samedi 30 septembre 2023

Katerina Andreou en chantier («Mourn Baby Mourn»)

Vue d'une partie de la scénographie de Mourn Baby Mourn de Katerina Andreou
à l'issue de la représentation, Photo Fabien Rivière 

Comment se nomme la nouvelle création de la grecque installée en France Katerina Andreou ? Mourn Baby Mourn, en français Deuil Bébé Deuil, et elle était visible au Centre Pompidou à Paris. Le plateau ? Un sol noir, des parpaings en son centre en vrac, et des tubes lumineux blancs surtout et certains oranges, posés au sol en bord de scène, qui cadrent l'espace dans un rectangle. L'action ? Un solo qu'elle interprète.

Elle entre en scène et va se saisir des parpaings l'un après l'autre, comme pour poursuivre la construction d'un mur. Si l'on songe à la pièce précédente, le duo Zeppelin Bend (notre article Résister avec Katerina Andreou ?), on retrouve l'usage de matériaux bruts, alors des pneus, des cordes et des formes ressemblant à des pylônes, posant déjà la question du genre, puisque plutôt mobilisés par et associés à l'homme. 

On peut y voir aussi (surtout ?) la volonté consciente ou pas non pas de construire une fiction, mais de s'affronter courageusement au réel, tel qu'il est. On peut citer alors le psychanalyste Jacques Lacan qui déclarait : « Le réel, c’est quand on se cogne » (synthèse de la citation originelle : « (...) quand on se cogne, le réel, c’est l’impossible à pénétrer »). D'un côté le mur dans sa matérialité et son objectivité, de l'autre les pensées subjectives d'une femme qui sont projetées sur lui en lettres majuscules blanches, et qui témoignent d'une certaine perplexité.   

C'est un chantier. Il le restera. Ce n'est vraiment pas grave. D'un format qui en plus ne colle pas aux exigences du marché de la danse, puisqu'il dure 40 minutes, et non une heure. Essayer de construire, ok, mais quoi au juste (et, question subsidiaire, avec qui ?) ? Elle va lâcher l'affaire (un temps ?) et partir dans l'espace terrestre, puis va se hisser en haut du mur, s'y asseoir, et se retrouver projetée dans l'espace-temps un temps, sans qu'on sache si c'est un jeu vidéo ou une conquête spatiale ici ou ailleurs, une réalité, une vision, un fantasme, un rêve. Peu importe. 

Pour quel futur ? Comment faire ? L'artiste n'a pas de réponse. Même si le chantier est l'endroit où s'expérimente normalement les méthodes, les matériaux, et les façons de les coordonner. 

La dimension politique de la proposition peut échapper. La chorégraphe déclare cependant dans le programme de salle : « Dans les années 1990, en tant qu’enfant puis adolescente, je pense qu’il y avait un espoir. C’est aussi romantique que ça. En Grèce, il y avait même eu un boom d’espoir, avec l’adhésion à l’Union Européenne, les premières chaînes de télévisions privées, etc. Nous sortions de la dictature et allions vers l’Union Européenne, sans trop savoir ce qu’il y avait entre les deux. Le gouvernement socialiste avait comme logo un soleil qui se lève. Il y avait une promesse de modernisation et de changement, d’ouverture et d’un passage – si je peux me permettre – de la périphérie au centre, de l’Est à l’Ouest… L’idée du progrès était vague et plus elle se concrétisait plus elle perdait en justesse et en inclusivité. Très vite, cette bulle a explosé et elle était vide. Dès 2008, avant même que la crise économique n’éclate, le manque de capacité à espérer ou même à se projeter était évident. » Et : « Ce qui me motive, ce n’est pas le progrès ni une promesse mais bien l’inverse: la détresse et le fait qu’il n’y ait rien. » Enfin : « (...) je tourne en boucle, c’est ma manière de danser. »  N'est-ce pas le synonyme de tourner en rond ? Une conscience de la gravité de la situation, mais pas vraiment d'outils pour penser le monde, ni même d'engagement dans le réel. D'où la figure du mur en parpaings. Il existe pourtant des gens qui essaient de penser la situation, s'engagent et agissent. Les sciences humaines fournissent des ressources. Bref, n'est-ce pas l'autre mot de dépolitisation qui s'exprime ? Et n'est-ce pas une situation partagée par beaucoup d'artistes de la danse contemporaine ? Que faire, disait Lénine ? En effet, que faire ?   
Fabien Rivière
Mourn Baby Mourn, de Katerina Andeou, Centre Pompidou (Paris), 27 - 30 septembre. En savoir +  

PS. Le Centre Pompidou ne doit pas oublier qu'il est un lieu international. Ainsi, en sortant de la représentation j'ai discuté avec un couple de jeunes suisses allemands sympathiques de Bâle ne comprenant pas le français (mais l'anglais), et donc doublement perplexes ou perdus. Par hasard juste avant j'avais trouvé le texte de la traduction anglaise du spectacle, abandonné quelque part, que je leur ai communiqué. De quoi les satisfaire. Bref, le sous-titrage s'impose. 

TOURNÉE  > ICI  

mercredi 27 septembre 2023

mardi 26 septembre 2023

Adi Boutrous en pleines « Reflections » ?

Saluts à l'issue de Reflections, Photo Fabien Rivière

Le danseur et chorégraphe israélien Adi Boutrous présente au Théâtre de la Ville - Les Abbesses Reflections, en français Réflexions, d'une durée d'environ 55 minutes (annoncée 1h10). Les interprètes de ce quintette prennent successivement un ensemble de pauses, sans discontinuer, le silence alternant avec la musique ancienneLe programme expliquant l'intérêt du créateur pour la peinture de la Renaissance, qu'il nomme « l'urgence d'un retour aux sources ». La nature de cette urgence et de ces sources n'est pas précisée. 

En français, 'réflexions' a deux sens : le travail de la pensée, et le reflet d'une image par un miroir par exemple. Soit une situation active, et une passive. Ici c'est la seconde définition qui est retenue. On veut bien croire que les peintures qui sont reproduites corporellement sur scène sont intéressantes (on ne verra jamais les tableaux originaux). Mais quel est l'intérêt de les reproduire sur scène justement ? Est-ce qu'on n'appauvrit pas considérablement les choses ? Ce travail d'enchevêtrement non stop des corps, dans une sorte de slow motion sans fin, atteint assez vite ses limites. 

Dans le même programme, Adi Boutrous, chrétien, explique qu'il ne veut pas faire une pièce religieuse (soit, mais les textes officiels ne sont pas les seuls, il existe aussi les textes apocryphes, c'est-à-dire écartés par la tradition ; deux tomes publiés en 2019 à La Pléiade respectivement de 1782 et 2156 pages quand même, Écrits apocryphes chrétiens ICI). Il est uniquement intéressé par « la spiritualité ». De la même façon, qu'est-ce que cela signifie ? Sans doute parle-t-il « du cycle de la vie, de la naissance à la mort » et « de douleur, de souffrance et de blessures reçues », cependant sur le plateau tout est propre, comme vidé de tout, évidé. 

Enfin, il affirme vouloir « apprendre des choses sur soi-même à travers les autres et leurs œuvres ». Est-ce un vœu pieux ou l'acceptation réelle de la critique, contre les logiques haineuses de censures actuelles proliférantes ?  
 Fabien Rivière
Reflections, d'Adi Boutrous, Théâtre de la Ville - Les Abbesses, 25 - 30 septembre 2023. En savoir + 

dimanche 24 septembre 2023

Deux regards sur la nuit (Maud Blandel, «L'Œil nu» et Calixto Neto, «IL FAUX») - Genève, La Bâtie

Calixto Neto dans IL FAUX, Photo Benjamin Boar

Ils étaient programmés le même soir, mais pas dans le même lieu, lors de La Bâtie - Festival de Genève (Suisse). On découvre qu'ils partagent un même courage, assez rare, de s'affronter au réel, explicitement. 

D'abord le brésilien installé en France depuis dix ans Calixto Neto avec un solo qu'il interprète, IL FAUX, sous-titré Pièce de danse pour un corps dépossédé, au Théâtre Pitoëff, situé au premier étage d'une solide bâtisse inaugurée en 1909, à la façade en briques, à l'intérieur doux et coloré notamment par une très belle fresque dans l'escalier qui mène au lieu de la représentation (cf. ci-dessous), et un élégant dallage. Une femme explique que l'espace est trop petit pour le projet et que le chorégraphe a dû s'adapter. Il est déjà là quand nous entrons, nous observant tranquillement et silencieusement. Derrière lui, deux très grandes feuilles de papier kraft soutenus au tiers de la hauteur par des filins pour l'une, des cordes pour l'autre.

Photo Fabien Rivière
Fragment de la fresque, Théâtre Pitoëff, Photo Fabien Rivière

Assis en tailleur face au public, il prend la parole dans un excellent français. Il tient à nous parler, rappelant l'étymologie du mot kraft, mot allemand qui signifie forceen raison de la résistance du papier produit, mais au Brésil suggère plutôt l'idée de couleur, qui oppose le blanc considéré comme plus légitime que le noir.   

Dans un texte publié dans le programme, le chorégraphe expose son ambitieux projet, citant l’écrivain étasunien noir Ta-Nehesi Coates qui s'inquiète de la condition de l'homme noir aux États-Unis, c'est-à-dire qui risque à tout moment d'être abattu par la police. L'exposition de la problématique dure 20 minutes ce qui est un peu long. Fallait-il se limiter à cinq minutes ? 

Il élabore sous nos yeux avec le papier kraft une marionnette magnifique à laquelle il donne vie, d'une vitalité éclatante et réjouissante. À l'issue de dix minutes il l'assassine sauvagement. Ce n'est que quelques heures plus tard que je réalise qu'il s'agit peut-être d'une métaphore de l'homme noir dans nos sociétés.    

Enfin, dans la demie-heure restante, il danse un solo, que l'on suit un temps avec intérêt puis que l'on perd un peu en route. S'il cherche dit-il les forces qui sont à l'origine des meurtres des corps noirs, quelle-s réponse-s propose-t-il ? Poser des questions, c'est déjà beaucoup, certes. Les questions sont passionnantes, mais pour quelle-s réponse-s et, surtout, pour quelle-s incarnation-s ? Cela exige-t-il de mobiliser les sciences humaines, aussi ? 

L'Œil nu, de Maud Blandel, Photos Pascal Gely 

.
On découvre la nouvelle création de la suisse Maud Blandel, L'Œil nu, au Pavillon ADC, soit Association pour la danse contemporaine Genève, inauguré en mars 2021, bâtiment tout en bois, projet qui a réussi à aboutir à l'issue de 23 ans de luttes.  

L'espace, vide et noir, suggère un entrepôt fonctionnel où se retrouveraient six jeunes, cinq jeunes femmes et un jeune homme. Debout face à nous en train de jouer à la pétanque avec... des boules en mousse. La question des différentes modalités de l'être ensemble se pose déjà, qui ne va cesser de travailler la proposition. Passé ce court préambule, ils se dispersent dans l'espace mais restent constamment connectés les uns aux autres. Dans un premier temps visages et attitudes glaciales, puis dans un second détendus et disponibles. 

En fond de plateau est disposé un élégant et sobre lecteur de bande magnétique métallique et noir Revox, comme maître du temps, qui diffuse la remarquable bande-son élaborée par Maud Blandel, Denis Rollet et Flavio Virzì. Ainsi, un saisissant rap américain qui pulse puissamment comme un cœur qui bat, renverse tout, accompagne un drame qu'il ne faut pas dévoiler. Tragédie privée qui submerge l'espace, implosion - explosion, contrebalancée par d'intenses et sympathiques battles un contre un. 

C'est une longue marche dans la nuit, au propre comme au figuré, traversée des fulgurances de la vie, dont on sort bouleversé et réjoui. 
Fabien Rivière

PS. Par ailleurs, on ne peut que saluer l'initiative consistant à proposer trois pièces lors de trois soirées distinctes d'un des chorégraphes les plus importants de sa génération, le libanais Ali Chahrour, qui vit toujours à Beyrouth, avec le fort bon Du temps où ma mère racontait (ICI), le magnifique The Love Behind My Eyes (ICI, notre article Puissance du mystère chez Ali Chahrour), et la dernière création, Iza Hawa (ICI). 
Après un triptyque consacré à l'islam, le chorégraphe a élaboré un second triptyque sur l'amour, constitué de Night (2019), Du temps où ma mère racontait  (2020), et The Love Behind My Eyes (2020). Ali Chahrour précise qu'Iza Hawa « est la quatrième pièce de ce qui devait initialement être une trilogie [sur l'amour]. Je devais entamer une nouvelle trilogie sur la peur cette année, mais nous l’avons reportée pour des raisons politiques, parce qu’il s’agit d’un sujet sensible. Nous travaillerons sur le premier chapitre en 2024. »

— Calixto Neto, IL FAUX :  En savoir +
— Maud Blandel, L'Œil nu : En savoir +  
Avec Karine Dahouindji, Maya Masse, Tilouna Morel, Ana Teresa Pereira, Romane Peytavin et Simon Ramseier.

TOURNÉE  Maud Blandel
ICI (Pantin, Angers, Marseille ; autres dates à venir) 

samedi 23 septembre 2023

Comment résister à l'Intelligence Artificielle ?

Cette photo n'a pas été générée par l'Intelligence Artificelle, Commerce, Photo Fabien Rivière

En quelques mois 15 milliards d’images ont été produites au moyen de l’intelligence artificielle (IA), soit plus que la totalité des photographies prises dans le monde depuis Nicéphore Niépce (1765 - 1833), l'inventeur de la photographie ! Avec la mondialisation et le développement exponentiel des techniques numériques, la propriété intellectuelle est devenue un enjeu de société et plus que jamais les artistes doivent faire entendre leur voix pour réaffirmer leurs droits.

En France, les professionnels tentent de s'organiser. Ainsi, lors d'une conférence de presse le 19 septembre dernier à l'occasion de ses 70 ans, l’ADAGP, société d’auteurs d’arts graphiques et plastiques, qui représente des milliers d’artistes « visuels » – peintres, sculpteurs, photographes, architectes, designers, dessinateurs de comics, illustrateurs, affichistes, infographistes, vidéastes, graffistes, muralistes… – a pris position. 

Elle est l'interlocutrice des acteurs du monde de l’art – musées, éditeurs, commissaires-priseurs, galeristes, producteurs, télédiffuseurs, et assure « la perception et la répartition des droits d’auteur, en France comme à l’international, pour tous les modes d’exploitation : livres, presse, produits dérivés, télévision, vidéo à la demande, projections publiques, sites web, applications numériques ».

Thierry Maillard, le directeur juridique de l’ADAGP, a été très pointu sur ce sujet. Il s’est référé à la note du 23 mai 2023 publiée sur le site (ICI) et a rappelé les points qui sont à régler en priorité : 
— le consentement des auteurs à l’utilisation de leurs œuvres ; 
— leur rémunération grâce à l’introduction d’un mécanisme de compensation équitable en application des conventions internationales (Berne, Traité de l’OMPI, Accord sur les ADPIC) ; 
— et l’obligation de transparence vis-à-vis des créateurs (qui doivent disposer d’un droit d’accès pour connaître les œuvres et données les concernant utilisées dans la fouille de données), comme du public, qui doit être informé de l’origine – auteur humain ou IA – des créations mises à disposition. 

Ces points une fois traités permettront de résister à l’IA en général et l’IA « générative » ou « créative » en particulier (ChatGPT, Midjourney, Dall-E, Stable Diffusion). Beaucoup reste à faire. 
Nicolas Villodre
— Colloque sur le droit d'auteur : « PARCOURS L’œuvre d’art à la trace » En savoir +
Organisé pour les 70 ans de l’ADAGP 
Jeudi 30 novembre 2023 - Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand

ADAGP, comme Action 
Cette société civile à but non lucratif mène aussi des actions d’aide à la création, à la promotion des œuvres et à la formation des artistes, ne se bornant pas à reverser des droits aux auteurs ou à leurs représentants. A été créé à cet effet un fonds de soutien s’adressant aux adhérents de plus d’un an. De nombreuses dotations réparties en six catégories vont de 1500 à 6000 euros chacune permettent de réaliser les projets retenus. Par ailleurs, elle défend aussi les intérêts des auteurs auprès des pouvoirs publics et des institutions européennes et extra-européennes pour que le droit d’auteur soit une protection efficace des artistes et de leurs œuvres.

jeudi 21 septembre 2023

Conférences et tables rondes - Lancement du «Répertoire des contredanses (1762-1788)»

"Partitions de contredanses publiées par Landrin", (vers 1770). Paris,
Bibliothèque nationale de France - Bibliothèque musée de l'Opéra


Peut-on transmettre une danse par une partition ? En 1762 apparaît le Répertoire des bals, publication qui propose un modèle de partition de contredanse figurant les schémas des déplacements et portées musicales, et répondant au développement d’une pratique plus populaire des danses de société. Un millier de partitions de contredanse sont ainsi publiées jusqu’en 1788. Après deux ans d’enquête dans les bibliothèques françaises et internationales, la base de données proposera de croiser recueils factices et séries éditoriales, permettant ainsi de reconstituer des réseaux de collaborations : un corpus remarquable pour l’histoire de la danse, mais aussi pour l’histoire du livre et de l’estampe.

Organisation
Pauline Chevalier (INHA) et Johanna Daniel (INHA)

Intervenants
Pascale Cugy (université Rennes 2), Irène Feste (chercheuse, danseuse et chorégraphe), Marie Glon (université de Lille) et Guillaume Jablonka (chercheur, danseur et chorégraphe)

Programme de recherche
« Chorégraphies. Écriture et dessin, signe et image, dans les processus de création et de transmission chorégraphiques » (domaine Histoire des disciplines et des techniques artistiques)

Mardi 26 Septembre 2023 - 17:00 - 20:00
Adresse : INHA, Galerie Colbert, Auditorium Jacqueline Lichtenstein
2 rue Vivienne 75002 Paris - 75002

— La Rencontre sera diffusée bientôt sur la chaîne YouTube de l'INHA  > ICI   

mercredi 20 septembre 2023

Cinéma - Germain, l'homme touché par la danse contemporaine (« Last Dance! »)


Pour commencer, on pourrait rappeler ce slogan bien connu, que nous utiliserons cependant dans un tout autre contexte : « Soyons attentifs, ensemble ». Il s'agit bien ici de distinguer le film de fiction Last Dance!, avec un point d'exclamation, de la jeune cinéaste suisse Delphine Lehericey, visible sur grands écrans depuis aujourd'hui, du documentaire situé en Nouvelle Orléans (États-Unis), Last Dance, de la jeune française Coline Abert, sorti en salles le 22 février dernier, dont le DVD et la VOD sont disponibles depuis le 15 septembre (nous y reviendrons). 

Germain est un paisible retraité (interprété par François Berléand), encore empli d'amour pour sa femme (et inversement), et plus largement, très entouré familialement. Mais la vie va chambouler ce sympathique ordonnancement. Il se retrouve alors abruptement à devoir participer à une création de danse contemporaine qui mêle professionnel-le-s et amateurs sous la direction de la souriante performeuse et chorégraphe espagnole qui joue ici son propre rôle, La Ribot (prononcer : la ribote). Il ne devra pas reproduire mécaniquement une chorégraphie décidée à l'avance, mais découvrira son corps, expérience étonnante, agaçante, mais finalement bouleversante. La réalisatrice réussit à donner accès à une discipline réputée difficile.  

La famille est un peu collante pour le moins, qui mêle trois générations, avec des jeunes plus charmants que les plus âgés. C'est une comédie existentielle humaine et tendre où il est possible de pleurer.    
Fabien Rivière
Last Dance! est déjà sorti sur les écrans belges et suisses. C'est une co-production suisso-belge.

lundi 18 septembre 2023

mercredi 13 septembre 2023

Métamorphoses de Mithkal Alzghair (« Clameurs »)

Mithkal Alzghair, Photo DR

Avec le solo qu'il signe et interprète, Clameurs, d'une durée de 45 minutes, le danseur et chorégraphe syrien réfugié en France Mithkal Alzghair, 1er prix du concours Danse élargie en 2016 pour un trio (notre article et photos), pose un geste artistique radical. Il choisit l'épure, comme dessinée au fusain, ce carbone fossilisé, fibreux, noir et opaque. Il s'avance sur un sol présent depuis des millénaires, où quelques formes abstraites suggèrent des flaques d'eau. Il semble se poser la question : « Qu'est-ce qu'un être humain ? », et répondre : un être debout. 

Il déploie ses bras qui vont demeurer tendus vers l'arrière du corps longtemps, dans de subtiles variations. Il est pied nu, porte un pantalon sombre, et une veste gris clair sur un torse nu. Bien que toujours en appui sur le sol, il semble flotter de façon vertigineuse dans l'espace, dans un état de suspension, immobile, méditatif, songeur, observateur, témoin du monde. Peut-être s'agit-il d'un esprit, ou d'un ange. Puis il marche sur cette terre. Se retrouve-t-il dans une prison ? Est-il confronté à ses geôliers, qu'il implore, sans succès. Il est genou à terre, avant d'être abattu, comme un chien ? La condition humaine, n'est-ce pas ? Il va ramper, se redresser, frapper le sol. Il marche de nouveau, de façon mécanique, dégingandé, entre sérieux et absurde, légèreté et humour, comme un petit personnage de bande dessinée. La proposition n'est donc pas aussi sombre, et répétitive, que certain-e-s (beaucoup ?) prétendent. C'est une méditation. Il s'y trouve constamment un espace immense où l'on peut respirer, sans pathos. 

Ces formes abstraites au sol dessinent alors les continents, éparpillés, comme un puzzle. Il se penche pour les rassembler, doucement. Il prend soin du monde. Mais, à la fin, il donne le sentiment d'abandonner, découragé.  
Fabien Rivière
Focus Jeunes chorégraphes - Danse élargie 
Théâtre de la Ville - Les Abbesses
— Focus Jeunes créateurs # 1          (07-08/09)     En savoir +
Amit Noy A Big Big  Room Full of Everybody's Hope 
Ionna Paraskevopoulou  Coconut Effect 

— Focus Jeunes créateurs # 2         (11-12/09)    En savoir +
Mithkal Alzghair  Clameurs
Dalila Belaza  Rive 

— Focus Jeunes créateurs # 3     (15-16/09)    En savoir +
Rémi Esterle  Hug
Nicolas Barry  Grand Crié

— Focus Jeunes créateurs # 4       (20-21/09)   En savoir + 
Formats courts

mardi 12 septembre 2023

Cinéma - Michel Gondry s'amuse : « Le Livre des solutions » ou la vie mode d'emploi


Le dernier film (en date) de Michel Gondry, Le Livre des solutions (2023), est réjouissant à voir, dans la lignée de son Be Kind Rewind (2008), bien qu’il ait été classé dans le genre « comédies dramatiques ». Le réalisateur est venu en personne le commenter à la suite de la projection qui nous a été offerte en primeur au Centre Pompidou et a confirmé qu’il était en grande partie autobiographique. Le comédien Pierre Niney jouant son rôle avec grande finesse.

Paradoxalement, pour traiter de cinéma à l’ancienne – de film expérimental, d’auteur, d’animation, tourné au caméscope analogique avec des bouts de ficelle –, Gondry, cinéaste aujourd’hui reconnu grâce à ses clips musicaux (The Chemical Brothers, Daft Punk, IAM, Beck, The White Stripes, Steriogram, The Vines, Björk, Oui Oui, The Polyphonic Spree, Massive Attack, Etienne Daho, Michael Andrews & Gary Jules, The Rolling Stones) et à ses succès au box-office, a bénéficié d’importants moyens de production. Ce long métrage a pour sujet le 7° Art et les affres du créateur, incapable, pour diverses raisons, de mettre fin à son « work in progress ». Tourné, pour les premières scènes, à Paris (aux Champs-Élysées, là où siégeaient les maisons de production avant leur délocalisation du côté de Belleville), et, pour tout le reste, en Occitanie (dans les Cévennes), notamment à Villemagne, le film n’a rien de rétrograde – on n’est jamais dans l’esthétique « Amélie Poulain ».

Le réalisme le partage avec le surréalisme. Le cadre campagnard, les mouches et les insectes constamment captés par les objectifs de la maison Zeiss, le casting « anti-star » assumé – qui n’est pas poussé jusqu’aux tronches chères à Fellini ou à Mocky –, le jeu naturaliste des premiers rôles se fondant sans heurt à la figuration autochtone ne vise pas à célébrer le « c’était mieux avant » mais, plus simplement, à contraster avec une certaine modernité – celle des anti-dépresseurs, dont il est impossible de nos jours de se priver ; du tout numérique nécessaire au montage ou équipant les studios d’enregistrement, à Londres comme au fin fond du Gard ; le harcèlement des producteurs…

La question des masters (ou du « final cut ») se pose d’emblée et provoque la fuite en avant de l’équipée plus ou moins sauvage, réduite à deux collaboratrices garde-fous et à un assistant monteur bronchiteux. Les pieds nickelés trouvent refuge dans la maison de la tante du protagoniste, subtilement incarnée par Françoise Lebrun – laquelle ne ressemble pas du tout au modèle original, d’après une confidence de l’auteur, ce qui n’est pas plus grave que ça. Le générique, comme Le livre des solutions, est écrit à la main – par Niney, Gondry ou un calligraphe de talent. Ce livre est censé répondre à tous les problèmes pratiques qui se posent dans la vie et dans la fabrication d’un film. Inutile de dire que les recettes proposées par ce tuto sont, les unes, de bon sens, les autres, plutôt farfelues.

Michel Gondry au Centre Pompidou, Photo Nicolas Villodre
.
Le bon esprit et la bonne humeur y sont constants. Le suspense ne manque pas. Malgré quelques minutes de trop dans la séquence romantique de l’amourette avec une jeune femme au visage marqué par une cicatrice rappelant la tache de vin de Xavier Dolan dans Matthias et Maxime (2019), le tempo est vif, le ton alerte grâce au caractère survolté du héros, à ses caprices d’enfant gâté heureusement tempérés par la sagesse féminine. Les gags sont nombreux et de tous genres – visuels, sonores, de situation. Le caméo de Gordon Matthew Thomas Sumner, bassiste-chanteur anglais presque aussi fameux que McCartney, est étonnant et amusant. À la question : « Ça va ? » concernant sa proposition musicale, notre héros répond : « Pas mal et toi ? ». L’ingénieur du son ne sachant comment brancher le mini-combo radio CD du cinéaste, le musicien sort de derrière les fagots un câble avec un embout jack résolvant le problème technique. Les autres trouvailles comiques sont à l’avenant, qui inscrivent le film dans le sillage d’Hellzapoppin (1941).
Nicolas Villodre
SORTIE EN SALLES : 13 septembre 2023
CLIPS
 Réalisés par Michel Gondry : 
The Chemical Brothers - "Let Forever Be" — Daft Punk - "Around the world" — IAM - "Je Danse Le Mia" — Beck - "Deadweight" — The White Stripes - "Fell in Love with a Girl" — Steriogram - "Walkie Talkie Man" — The Vines - "Ride"  — Björk - "Declare Independence" — Oui Oui - "La Ville" — The Polyphonic Spree - "Light & Day" — Massive Attack - "Protection" — Etienne Daho - "Les Voyages Immobiles" — Michael Andrews - Gary Jules - "Mad World" — The Rolling Stones - "Like a Rolling Stone" — 

dimanche 10 septembre 2023

Ruth Childs et Cécile Bouffard, « Delicate People » au CAN Centre d'art Neuchâtel, invitée par l'ADN


— PHOTOS Fabien Rivière (du haut vers le bas, ordre chronologique)

La danseuse et chorégraphe anglo-américaine vivant en Suisse Ruth Childs, nièce de Lucinda Childs, a présenté le 2 septembre dernier un remarquable solo qu'elle interprète, Delicate People, créé en 2021, résultat de sa collaboration avec la plasticienne française Cécile Bouffard, au CAN Centre d'art Neuchâtel (Suisse), à l’invitation de l’ADN (Association Danse Neuchâtel) en ouverture de sa saison automnale. Il se déploie dans le silence, hors des théâtres, notamment dans la nature. À l'origine du projet : la plasticienne découvre une pièce de la chorégraphe, fantasia, et lui propose une collaboration.  

Ruth Childs vient de recevoir, avec son deuxième solo Blast!, daté de 2022, le « Prix du spectacle suisse de danse 2022 » (annonce de l'Office fédéral de la culture (OFC), le 31 août dernier).  

Ruth Childs est actuellement une des artistes en résidence à l’Arsenic – centre d’art scénique contemporain de Lausanne (Suisse) et artiste associée au CCN2- Centre chorégraphique national de Grenoble (France, 2023-2024).

Le CAN Centre d’art Neuchâtel a ouvert ses portes en 1995, dans ce qui fut jadis une usine de fabrication de systèmes de chauffage. L'équipe actuelle, de cette association à but non lucratif du même nom, est en place depuis 2018, constituée de 5 personnes, 4 plasticien-ne-s et "une militante et couturière", comme il m'a été précisé. Une direction doit rester en place au maximum 10 ans. La structure est financée par la Loterie Romande (société d'utilité publique) et la ville de Neuchâtel, soit 4/5° par des fonds publics. Les 5 responsables reçoivent tous le même salaire. « Les décisions artistiques, techniques, pratiques et salariales sont prises en commun. » Ils organisent 4 à 5 expositions par an. « Plus de cinq cents manifestations (expositions, performances, projections, concerts, conférences, tables rondes) y ont été organisées, auxquelles ont pris part plus de mille quatre cents artistes venus du monde entier. » 
Fabien Rivière

À VENIR  Delicate People 
— Centre culturel suisse. On Tour, Dans le cadre de Tendres Monstres - Festival de danses et performances suisses (21-24 septembre 2023, En savoir +), Cité Internationale (14°), Paris, France, samedi 23.09 – dimanche 24.04.2023   
— Body On and On & UCCA Center for Contemporary Art, Beijing, China 22.10.2023
— Body On and On & UCCA Center for Contemporary Art, Shanghai, China 25.10.2023

PASSÉ   Delicate People 
01–02.09.2023  CAN Centre d’art Neuchâtel / ADN - Danse Neuchâtel, Suisse
17.06.2023        Extension Sauvage, Combourg, France
02.06.2023        Arsenic, Lausanne, Suisse

21.11.2021        Le Grütli, Genève, Suisse (work in progress)
18–19.09.2021  Festival Constellations, Toulon, France (work in progress)
02.07.2021       Centre culturel suisse. Paris (work in progress)
12.06.2021 La Becque - Résidence d'artistes, La Tour-de-Peilz, Suisse (work in progress)

mardi 5 septembre 2023

Henry Hektik (Allemagne), Motion P. Music - [Full LP]

— 1988 
(Natural Sciences (Manchester, UK) & Harsh Reality Music (Memphis, Tennessee), 2023) 
L'ALBUM (écoute et achat)  >  bandcamp 

« A figure who collaborated with M. Finnkreig and active in the 80's German underground and tape trading circuit, he disappeared off the grid, leaving few documents of his music behind, with the handful of remaining tapes swallowed by mould or fried in electrical accidents. »

Henry Harms

Profile:

Musician originally from Aurich, who studied in West-Berlin in den late 1980s. Closely connected to the label Deaf Eye.

Aliases:Henry Hektik
In Groups:MachinetoolSubtle ReignTrio Der Einmaligkeit

1. Haiwasa 00:00 2. Private Apocalypse 04:33 3. T.B.A 09:55 4. Hong Kong Wedding Night 15:19 5. Nightwatch 22:58 6. Here Comes Escape 30:44

dimanche 3 septembre 2023

Man On Man (New York), Stohner + Daddy + 1983

Extrait de l'album Man On Man publié le 7 mai 2021.
L'ALBUM (écoute et achat)  >  bandcamp   
Pochette de l'album 

vendredi 1 septembre 2023

Troye Sivan (USA), Rush

REMARQUE : Mis en ligne il y a un mois, ce clip pourrait être intéressant ou sympathique, et, sans doute, manifeste-t-il un certain savoir-faire plastique. Mais, sur le fond, c'est un déballage de corps de jeunes mannequins tellement heureux dans cet entre-soi glacé et glaçant, qu'il est difficile de ne pas y voir autre chose qu'un exemple d'un body fascism consternant sinon inquiétant. 
Fabien Rivière

mercredi 30 août 2023

Sam Gendel & Marcella Cytrynowicz (Los Angeles), « CD » + « IJ »

Premiers extraits du futur album de Sam Gendel, AUDIOBOOK, à paraître le 6 octobre prochain.
— Sam Gendel - music 
— Marcella Cytrynowicz (visual artist/filmmaker) - art work 
L'ALBUM (écoute et achat)  >  bandcamp 

lundi 28 août 2023

La renaissance de la Biennale de la danse de Lyon

Un des 6 visuels de la Biennale de la danse de Lyon 2023, Encantado, de Lia Rodrigues

Le 20 mai 2022 on apprenait que le portugais Tiago Guedes, 50 ans, était nommé, à l'unanimité du jury, directeur de la Maison de la danse de Lyon, ainsi que directeur artistique de la Biennale de la danse de Lyon qui en est l'émanation, et enfin co-directeur de la Biennale de Lyon qui chapeaute à la fois cette dernière mais aussi la Biennale d'art contemporain de Lyon, pour une prise de fonction le 1er juillet 2022. 

PROGRAMMATION

Le 24 mai 2023 à 11h, on le retrouve à Paris devant des journalistes pour présenter sa première Biennale de la danse, la 20°, accompagné de Laurent Bayle, le président du conseil d'administration, et Marianne Feder, l'adjointe à la programmation. Un copieux dossier de presse très élégant de 162 pages est distribué à l'assemblée. 

Il s'agit d'« Une Biennale de transition » est-il précisé d'emblée, puisque la programmation a été  élaborée pour moitié par sa prédécesseure. L'apport du nouveau directeur artistique, il nous l'a dévoilé : le jeune lyonnais Tom Grand Mourcel, Phia Ménard (Nantes), Vincent Dupont et Charles Ayats (Fontenay-sous-Bois et Marseille), Nach (Marseille ; cf. vidéo ci-dessous), Tamara Cubas (Montévidéo, capitale de l'Uruguay), Catherine Gaudet (Montréal), Marlene Monteiro Freitas (Cap-Vert et Lisbonne), Katerina Andreou (Lyon et Athènes), François Chaignaud et Théo Mercier (Paris), Alessandro Sciarroni (Rome), Marco da Silva Ferreira (Porto), laGeste & hetpaleis (Gand, Belgique), Lia Rodrigues (Rio de Janeiro), Tumbleweed (Bruxelles et Zurich), ainsi que la programmation Immersion Fagor, aux usines Fagor. Beaucoup de très bonnes choses, donc.  

La manifestation aura lieu en deux temps, dans 34 villes : du samedi 9 au samedi 30 septembre 2023 à Lyon et sa métropole (département du Rhône), pour une durée de 22 jours, puis jusqu'au 21 octobre dans les 12 autres départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Le fameux Défilé mobilisera 4.000 participants sur un parcours de 1,8 kilomètres : en ouverture le Collectif ÈS, puis 12 groupes, et en clôture Rachid Ouramdane.

C'est une création du grec Christos Papadopoulos avec le Ballet de l'Opéra de Lyon qui ouvre heureusement les propositions en salles (cf. vidéo ci-dessous). Autres créations de Vincent Dupont & Charles Ayats, Phia MénardNach, Qudus Onikeku (Lagos, Nigeria), Tom Grand MourcelFouad Boussouf (Le Havre), Adi Boutrous (Tel-Aviv), Peeping Tom (Bruxelles), Compagnie Dyptik (Saint-Étienne), Yuval Pick, Flora Détraz, Collectif Petit Travers & le Quatuor Debussy. 


Premières françaises de Boris Charmatz avec le Tanztheater Wuppertal Pina Bausch & sa compagnie [terrain] avec le très attendu Liberté Cathédrale (cf. photos en fin d'article), (LA)HORDE - Ballet national de MarseilleDimitris Papaioannou (Grèce), Sidi Larbi Cherkaoui avec le Ballet du Grand Théâtre de Genève, Catherine Gaudet, Tamara Cubas, Alexander Vantournhout & not standing (Belgique), et Silvia Gribaudi (Italie). 

Spectacles en diffusion avec Anne Teresa De Keersmaeker (et l'exceptionnelle chanteuse Meskerem Mees, accompagnée des musiciens Jean-Marie Aerts et Carlos Garbin ; cf. vidéo ci-dessous), Lia Rodrigues, Marlene Monteiro FreitasKaterina AndreouFrançois Chaignaud & Théo Mercier, Julien Creuzet, Phia MénardFouad Boussouf, laGeste & hetpaleis, Collectif Petit Travers, Tumbleweed, Alexander Vantournhout & not standing, et Silvia Gribaudi.


Dans l'espace public, Alessandro Sciarroni, et Marco da Silva Ferreira. Sans oublier de nombreux cours de danse à la Part-Dieu.  

Immersion aux Usines Fagor, lieu central, propose une exposition, une scène ballroom avec  Vinii Revlon, un club Bingo pour danser, des spectacles du Collectif FAIR-E (Rennes), Marlene Monteiro Freitas, NachAdi BoutrousCatarina Miranda, Julien Creuzet, et Flora Détraz.
PARITÉ OBLIGATOIRE

Tiago Guedes explique qu'il considère qu'une programmation paritaire Homme - Femme est très importante sinon obligatoire, et qu'elle doit s'appliquer aussi aux moyens financiers attribués. 


LA RÉGION TAPE

Le budget de 6.300.000 €, provient pour 59 % des collectivités publiques (métropole, état, région) et 41 % de fonds privés et de la billeterie. 

Laurent Wauquiez a été réélu pour un second mandat en juillet 2021 président (Les Républicains) de la région Auvergne-Rhône-Alpes. La subvention de la région à la Biennale de Lyon est ainsi passée de 750.000 € en 2021 (année de la Biennale de la danse), à 500.000 € en 2022 (année de la Biennale d'art contemporain, soit - 33,3 %), et 450.000 € en 2023 (année de la Biennale de la danse, - 10 %). Officiellement, il s'agit de rééquilibrer les budgets culturels des métropoles vers les campagnes qui auraient plus. Mais dans le cas de la Biennale de la danse, qui se déroule en deux temps, centres urbains puis périphéries, l'argument ne convainc pas. 

D'une part, cette région est l'avant-dernière région de France en matière culturelle avec seulement 8,6 € par an et par habitant, contre une moyenne nationale de 12 € (cf. Libération du 3 juillet 2013 [version papier], ICI). D'autre part, au printemps 2022, une douzaine d'institutions culturelles majeures des métropoles de Lyon et Grenoble se sont vues retirer plus de 4 millions d'euros d'aides (idem). Pour 2023, 140 structures perdent pour 1 million d'euros (idem). Enfin, on lira l'analyse d'Anne Rambach, présidente de la SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques, ICI).

ESPOIR - FUTUR

Quoiqu'il en soit, Tiago Guedes participe à la renaissance de la Biennale de la danse de Lyon en apportant du sang neuf, et c'est une excellente nouvelle. 
Fabien Rivière
— VOIR des extraits des spectacles : ICI 
— NOUS AVONS DÉJÀ PUBLIÉ : 
Liberté Cathédrale, de Boris Charmatz, Photos César Vayssié