of the New Romantic club scene and the advent of Thatcherism. During this time a creative energy developed in the UK that sat outside established institutional practices of the time, creating its own network of activities, events, economies and personalities.
The Neo Naturists were a part of a cultural network of collaborators and peers that included figures such as BodyMap (Stevie Stewart & David Holah), Leigh Bowery, James Birch, Jill Bruce, [choreographer] Michael Clark, David Dawson, Peter Doig, Boy George, Maia Norman, John Maybury, Sophie Muller, Simon Foxton, Bruce Lacey, Andrew Logan, Grayson Perry, Genesis P.Orridge, Psychic TV, Derek Jarman, Princess Julia, Marilyn, Philip Sallon, Test Department, Jill Westwood, Dencil Williams and Cerith Wyn Evans.
The group established quite organically, whilst Christine Binnie and Wilma Johnson had been experimenting at St Martin’s College with body painting as a way to expand past the canvas, Jennifer Binnie and Grayson Perry had also been using body paint as a way of exploring body image and identity at Portsmouth Polytechnic. United by a belief in the radical and subversive potential of bodypainting, the Neo Naturists took these private experiments to clubs and parties, which quickly developed into more formalized parts of the groups artistic practice. »

La danse au père de Radhouane El Meddeb («À mon père, une dernière danse et un premier baiser»)

À mon père, une dernière danse et un premier baiser, de Radhouane El Meddeb, 
Photo Fabien Rivière 

Rendre compte de la nouvelle création du talentueux Radhouane El Meddeb, un solo qu’il interprète, À mon père, une dernière danse et un premier baiser, est un exercice difficile, sinon impossible. Le titre indique le sujet, sensible. La feuille de salle contient une interview du chorégraphe, explicite : 
D'où vient l'idée de la pièce ? 
Dans mon rêve, j’étais seul dans un très grand espace, et je faisais face à une seule personne : mon père. Là, je me confessais.
Mon père est mort il y a 5 ans déjà, sans annonce, seul, un matin. Il nous a quitté, brusquement. Je n’ai pas eu le temps de lui dire adieu...
Et pourtant, j’avais encore envie de lui dire des choses, j’avais tant envie de lui raconter ma vie loin de lui, de lui confesser des secrets, de danser devant lui...
À présent, il est parti et ne reviendra plus. J’ai mis du temps à trouver comment parler, comment dire et sortir de moi tout ce que je n’avais pas dit à mon père, tout ce que je crevais de lui dire.
C’est dans le Studio Bagouet du Centre chorégraphique national de Montpellier lors du Festival Montpellier Danse qu’est donnée la pièce. La salle est plongée dans la nuit. L’espace est vaste, cela respire, un cube entre abstraction pure et petite chapelle campagnarde, lieu de discrète spiritualité. 

Au centre, au sol, un carré blanc illuminé, et à gauche, comme un vestige d’un jouet d’enfant abandonné, peut-être cassé ou brisé, blanc aussi.

Radhouane El Meddeb est debout, de dos, portant un jogging noir, torse et pieds nus. Il restera longtemps ainsi. La tête va pivoter de droite à gauche, et inversement, dans une amplitude modeste, de façon répétée et mécanique. On songe à un enfant qui dit non, ou plutôt à un enfant qui ne peut-veut pas voir quelque chose du réel. De même, toujours debout de dos, la tête va basculer vers l’avant et l’arrière, et inversement, fortement, longuement. Les bras s’animent. Comme pour éprouver l’existence d’un corps. Oui, c’est un corps, et non du plastique ou le bois d’une marionnette. 

Au bout de 26 minutes, le visage du chorégraphe apparaît pour la première fois. On dirait un portrait du peintre Francis Bacon. C’est magnifique. Et saisissant. Le visage va disparaître de nouveau. 

C’est une plongée profonde dans l’enfance. Le corps est pris de tremblements. On se dit que ce qui devait être donné (par la famille), ne l’a pas été. La demande (légitime) de l’enfant ne rencontre pas de réponse. Manques. Soubresauts. Et tentative pour que les blessures se colmatent enfin. 

On l’aura compris, il ne s’agit pas de divertissement ou d’engagement sociétal ou explicitement politique ou de discours théorique magistral (et sans conséquence). Mais de ce qui est premier, le soin, au sens de prendre soin de soi (et ainsi des autres). On sous-estime les dégâts des névroses familiales et de la violence qu'elles produisent contre soi et les autres, et pourtant on en fait les frais tous les jours dans le monde social. Radhouane El Meddeb explore avec courage et élégance, sans pathos, un sujet névralgique.
Fabien Rivière

Chorégraphes Associés - Lettre ouverte à la Ministre de la Culture : « Artistes à l'école » sans la Danse


Lettre ouverte - 5 juillet 2016 
Madame La Ministre,

Le 29 Juin 2016, vous annonciez parmi d'autres mesures, le lancement du dispositif Artistes à l'Ecole pour une centaine d'établissements dès la rentrée 2016.

Dans un premier temps, nous ne pouvons que nous réjouir d'un dispositif qui propose une présence forte de l'art et des artistes à l'école et ceci grâce à un partenariat avec Le Ministère de l'Éducation Nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Mais comment ne pas réagir quand, dans la liste des projets de créations et des résidences d'artistes envisagés par vos ministères, ceux des chorégraphes ne sont pas nommés. Nous y lisons ceux des comédiens et metteurs en scène, des musiciens et compositeurs et de tous les autres arts du spectacle vivant et des arts visuels, mais la danse, les danseurs et les chorégraphes ne sont même pas nommés...!
Nous espérons qu'il s'agit d'un oubli involontaire...

Nous tenons à vous rappeler que la danse possède dans ce domaine une expérience de presque quarante années. Que cette expertise, reconnue par le passé, et soutenue par les Ministères de la Culture et de l'Education Nationale, a donné lieu à la création à travers l'Association Danse au Cœur en 2002 d'un Pôle National de Ressources (aujourd'hui disparu). Nous sommes de très nombreux chorégraphes et danseurs à avoir été formés et avoir défendu l'art à l'école à travers tous ces projets qui ont encore lieu sur l'ensemble du territoire.

Ces projets et ateliers menés par les chorégraphes depuis les années 80 ont servi de modèles pour la création des classes APAC [à projet artistique et culturel] dans le cadre du plan pour les Arts et La Culture à l'Ecole initié par vos prédécesseurs en Décembre 2000.

Il nous semble aujourd'hui tout à fait incompréhensible que cette pratique artistique de la danse à l'école, éprouvée, théorisée, reconnue très largement soit absente d'un dispositif proposée par vos ministères.

Nous espérons une réponse claire sur ce sujet et serons très vigilants à ce que la danse ne soit pas, encore une fois, mise à l'écart des projets qui doivent jouer un rôle fondamental dans une démocratisation de l'art et pour laquelle nous sommes depuis longtemps très impliqués.

mardi 5 juillet 2016

Présence de Deborah Hay (« Figure a Sea »)



Portrait de Deborah Hay, Capture d'écran Espaces Magnétiques et Figure a Sea au Théâtre de l'Agora (Festival Montpellier Danse), Photos Fabien Rivière ©

Certains miracles sont encore possibles : qu'une compagnie aussi reconnue que le Ballet Cullberg, qui fêtera l'année prochaine ses 50 ans, commande une pièce à une chorégraphe importante mais discrète comme Deborah Hay. Née en 1941 à Brooklyn aux États-Unis, elle a 75 ans. 

La première de Figure a Sea, — en français Figurer une mer, au sens d'un espace de possibilités et de contemplation — a eu lieu en septembre 2015 à Stockholm à l'issue de six semaines de travail. La chorégraphe avait mené en amont des ateliers (ou workshops) et connaissait les interprètes. 

Le titre peut prêter à confusion. Il suffisait pour s'en convaincre d'écouter certaines conversations à l'issue de l'une des deux représentations données au Théâtre de l'Agora lors du festival Montpellier Danse. C'est Sea qui a retenu l'attention, et orienté le regard, à tort. Au début, on ne voit pas trop le rapport entre ce qui se passe sur le plateau et la mer. On songe au Beach Birds de Cunningham, une pièce de 1991, rare titre explicite (beaucoup plus que CRWDSPCR, Rondo, Loose Time, Xover, Native Green ou encore Un jour ou deux). Rapidement, on décide de ne pas s'y référer. Au départ, on peut certes observer de grands échassiers, prudents, certes un peu dégingandés. 

La scénographie, qui n'est pas créditée dans la feuille de salle, mais que signe celle qui a conçu les lumières, Minna Tiikkainen (assistée de Heikki Paasonen), est sobre mais expressive. Au sol, l'espace central est un vaste rectangle blanc bordé au pied du mur du fond d'une ligne de (sept) tubes de lumière blanche, espace de possible et d'invention. Tout autour, une surface noire, comme une menace constante d'entrave, qui introduit le poids de l'histoire (un 20° siècle tragique; pour les États-Unis, à l'extérieur du territoire, la guerre du Vietnam notamment, et à l'intérieur les luttes de libération pour les droits des minorités, un 21° siècle qui débute avec le 11 septembre). 

L'écriture de la danse est d'une richesse inouïe qui semble infinie, d'une grande fluidité, et qui jamais ne se répète. C'est une danse non violente, qui manifeste une foi dans l'humanité et dans la pluralité du vivant bouleversante. À rebours du cynisme et des rapports de forces et de domination. Il est possible de penser aux espoirs des années 60 dans une civilisation enfin pacifiée, même si la création ne montre pratiquement aucune mobilisation collective. La pièce se clôt par un sublime solo, de droite vers la gauche du plateau, rapide, vif comme un vol d'hirondelle, dont la trajectoire connaît de fréquents et élégants décrochages. 
Fabien Rivière
Les saluts à l'issue de Figure a Sea, Photo Fabien Rivière ©

Birgit Cullberg 
Le Ballet Cullberg est une compa-gnie de danse moderne puis contem-poraine fondée en 1967 en Suède par la chorégraphe Birgit Cullberg (1908 - 1999) qui l'a dirigé presque vingt ans, jusqu'en 1985. Elle compte actuellement 16 danseurs.  « La philosophie fondatrice est que tous les danseurs doivent être considérés comme des solistes et donc recevoir le même salaire », explique la biographie de la compagnie sur son site ICI. Se sont succédés à sa direction Mats Ek (1985-1993), le fils de Birgit CullbergCarolyn Carlson (1993-1995) en codirection avec Bertrand d'At (1993-1994)une codirection Lena Wennergren-Juras et Margareta Lidström (1995-2003), Johan Inger (2003-2009), Anna Grip (2010 - 30 août 2013), un comité artistique composé de Monica Fredriksson, Jane Hopper, Lisa Drake et Thomas Zamolo est nommé jusqu'au 31 décembre 2013, et Gabriel Smeets (cf. portrait ci-dessous) depuis le 1er mai 2014. Ce dernier vient du SNDO (School for New Dance Development) d'Amsterdam, école supérieure de danse.  

De  jeunes chorégraphes contemporains ont été sollicités ces dernières années pour des créations, comme Jefta van Dinther (Plateau Effect puis Protagonist) qui travaille entre Stockholm et Berlin, Trajal Harrell (The Return of the Modern Dance) et Eszter Salamon (Reproduction). Il est fait aussi appel à des créateurs confirmés comme Deborah Hay, le Canadien Benoît Lachambre (High heels too), Edouard Lock (11th Floor) et le Brésilien Christian Duarte (Against the Current, Glow). La troupe est installée au sud-ouest de la capitale Stockholm.

Gabriel Smeets dirige le Ballet Cullberg depuis le 1er mai 2014, Photo DR

lundi 4 juillet 2016

Opéra de Paris, 3° Scène - William Forsythe, Alignigung


 Alignigung
Auteur
William Forsythe (réalisation)


« Pendant des années, Rauf"RubberLegz"Yasit et moi-même avons axé nos travaux respectifs sur les stratégies chorégraphiques impliquant l’entrelacement du corps dans ses vides et ses creux son “negative space". Riley Watts avec The Forsythe Company a intensivement exploré ce genre d’entrelacements, ce que Rauf faisait aussi dans son propre travail. Ce film réunit ces trois axes de travail en entrelacent deux corps pour former ce que j’aime appeler «puzzles optiques». Dans ces entrelacements, il est clair pour le spectateur qu'il n'y a que deux personnes dans la composition. Néanmoins, la complexité de l’entrelacement de leurs deux corps crée des “ énigmes optiques" qui défient souvent la logique apparente de la situation. Le titre ALIGNIGUNG est également un mélange de deux langues. Le mot anglais align sonne comme le mot allein en allemand, ce qui signifie « seul ». Ce mot anglais a été inséré dans le mot allemand Einigung, ce qui signifie un accord. Ainsi, le résultat «entrelacé» est un jeu de mots et un néologisme, ce qui pourrait signifier l'alignement en accord avec soi-même et l’autre, solitairement. »
W. Forsythe