vendredi 14 décembre 2012

Au cinéma : Anna Halprin, le souffle de la danse

La France a découvert tardivement la danseuse, chorégraphe et pédagogue Anna Halprin. La révélation, le terme n'est pas excessif, a lieu lors de sa première venue, en 2004 au Centre Pompidou qui présente deux de ses œuvres, Parades & changes créée en 1965 mais qui n'a pas vieilli et Intensive Care. Reflexions on Death & Dying qui date de 2000 (en savoir plus). Née en 1920, elle a alors 84 ans. Pourtant, elle connaît l'Europe, sa compagnie ayant déjà joué notamment Esposizione au prestigieux et très bourgeois Théâtre de la Fenice à Venise en 1963 et en Suède Parades & changes en 1965. Dans le premier cas la réaction du public est violente, dans le second, tout va bien. Mais pas aux États-Unis, où la scène que l'on peut qualifier de nudité tranquille ne passe pas, et est même qualifiée d'«attentat à la pudeur» (en anglais, «indecent exposure»).

Dans le très riche documentaire du Suisse Ruedi Gerber le passé incroyable de cette femme courageuse est déployé à travers des images d'archives, et son présent, puisqu'elle continue à travailler, à travers le témoignage de ses collaborateurs de l'époque et de ses deux filles. Elle a suivi son mari architecte Larry Halprin en Californie. Sa maison en bois est construite au milieu d'arbres immenses et ce qu'ils nomment une "plate-forme", en bois et en plein air, devant la maison, permet de danser.   

Elle a pris ses distances assez tôt avec la danse moderne américaine, refusant le style prédéterminé qu'il impose au corps. Elle ne croit pas non plus que le théâtre soit le seul lieu où la danse est présente. Elle la voit dans chaque mouvement de la vie, des humains ou des nuages. Elle aime à dire qu'il est très important d'être lié ou relié (en anglais, «connected») au monde. Etre lié aux vivants, à la nature, mais pourquoi pas aussi aux esprits. 

Il ne s'agit pas d'un gentil discours théorique et auto-valorisant, mais bien d'une pratique constante. Ainsi, à la suite des émeutes en Californie en 1965 des populations noires, elle explique vouloir « honorer le peuple noir ». Elle organise des stages avec des interprètes noirs et les intègre dans sa compagnie, ce qui pour l'époque est littéralement extra-ordinaire. 

Elle explique sans pathos comment elle a surmonté un cancer diagnostiqué en 1972 qu'elle découvre de façon stupéfiante grâce à un dessin. Elle a aussi travaillé avec des séropositifs. 

Elle n'a pas peur du corps âgé, le sien ou celui des autres, qu'elle célèbre à sa façon sans misérabilisme.    

Il ne faut pas tarder à aller voir ce film, car les logiques de rentabilité risquent fort de le faire disparaître rapidement des écrans : nous étions moins de 10 dans la salle à la séance de 20h30 ce jeudi. 

PS. On notera deux erreurs dans les sous-titres français : Simone Forti existe, et non Simone Forte, de même Yvonne Rainer et non Yvan Rainer. Par ailleurs, à quelques reprises, lors de la projection à l'Espace Saint Michel (Paris 5°), la seconde ligne du sous-titre descend hors de l'écran et devient illisible. Prévenu, le projectionniste explique que cela vient du film et non de la projection. Cela n'a pas l'air de beaucoup le préoccuper. Enfin, le dossier de presse indique qu'il s'agit du «premier film sur la carrière» d'Anna Halprin. C'est inexact : la Française Jacqueline Caux site a réalisé deux forts bons documentaires : Anna Halprin - Out Of Boundaries (53 minutes, 2004) site et Anna Halprin - Who Says I Have to Dance in a Theater  (50 minutes, 2006) site.  

Anna Halprin Le souffle de la danse, par Ruedi Gerber, USA, 2009, 80 minutes.
Toutes les séances

Site du film (français, english, deutsch)  -  Facebook du film

– Quand rien n'est précisé, le film sort le 12 décembre : 
Strasbourg - Star, sortie le 30/01/2013
Marseille - Alhambra, sortie le 09/01/2013
Grenoble - Méliès, sortie le 02/01/2013
     Bande-annonce du film     

     Interview du réalisateur, Ruedi Gerber     

mardi 11 décembre 2012

Cinémas : 3 pièces du Nederlands Dans Theatre retransmises en direct le 20 décembre à 20h

Dans le cadre d'une saison 2012-2013 composée de 4 soirées de retransmissions en direct dans 500 salles de cinéma dans le monde, dont plus de 100 en France, de pièces du Nederlands Dans Theatre (NDT), la deuxième soirée propose le jeudi 20 décembre 2012 à 20 heures, trois pièces de Sol León et Paul Lightfoot, ce dernier étant le directeur artistique du NDT (SH-Boom, Shoot The Moon et Same Difference). www.pathelive.com
– Durée : 2h05. Avec le NDT 1, composé de danseurs âgés de 23 à 42 ans (le NDT 2 concerne des danseurs de 16 à 23 ans).  
– Précédente soirée : le 15 novembre, 20h, Soirée avec... Jiří Kylián, Medhi Walerski et León & Lightfoot. Prochaines soirées : jeudi 7 février 2013, 20h, Une soirée avec... Crystal Pite, et jeudi 30 mai 2013, 20h, Une soirée avec... Ekman, Eyal & Gai Behar, León & Lightfoot. 
Paul Lightfoot et Sol León, Photo DR
  Shoot the Moon   de Paul Lightfoot et Sol León 

  Same Difference   de Paul Lightfoot et Sol León

Le Français Mounir devient champion du monde de breakdance à Rio de Janeiro

À 28 ans, le Français Mounir a remporté dans la nuit de samedi 8 à dimanche 9 décembre le championnat du monde de breakdance lors de la 9° édition du Red Bull BC One, à Rio de Janeiro (Brésil).  En savoir +  

Saint-Malo (Bretagne). Le B-Boy danseur malouin Junior sort en demi-finale contre l'Angevin Mounir, Ouest-france.fr, 9 déc. 2012. ICI
    Demi-finale Junior contre Mounir    


   Finale entre Mounir et Differ (Corée)  


    Intégralité de la finale    

dimanche 9 décembre 2012

Interview et actualités Belges de Jan Fabre

La Libre Belgique vient de publier le 8 novembre une longue et très intéressante interview de Jan Fabre ICI à l'occasion d'un numéro spécial Anvers, où il réside depuis toujours.
Il y est question notamment de son actualité artistique chargée. 

      SPECTACLES VIVANTS    

– Deux représentations théâtrales tournent actuellement : l'une d'une durée de 8 heures, C’est du théâtre comme c’était à espérer et à prévoir (qui date de 1982), et une de 4h30, Le pouvoir des folies théâtrales (1984). Site de la compagnie
C'est du théâtre comme c'était à espérer et à prévoir, Photo Wonge Bergmann
Le pouvoir des folies théâtrales, au centre nu Wim Vandekeybus, 1984, Photo P. T. Sellitto 

        EXPOSITIONS        

– À Eupen, Belgique (à 30km à l'est de Liège, à la frontière avec l'Allemagne) : 
Jan Fabre. Insektenzeichnungen & Insektenskulpturen 1975-1979 [en français, Jan Fabre. Sculptures et dessins d'insectes 1975-1979] présente à l'ikob - Museum für Zeitgenössische Kunst [en français, Musée d'art Contemporain] les œuvres de jeunesse de Jan Fabre. 
« Cette exposition exclusive dévoilera que les motifs et les idées mises en évidence à l’époque, restent omniprésents dans son travail actuel. » (on peut aussi lire l'article de La Libre Belgique ICI
Du 25 novembre 2012 au 24 mars 2013. Site du musée ICI  


– À Bruxelles, Belgique :
Jan Fabre. Chapters I-XVIII Waxes & Bronzes [Jan Fabre. Chapitres I-XVIII Cires et Bronzes], Aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique Site. Du 12 octobre 2012 au 27 janvier 2013. 
« L'exposition se situe dans le circuit des salles consacrées aux Maîtres anciens. Grâce à une série de 18 bustes en bronze et 18 en cire aux têtes d'animaux fascinantes munies de cornes et d’oreilles, il crée une galerie de sculptures classiques et traite les significations possibles de l'autoportrait - image de soi. Le catalogue "Jan Fabre. Chapitres I-XVIII Cires et Bronzes" (NL - FR - EN) est réimprimé pour l'occasion. »   
Angelos bvba, Photo Pat Verbruggen

– À Knokke-Heist (au nord de Bruges, sur la côte et le long de la frontière avec les Pays-Bas) : 
Jan Fabre. Chalcosoma. Petits bronzes 2006-2012, Galerie Pieters Site. Du 4 novembre 2012 au 13 janvier 2013.


– À Anvers, Belgique : 
Cross-Examinations #3 These and other works. Explaining Belgian Art To A Foreigner (exposition collective), Au Extra City Antwerpen Site. Du 23 novembre au 30 décembre 2012.  
  
– À Gand, Belgique : 
Ensemblematic (exposition collective), Au S.M.A.K. Site. Du 15 septembre 2012 au 10 février 2013. 

Paris : L'Autre, de Claudio Stellato au Tarmac

Claudio Stellato, Photo Rosanna Bandieri
Claudio Stellato est né à Milan en 1977, et vit à Bru-xelles.
Sa dernière création, L'Autre, est présentée au Tarmac (Paris, 20°), du mardi 18 au samedi 22 décembre. En savoir +
La pièce tourne en France et Europe (Calendrier - www.l-autre.be - Facebook de Claudio Stellato).

Palestine : l’engagement des ballets C de la B

On trouve sur le site des ballets C de la B, basés à Gent (ou Gand) en Belgique, où officie Alain Platel, ce texte, que nous publions pour information, in extenso et avec son visuel (page consultée le 1er décembre 2012, ici). 


Point de vue concernant le boycott culturel à l’égard d’Israël 

Les ballets C de la B ne jouent pas en Israël. Voici notre point de vue relatif à nos soutiens actif du boycott culturel à l'égard d'Israël.

Depuis novembre 2004, notamment après le décès d’Arafat, il semble que la situation en Israël et dans les Territoires Occupés évolue de manière positive. On notera tout d’abord le démantèlement des colonies dans la Bande de Gaza, la libération de prisonniers palestiniens et, élément très important, la diminution sensible du nombre des attentats mortels. Mais il n’en reste pas moins que la réalité reste très dure pour les Palestiniens, comme nous avons pu l’apprendre de notre collaboration avec des artistes palestiniens à Ramallah. L’occupation des territoires palestiniens se poursuit, l’oppression et la discrimination du peuple palestinien également, et de nouvelles colonies sont toujours construites dans des territoires palestiniens. Et puis, il y a bien sûr le 'Mur de la Honte', que plus personne ne peut ignorer.

Jusqu’à ce jour, nous considérons la situation et le traitement des Palestiniens, en Israël et dans les Territoires Occupés, comme fondamentalement injustes. Tant que le gouvernement israélien, en concertation avec les autorités palestiniennes, n’aura pas pris de mesures radicales afin de mettre fin à ce que nous qualifions d’oppression, d’humiliation et de traitement raciste du peuple palestinien, nous considérerons, en tant que compagnie, que donner une représentation en Israël constituerait un soutien indirect à cette occupation et à cette oppression.

Nous pensons que les citoyens israéliens et plus particulièrement les artistes et les travailleurs du secteur culturel en Israël, doivent entreprendre des actions afin de dénoncer et de lutter contre les situations intolérables provoquées par leur gouvernement.

Un boycott culturel constitue, selon nous, un moyen légitime, clair et non violent d’accroître la pression sur les responsables. Parallèlement, nous souhaitons continuer à développer, en collaboration avec des artistes israéliens, une réflexion quant au soutien possible de leurs actions, de même que nous souhaitons poursuivre le dialogue. Nous savons qu’il est extrêmement difficile pour eux de mener ces actions, sans devoir en subir les conséquences directes à leurs dépens.

Nous avons pu comprendre, du fait de notre collaboration avec des artistes palestiniens, que les activités culturelles menées en Israël avec la participation d’artistes palestiniens, ne sont que trop souvent utilisées pour dissimuler la réalité. Entre-temps, le ‘Mur de la Honte’ est toujours là, des faits horribles se déroulent aux points de contrôle et en d’autres endroits, et de nouvelles colonies sont bâties dans les Territoires Occupés. Tant que l’occupation et l’oppression se poursuivront, la collaboration entre artistes palestiniens et israéliens sera toujours celle d’ 'opprimés' par rapport à des 'oppresseurs' et ne pourra donc être considérée comme étant équilibrée.

C’est la raison pour laquelle nous voulons soutenir activement un boycott culturel à l’égard de Israël.

Nous souhaitons pour terminer insister sur le fait que nous réévaluerons régulièrement notre point de vue. Pour cela, nous utiliserons les informations que nous obtenons de nos interlocuteurs tant israéliens que palestiniens. Dès que nous modifierons ce point de vue, nous ne manquerons pas de le faire savoir publiquement.

Vous trouvez plus d’infos sur notre engagement pour Palestine en cliquant  ici.

Jonathan Klein, 17 ans, danseur classique


Jonathan Klein devant le jury de La France a un incroyable talent, 1/4 de finale, 30 octobre 2012,  sur M6 
         1/4 de finale de La France a un incroyable talent - 30 octobre 2012   

        1ère 1/2 finale de La France a un incroyable talent - 5 décembre 2012   

INTERVIEW Jonathan, éliminé d'Incroyable Talent : « La danse classique n'a pas sa place à la télévision », Ladepeche.fr, 7 décembre 2012. ICI