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jeudi 9 janvier 2025

Danse - Festival Faits d'hiver 2025 : Mémoire vive

Bernard Glandier (1957 - 2000), Photo Marc Ginot - Les Carnets Bagouet > ICI

Pour la première fois de son histoire déjà longue de 26 éditions, le festival de danse parisien Faits d'hiver annonce une thématique : la mémoire. En souhaitant qu'elle s'inscrive au présent. Bonne idée. Soit, pendant quatre semaines, du 20 janvier au 15 février 2025, la réactivation de travaux de chorégraphes disparus, ou de travaux disparus de chorégraphes vivants, mais aussi quand même des créations d'aujourd'hui. Ainsi, 23 spectacles, dont 9 créations et recréations, se déploient dans 20 lieux en 50 représentations, sans oublier 2 expositions, 2 rencontres, la parution de 2 livres, un film, des ateliers pour danser et une soirée de clôture avec 2 DJ. 

Carlotta Ikeda (1941 - 2014), Photo Francis Lepage  

Dans la première catégorie se trouvent Raimund Hoghe (1949 - 2021) : le talentueux Emmanuel Eggermont a dansé pour lui, il présente About Love and Death - élégie pour Raimund Hoghe Odile Duboc (1941 - 2010) : l’Ensemble chorégraphique du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP) remonte Boléro, extrait de Trois boléros, dans une soirée partagée avec le Guadeloupéen Léo Lérus et le Grec installé à Francfort Ioannis Mandafounis ; le doux Bernard Glandier, danseur chez Dominique Bagouet puis chorégraphe, décédé le 7 décembre 2000, à l'âge de 43 ans, des suites de la maladie de Charcot, est présent dans une soirée où l'on découvrira Pouce !, solo qu'il a créé en 1994 et transmis à Thomas Lebrun, Tú, sólo tú, solo créé en 1997, Noce (1999) de Christine Bastin et une création 2024 de Thomas Lebrun, un duo, Le titre n'a pas d'importance ; Carlotta Ikeda (1941 - 2014) à laquelle est consacré un important Hommage, à travers une soirée avec deux de ses interprètes historiques, Yumi Fujitani et Naomi Mutoh, qui se lancent dans une évocation de son univers, une exposition, Carlotta Ikeda : du Japon vers la France, du cabaret au butô, la parution le 7 mars de l'ouvrage Utt, de Muroboshi Kô et Carlotta Ikeda de Geisha Fontaine (Ici), avec visite commentée et projection, sans oublier la pièce Looking for Carlotta de Maëva Lamolière. 

Christine Gérard, Photo DR

Dans la deuxième catégorie sont réunis Jean-Claude Gallotta qui remonte Ulysse, qui date de 1981, avec les 17 interprètes du Groupe Grenade qui ont entre 8 et 13 ans, que dirige Josette Baïz accompagné de la parution du livre Ulysse de Jean Claude Gallotta par Nathalie Yokel (Ici) ; la sympathique Christine Gérard recrée trois de ses chorégraphies, Automnales, Nu perdu et La Griffe (Bio). On peut lire l'ouvrage récent qui lui est consacré, Une parole libre en danse, écrit avec Mélanie Papin (Ici). Est aussi signé Raphaël Cottin seul, L’Éloge des possibles, une soirée dont l'œuvre de départ est créée par Christine Gérard. 

Solus Break de Tom Grand Mourcel,
Photo Gregory Rubinstein - Collectif des Flous furieux

Enfin, du côté des pièces récentes, on verra l'exceptionnel Love Chapter 2 de Sharon Eyal & Gai Behar, et découvrira pourquoi pas le Wakan - Un souffle de Nathalie Pernette, où « elle emprunte le mot wakan – signifiant « sacré » chez les Lakotas, peuple natif d’Amérique du Nord – et imagine une prière dansée dans des espaces chargés de spiritualité », Histoire(s) décoloniale(s) - Portraits croisés de Betty Tchomanga qui est une série chorégraphique en plusieurs épisodes, actuellement 4 soli, et enfin le Solus Break du Lyonnais Tom Grand Mourcel, qui questionne ce qui le fait danser,  « du hip-hop à la techno, en passant par le break, l’acid ou la jungle ». 
Fabien Rivière
Faits d'hiver  >   www.faitsdhiver.com   
VISUEL DE L'ÉDITION 2025

mardi 1 octobre 2024

Le festival Excentriques, c'est du sérieux (Mounia Nassangar, Simon Le Borgne, Xenia Koghilaki) (1/2)

Sandra Neuveut dirige le festival Excentriques, Photo DR 

EXCENTRIQUES 2024

Cette année, pour sa quatrième édition, le festival Excentriques, qu'organise Sarah Neuveut à La Briqueterie - Centre de Développement Chorégraphique National (CDCN) à Vitry-sur-Seine — commune limitrophe du sud de Paris —, qu'elle dirige depuis déjà quatre ans tout juste, souhaite poursuivre son accompagnement des œuvres chorégraphiques émergentes, dans le cadre de son projet initial qui défend « la parité, le développement durable et le dialogue entre l’art et la société », mais aussi la coopération européenne.

Du mardi 24 septembre au dimanche 6 octobre, on peut suivre sept soirées (deux ou trois propositions chaque fois) à la Briqueterie et un spectacle au MAC VAL présenté deux après-midis. Onze œuvres signées de onze chorégraphes et un compositeur, et deux ateliers. 

Sans oublier un nouveau numéro de la revue maison, Cahiers de danse #2 (En savoir +) début octobre, consacré au sommeil, et la présence sur deux soirs, les 3 et 4 octobre, de l'excellente librairie nomade française spécialisée en danse Books on the Move (En savoir +).  
 
Douze artistes, soit neuf femmes et trois hommes. Nationalités française (avec Mounia Nassangar,  Dominique Brun, Pol Pi, Dalila Belaza, Geisha Fontaine et Pierre Cottreau, Gaëlle Bourges et Simon Le Borgne), grecque (Chara Kotsali et Xenia Koghilaki), autrichienne vivant en Suisse (Teresa Vittucci), et lituanienne avec le musicien Arturas Bumšteinas. 

Mounia NASSANGAR  S.T.U.C.K

Les cinq interprètes de S.T.U.C.K, Photo @le.kabuki

Le  Théâtre de la Ville à Paris présentait un extrait de dix minutes de S.T.U.C.K de Mounia Nassangar lors du concours Danse élargie en juin dernier, où elle a reçu le mérité premier prix du jury d'artistes, ainsi que le premier prix Espaces Magnétiques (notre article > Concours Danse élargie 2024 : la croisière s'amuse). 

Nous écrivions : « L'espace est réellement construit, pas subi comme souvent, ou en tout cas accepté comme tel. La chorégraphe est aussi à l'aise dans la lenteur que la vitesse. En ouverture, les corps sont immobiles dans un espace immense et vide, comme des arbres éclairés seulement par la lune. C'est une pièce de femmes (métis) fortes, qui porte une tension sinon une violence sourde qui sait éviter la précipitation, le pathos et l'hystérie. » 

La version longue de la pièce confirme le talent de celle qui se définit sur son Instagram comme : « Choreographer•Dancer•Dj•event producer•AD» Elle est aussi mannequin, notamment pour Jean-Paul Gaultier. À Paris, la scène d'ouverture suggérait un désert la nuit éclairé par la lune. À Vitry, c'est plutôt une boîte de nuit le plus souvent, puis, par moments, une immensité glacée sous un ciel où scintillent des aurores boréales. 

Le programme explique : « Le whacking dérivé de l’anglais whack qui signifie « gifle » est né dans les années 1970 dans les clubs gays de la communauté noire et afrolatina. C’est une danse d’urgence et d’expression, née d’une oppression. » Sans vigilance, la relation danse - musique, ici électro et house, risque de produire un bel objet formel mais un peu vain. Ce n'est absolument pas le cas ce soir. Elle ne neutralise pas la nécessité expressive, l'urgence de dire, de témoigner, de vivre, d'être. Cette relation, très savante, est puissamment travaillée. On sort secoué, et ravi. 

Simon LE BORGNE  Ad Libitum

Simon Le Borgne et Ulysse Zangs dans Ad Libitum, Photo DR 

Simon Le Borgne a été élève pendant neuf ans de l'École de Danse de l'Opéra national de Paris à Nanterre (2005-2014), avant d'intégrer le Ballet de l'Opéra national de Paris, successivement surnuméraire en 2014, engagé comme membre permanent en 2016 en tant que Quadrille, Coryphée en 2019 et Prix de la Danse AROP pour la saison 2018/2019, devenant finalement Sujet en 2020. Il est le personnage central de la création d'Alexander Ekman pour ce Ballet, Play, en décembre 2017.  

S'il a dansé du Balanchine, Mats Ek et Jiří Kylián, il possède une expérience riche et diversifiée en danse contemporaine, ayant rencontré les univers de Sidi Larbi Cherkaoui, Merce Cunningham, Sharon Eyal, Maguy Marin, Ohad Naharin, Crystal Pite, et Hofesh Shechter, notamment.

Notre homme, très occupé par ce Ballet, a souhaité faire une pause, pour faire le point. En effet, que reste-t-il de toutes ces expériences ? Quelles traces demeurent ? Comment se sédimentent-elles, pas seulement pour le danseur, mais pour l'homme ? Il y a peu, assistant à un solo d'un interprète proche de la cinquantaine, qu'on ne nommera pas, qui souhaitait se pencher sur sa carrière, on remarquait qu'il donnait le sentiment d'avoir été plus un objet qu'un sujet, un peu trimballé, dérouté, et pourquoi pas blessé par cette situation. Dans une autre approche, le Suisse de Genève Foofwa d'Imobilité, anciennement Frédéric Gafner, danseur pour Merce Cunningham à New York pendant sept ans, se posait le même genre de questions après son départ de la compagnie. Il proposa en 1998 le puissant et troublant Maximax & luj Godog?, formidable et courageuse introspection.

Ce soir, les appuis du danseur sont solides. Quelque chose comme une force tranquille. Pas de drame ou de règlements de compte (mais pourquoi pas régler des comptes, au demeurant). 

Dans un premier temps, debout derrière un micro sur pied, il investit la respiration, accompagné à la guitare électrique par un musicien. Les deux complices et le public, sont sur le même plateau, dans un cercle. Pour le danseur, cela débute au bord du cercle. On songe à l'épatant danseur et chorégraphe français Dominique Bagouet (1951-1992), qui expliquait qu'il collaborait jadis avec des danseurs, avant de préférer travailler avec des êtres humains dansant. Puis, notre être humain dansant, va investir l'intérieur du cercle, dans un art du lâcher prise, dans un long voyage. On songe à une marche sur un chemin de terre. 

Soudain, le musicien se met à danser dans un solo, mais on s'aperçoit que c'est un danseur professionnel par ailleurs, comme s'il était sur la scène de l'Opéra Garnier ou Bastille, machine "efficace". C'est plutôt une autoroute. Perplexité. Puis il reprend sa place, cette fois à la batterie où il est excellent, et souriant. 

Simon Le Borgne continue sa route. Il tente des interactions avec le public. C'est tentant, mais comment être pertinent, même s'il est accueilli par de larges sourires ? Peu de chorégraphes réussissent cette rencontre, à part Pina Bausch qui offre du thé et de la douceur, ou Robyn Orlin dans l'humour et la dépense (du spectateur). 

Quoiqu'il en soit, on saluera l'intelligence de la proposition, tranquille, épurée et élégante, pas si fréquente. 

Xenia KOGHILAKI  Slamming  

Slamming, de Xenia Koghilaki, Photo DR

Trois jeunes femmes, déterminées, se positionnent au milieu du plateau, côte à côte. Elles portent des baskets, jeans larges. Longs cheveux. Le public est lui aussi sur le même plateau, dans un dispositif tri-frontal carré. Accompagnées par un dj jouant live, elles ne vont pas cesser de se heurter, secouant la tête fortement, sans qu'on devine le sens à donner à la situation générale (hostilité, jeu, neutralité, coopération ?) qui va évoluer très intelligemment autour de cette idée de contacts dits virils. C'est un très bon travail à la fois réaliste, cru et mystérieux, qui demeure constamment fascinant.  
Fabien Rivière 

Festival Excentriques :  En savoir +

DIFFUSION 

> Mounia NASSANGAR  S.T.U.C.K
11.10  — Centre des arts, Enghien-les-Bains  En savoir + 
16>17.10 — Scène nationale de l’Essonne-Evry  En savoir + 
21>23.01.2025 — La Villette, Paris   En savoir +

> Simon LE BORGNE  Ad Libitum
9 octobre 2024   
[version in situ]
Le Triangle / La Cité de la danse, Rennes   En savoir +
dans le cadre de La Grande Scène organisée par le réseau Les Petites Scènes Ouvertes

3 et 4 décembre 2024   
[version plateau - théâtre]
Théâtre de Vanves    En savoir +
dans le cadre de Danse Dense #lefestival

Avril à juillet 2024  
[version in situ ou plateau]
Bousbecque, Tressin, Verlinghem                  
dans le cadre des Belles Sorties de la Métropole Européenne de Lille En savoir +

mardi 14 mai 2019

Festival MOVE au Centre Pompidou Paris

                       GRATUIT - Du vendredi 24 mai au dimanche 9 juin. En savoir +  

MOVE, manifestation annuelle lancée en 2017 s’inscrit à l’intersection de la danse, de la performance et de l’image en mouvement. Pour cette troisième édition, MOVE propose des œuvres qui abordent la question des identités, des diasporas et des mémoires inscrites dans le corps, parfois à un niveau inconscient et leur résurgence à travers le geste. Elle comprend trois expositions, la manifestation Vidéodanse et des performances.  

La programmation des films de danse est de qualité, puisque l'on y trouve les noms de Kazuo Ohno, Tatsumi Hijikata et The Dark Spirit Dancers, Carlotta Ikeda, Ko Murobushi, Eikoh Hosoe, Faustin Linyekula, Ana Pi, Trisha Brown, Babette Mangolte, Steve Paxton, Lisa Nelson, Lucinda Childs, Foofwa d’Imobilité et Cecilia Bengolea. 
Fabien Rivière


                EXPOS _ Forum Moins 1
— Tarik Kiswanson (Suède) + Performance 
Tarik Kiswanson, Flowers for my fathers, 2018, courtesy de l’artiste,
Carlier I Gebauer et Almine Rech Gallery, crédit photo : Gunter Lepkowski.
— Emilie Pitoiset (Paris, France) Tainted Love
Emilie Pitoiset, Tainted Love, vue de l’exposition au Confort Moderne, 2017,
courtesy de l’artiste et Klemm’s gallery, Berlin.
— Evan Ifekoya (née au Nigeria, vit à Londres) - Projection 
Evan Ifekoya, Nature-Nurture Sketch, 2013, videostill, courtesy de l’artiste.

                VIDÉODANSE _ 11h–21h, Forum Moins 1
PROGRAMME DE FILMS :
—— Kazuo Ohno   (1995, 15’)
             Chorégraphie et interprétation : Kazuo Ohno Réalisation : Daniel Schmid
—— A Summer Storm  (2003, 70’)
             Chorégraphie : Tatsumi Hijikata 
              Interprétation : Tatsumi Hijikata et The Dark Spirit Dancers 
               Réalisation: Misao Arai
——  Carlotta Ikeda, danseuse de Butô, danseuse de toute la peau  (1984, 32’)
              Chorégraphie : Ko Murobushi, Interprétation : Carlotta Ikeda,
               Réalisation : Anna-Célia Kendall
——  Ushio Amagatsu, éléments de doctrine  (1993, 65’)
                     Réalisation : André S. Labarthe
—— Navel and A-Bomb (Heso to Genbaku) (1960, film 16mm, N et B, sonore, 14’20)                                   Réalisation : Eikoh Hosoe et Tatsumi Hijikata
—— Le Cargo (2011, 56’)
              Chorégraphie et interprétation : Faustin Linyekula
               Réalisation : Centre national de la danse
—— NoirBlue – les déplacements d’une danse  (2017, 25’)
               Réalisation : Ana Pi
—— Roof Piece on the High Line  (2012, 35’)
                 Chorégraphie : Trisha Brown
Interprétation : Leah Morrison, Samuel Wentz, Tamara Riewe, Nicholas Strafaccia,
 Neal Beasley, Lauren Jenkins Tentindo, Lee Serle, Dai Jian, Elena Demyanenko.
                  Réalisation : Babette Mangolte
—— Staging “Lateral Pass”  (2013, 32’)
                   Chorégraphie : Trisha Brown
Interprétation : Trisha Brown, Lance Gries, Iréne Hultman, Carolyn Lucas, 
Diane Madden, Stephen Petronio, Lisa Schmidt, Vicky Shick, Randy Warshaw 
                  Réalisation : Babette Mangolte
—— Fall after Newton  (1987, 23’)
                  Chorégraphie : Steve Paxton
                  Interprétation : Steve Paxton, Nancy Stark Smith, Alan Ptashek, 
                 Curt Siddall, Leon Felder, Daniel Lepkoff, Lisa Nelson
                 Scénario/Narration : Steve Paxton, Réalisation : Videoda
                 Montage : Steve Christiansen, Lisa Nelson, Steve Paxton, Nancy Stark Smith
—— Dance  (2015, 56’)
                   Chorégraphie : Lucinda Childs, Réalisation : Marie-Hélène Rebois
—— Inter-face to face-view  (2000, 23’)
              Réalisation : Foofwa d’Imobilité
—— Lightning Dance  (2018, 6’)
                     Chorégraphie et réalisation : Cecilia Bengolea

                PERFORMANCES EN SALLE _ Petite salle
—— Cecilia Bengolea  Favorite Positions   26 mai 19h 
Cecilia Bengolea, Favorite Positions, 2019, courtesy de l’artiste.
—— Daisuke Kosugi (Japon, puis Oslo) Part (ie) 1    31 mai 20h
——  Manuel Pelmus (vit entre la Roumanie et Oslo)  Borderlines  31 mai 20h30
—— João Pedro Vale & Nuno Alexandre Ferreira (Lisbonne) Those Who Make Revolution Halfway Only Dig Their Own Graves    5 juin 20h
——  Lenio Kaklea (Grèce)  Encyclopédie pratique, lecture démonstration   5 juin 20h30 
——  Hannah Quinlan & Rosie Hastings (Londres)  Ten Years  29 mai 20h
Hannah Quinlan & Rosie Hastings, Something For The Boys, 2018, videostill, courtesy de l’artiste.
——  Than Hussein Clark (USA; Londres & Berlin) Meet me in Saint Louis, Lewis !  
                 6 juin 20h
—   Emilie Pitoiset   Where Did our Love Go ?  7 juin 20h 

jeudi 1 juin 2017

Danse - Festival Session 2 Style


La 17° édition du festival Session 2 Style se déroule du samedi 3 au lundi 5 juin dans la salle Lino Ventura d'Athis-Mons (91), au sud de Paris. Elle est co-organisée par le danseur et chorégraphe Michel "Meech" Onomo et son association Too High Spirit, et Les Bords de Scènes Théâtres et cinémas (Athis-Mons, Juvisy-sur-Orge et Morangis). Le programme est de qualité.
Fabien Rivière

 > PROGRAMME du Festival  (Format Pdf)

         PROGRAMME     

SAMEDI 3 JUIN    En savoir +

13h — BATTLE : THE FOR AN EXCHANGE Graffiti - DJ-Beatmaking - Rap - Danse 

DIMANCHE 4 JUIN    En savoir +

17h — SPECTACLES DE DANSE
                1ère Partie : HIP HOP / STREET JAZZ 
                2° Partie : CLUBBIN : 
                                     Cie Michel Onomo Deep Manners (15 mn.)
                                    + Waacking - Voguing Side 

LUNDI 5 JUIN  En savoir +

9h30 — STAGES ET CONFÉRENCES 
13h — BATTLE

Deep Manners, de Michel "Meech" Onomo, Work In progress Part 1

Deep Manners, de Michel "Meech" Onomo, Work In progress Part 2

mercredi 6 juillet 2016

La danse au père de Radhouane El Meddeb («À mon père, une dernière danse et un premier baiser»)

À mon père, une dernière danse et un premier baiser, de Radhouane El Meddeb, 
Photo Fabien Rivière 

Rendre compte de la nouvelle création du talentueux Radhouane El Meddeb, un solo qu’il interprète, À mon père, une dernière danse et un premier baiser, est un exercice difficile, sinon impossible. Le titre indique le sujet, sensible. La feuille de salle contient une interview du chorégraphe, explicite : 
D'où vient l'idée de la pièce ? 
Dans mon rêve, j’étais seul dans un très grand espace, et je faisais face à une seule personne : mon père. Là, je me confessais.
Mon père est mort il y a 5 ans déjà, sans annonce, seul, un matin. Il nous a quitté, brusquement. Je n’ai pas eu le temps de lui dire adieu...
Et pourtant, j’avais encore envie de lui dire des choses, j’avais tant envie de lui raconter ma vie loin de lui, de lui confesser des secrets, de danser devant lui...
À présent, il est parti et ne reviendra plus. J’ai mis du temps à trouver comment parler, comment dire et sortir de moi tout ce que je n’avais pas dit à mon père, tout ce que je crevais de lui dire.
C’est dans le Studio Bagouet du Centre chorégraphique national de Montpellier lors du Festival Montpellier Danse qu’est donnée la pièce. La salle est plongée dans la nuit. L’espace est vaste, cela respire, un cube entre abstraction pure et petite chapelle campagnarde, lieu de discrète spiritualité. 

Au centre, au sol, un carré blanc illuminé, et à gauche, comme un vestige d’un jouet d’enfant abandonné, peut-être cassé ou brisé, blanc aussi.

Radhouane El Meddeb est debout, de dos, portant un jogging noir, torse et pieds nus. Il restera longtemps ainsi. La tête va pivoter de droite à gauche, et inversement, dans une amplitude modeste, de façon répétée et mécanique. On songe à un enfant qui dit non, ou plutôt à un enfant qui ne peut-veut pas voir quelque chose du réel. De même, toujours debout de dos, la tête va basculer vers l’avant et l’arrière, et inversement, fortement, longuement. Les bras s’animent. Comme pour éprouver l’existence d’un corps. Oui, c’est un corps, et non du plastique ou le bois d’une marionnette. 

Au bout de 26 minutes, le visage du chorégraphe apparaît pour la première fois. On dirait un portrait du peintre Francis Bacon. C’est magnifique. Et saisissant. Le visage va disparaître de nouveau. 

C’est une plongée profonde dans l’enfance. Le corps est pris de tremblements. On se dit que ce qui devait être donné (par la famille), ne l’a pas été. La demande (légitime) de l’enfant ne rencontre pas de réponse. Manques. Soubresauts. Et tentative pour que les blessures se colmatent enfin. 

On l’aura compris, il ne s’agit pas de divertissement ou d’engagement sociétal ou explicitement politique ou de discours théorique magistral (et sans conséquence). Mais de ce qui est premier, le soin, au sens de prendre soin de soi (et ainsi des autres). On sous-estime les dégâts des névroses familiales et de la violence qu'elles produisent contre soi et les autres, et pourtant on en fait les frais tous les jours dans le monde social. Radhouane El Meddeb explore avec courage et élégance, sans pathos, un sujet névralgique.
Fabien Rivière

mardi 5 juillet 2016

Présence de Deborah Hay (« Figure a Sea »)



Portrait de Deborah Hay, Capture d'écran Espaces Magnétiques et Figure a Sea au Théâtre de l'Agora (Festival Montpellier Danse), Photos Fabien Rivière ©

Certains miracles sont encore possibles : qu'une compagnie aussi reconnue que le Ballet Cullberg, qui fêtera l'année prochaine ses 50 ans, commande une pièce à une chorégraphe importante mais discrète comme Deborah Hay. Née en 1941 à Brooklyn aux États-Unis, elle a 75 ans. 

La première de Figure a Sea, — en français Figurer une mer, au sens d'un espace de possibilités et de contemplation — a eu lieu en septembre 2015 à Stockholm à l'issue de six semaines de travail. La chorégraphe avait mené en amont des ateliers (ou workshops) et connaissait les interprètes. 

Le titre peut prêter à confusion. Il suffisait pour s'en convaincre d'écouter certaines conversations à l'issue de l'une des deux représentations données au Théâtre de l'Agora lors du festival Montpellier Danse. C'est Sea qui a retenu l'attention, et orienté le regard, à tort. Au début, on ne voit pas trop le rapport entre ce qui se passe sur le plateau et la mer. On songe au Beach Birds de Cunningham, une pièce de 1991, rare titre explicite (beaucoup plus que CRWDSPCR, Rondo, Loose Time, Xover, Native Green ou encore Un jour ou deux). Rapidement, on décide de ne pas s'y référer. Au départ, on peut certes observer de grands échassiers, prudents, certes un peu dégingandés. 

La scénographie, qui n'est pas créditée dans la feuille de salle, mais que signe celle qui a conçu les lumières, Minna Tiikkainen (assistée de Heikki Paasonen), est sobre mais expressive. Au sol, l'espace central est un vaste rectangle blanc bordé au pied du mur du fond d'une ligne de (sept) tubes de lumière blanche, espace de possible et d'invention. Tout autour, une surface noire, comme une menace constante d'entrave, qui introduit le poids de l'histoire (un 20° siècle tragique; pour les États-Unis, à l'extérieur du territoire, la guerre du Vietnam notamment, et à l'intérieur les luttes de libération pour les droits des minorités, un 21° siècle qui débute avec le 11 septembre). 

L'écriture de la danse est d'une richesse inouïe qui semble infinie, d'une grande fluidité, et qui jamais ne se répète. C'est une danse non violente, qui manifeste une foi dans l'humanité et dans la pluralité du vivant bouleversante. À rebours du cynisme et des rapports de forces et de domination. Il est possible de penser aux espoirs des années 60 dans une civilisation enfin pacifiée, même si la création ne montre pratiquement aucune mobilisation collective. La pièce se clôt par un sublime solo, de droite vers la gauche du plateau, rapide, vif comme un vol d'hirondelle, dont la trajectoire connaît de fréquents et élégants décrochages. 
Fabien Rivière
Les saluts à l'issue de Figure a Sea, Photo Fabien Rivière ©

Birgit Cullberg 
Le Ballet Cullberg est une compa-gnie de danse moderne puis contem-poraine fondée en 1967 en Suède par la chorégraphe Birgit Cullberg (1908 - 1999) qui l'a dirigé presque vingt ans, jusqu'en 1985. Elle compte actuellement 16 danseurs.  « La philosophie fondatrice est que tous les danseurs doivent être considérés comme des solistes et donc recevoir le même salaire », explique la biographie de la compagnie sur son site ICI. Se sont succédés à sa direction Mats Ek (1985-1993), le fils de Birgit CullbergCarolyn Carlson (1993-1995) en codirection avec Bertrand d'At (1993-1994)une codirection Lena Wennergren-Juras et Margareta Lidström (1995-2003), Johan Inger (2003-2009), Anna Grip (2010 - 30 août 2013), un comité artistique composé de Monica Fredriksson, Jane Hopper, Lisa Drake et Thomas Zamolo est nommé jusqu'au 31 décembre 2013, et Gabriel Smeets (cf. portrait ci-dessous) depuis le 1er mai 2014. Ce dernier vient du SNDO (School for New Dance Development) d'Amsterdam, école supérieure de danse.  

De  jeunes chorégraphes contemporains ont été sollicités ces dernières années pour des créations, comme Jefta van Dinther (Plateau Effect puis Protagonist) qui travaille entre Stockholm et Berlin, Trajal Harrell (The Return of the Modern Dance) et Eszter Salamon (Reproduction). Il est fait aussi appel à des créateurs confirmés comme Deborah Hay, le Canadien Benoît Lachambre (High heels too), Edouard Lock (11th Floor) et le Brésilien Christian Duarte (Against the Current, Glow). La troupe est installée au sud-ouest de la capitale Stockholm.

Gabriel Smeets dirige le Ballet Cullberg depuis le 1er mai 2014, Photo DR

mardi 28 juin 2016

Avec "Le syndrome Ian", Christian Rizzo se révèle alchimiste

Christian Rizzo, Photo Mario Sinistaj

Christian Rizzo a présenté les 24 et 25 juin dans le cadre du Festival Montpellier Danse sa nouvelle création pour dix interprètes, Le syndrome Ian. Le lieu, l'Opéra Comédie, un théâtre à l'italienne, ne se prête guère à la pièce puisque le public situé à l'orchestre n'a pas vu que le sol était de couleur or. Le second jour, on a donc rapatrié en urgence les professionnels importants au balcon. Mais le balcon n'est pas extensible. 

Visuel du Centre chorégraphique national de Montpellier dirigé par Christian Rizzo

J'ai préféré assister à la seconde représentation afin de laisser à la compagnie un peu de temps de maturation. J'étais situé à l'orchestre. 

Christian Rizzo présente le projet dans la feuille de salle : « Troisième volet consacré à l’exploration des pratiques de danses anonymes confrontées à la notion d’auteur, le syndrome ian accueille des souvenirs de clubbing et de la nuit. Ni hommage, ni reconstitution. 1979, première sortie en discothèque. » Né en 1965 à Cannes, le chorégraphe a alors 14 ou 15 ans.  

Le syndrome Ian, de Christian Rizzo, Photo Fabien Rivière 

La proposition est construite comme une longue variation de 55 minutes. L'espace est celui d'une boite de nuit. La musique électro est l'élément dominant : une puissante pulsation à laquelle sont adjointes des fluctuations mélodiques (très bonne musique de Pénélope Michel et  Nicolas Devos - Cercueil / Puce Moment). Dans la scène d'ouverture, qui va durer dix minutes, les danseurs sont regroupés, debout, enlacés. Puis ils vont lentement se séparer pour former pour l'essentiel des duos où ils se prennent dans les bras. Il est possible de penser à des slows.     

Peut-on parler de chaleur humaine et de tendresse ? Il est plutôt question d'une agrégation de molécules qui va se scinder. C'est de la physique, plutôt que de la psychologie. Les relations des uns aux autres ne cessent de se reconfigurer, mais rien de durable n'advient. Il y a bien quelques tentatives de construction, mais elles tournent court. Il s'agit d'un magma.



La danse a d'ailleurs une place spécifique. Christian Rizzo : « Alors que la planète vibre sous le son du disco et de ses adeptes d'une danse ondulatoire et lancinante, l'Angleterre voit naître une musique sombre et poétique rythmée par des corps électriques, angulaires, saccadés [le punk rock] » Ian, c'est Ian Curtis, chanteur de Joy Division, atteint de crises d'épilepsies, qui se suicide à l'âge de 23 ans en 1980. Pendant les concerts du groupe, la gestuelle de Curtis était hallucinante de beauté. Cependant, les corps chez Rizzo ne sont ni disco ni punk. Ceux qui attendent une "belle" danse ou une belle écriture en seront pour leurs frais. Certains parlent de pauvreté des mouvements, à notre avis à tort. Le piège consistant à esthétiser la situation a été justement évitée. Cela dit, cela donne une danse un peu down, ou "chewing-gum". On perçoit que la marge de progression demeure importante.   

Les costumes sont étonnants : baskets blanches, jogging noir, chemises blanches à manches courtes. Propres et banals à la fois.

Le chorégraphe est autant ethnologue que magicien. Le réel et l'imaginaire. Une première séquence et une deuxième. Mais c'est surtout un alchimiste : « L'un des objectifs de l'alchimie est le grand œuvre, c'est-à-dire la réalisation de la pierre philosophale permettant la transmutation des métaux, principalement des métaux « vils », comme le plomb, en métaux nobles comme l'argent ou l'or. Un autre objectif classique de l'alchimie est la recherche de la panacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie via un élixir de longue vie. La pratique de l'alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle se fonde, sont parfois accompagnées, notamment à partir de la Renaissance, de spéculations philosophiques, mystiques ou spirituelles. » (1) La troisième et dernière partie est brève, où une jeune femme danse de façon très narcissique devant un totem. 

On peut rapprocher Le syndrome Ian d'une autre trilogie, présentée au Festival d'Avignon par Romeo Castellucci en 2008 avec Inferno, Purgatorio et Paradiso. La présence de la mort est aussi massive, sans être morbide. D'où la question : sommes-nous au paradis, en enfer ou au purgatoire ? Paradis ? Non. Enfer ? Peut-être. Purgatoire ? Sans doute.

Comme avec Levée des conflits de Boris Charmatz (qui pensait faire exactement le contraire), la pièce montre des humains incapables de relations véritablement humaines les uns avec les autres. Edgar Morin n'en appelle-t-il pas à « une nouvelle « politique de civilisation », pour sortir de cet « âge de fer planétaire... préhistoire de l'esprit humain »».
Fabien Rivière
(1) Source : wikipedia

Christian Rizzo dirige depuis 2015 le Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc-Roussillon devenu Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées depuis quelques mois, regroupement de régions oblige, — mais à vrai dire, depuis un vote du Conseil régional ce 24 juin (1), on doit écrire désormais «Occitanie» avec comme sous-titre «Pyrénées-Méditerranée» — structure qu'il a rebaptisé ICI, pour Institut Chorégraphique International. 
(1) Sud Ouest

Nous avons aussi publié :  

TOURNÉE de Le syndrome Ian :
30 juin et 1er juillet 2016. Stadsschouwburg Amsterdam / Grote Zaal, Amsterdam (Pays-Bas) dans le cadre de Julidans Festival
6 septembre. Château Rouge - Centre culturel, Annemasse, dans le cadre de la Bâtie, Festival de Genève (Suisse)
21, 22 septembre. Opéra de Lyon, dans le cadre du focus de la Biennale de la danse de Lyon
26, 27 septembre. La Comédie de Clermont-Ferrand - Scène nationale
30 septembre 2016. Le Parvis, Tarbes, en collaboration avec le Centre de Développement Chorégraphique (CDC) Toulouse / Midi-Pyrénées
27, 28 janvier 2017. Opéra de Lille
3 février 2017. Le bateau feu, Dunkerque
18 février. L'Autre Scène, Vedène, dans le cadre du Festival Les Hivernales OPTION 
23, 24, 25 février 2017. Kampnagel, Hamburg (Allemagne) OPTION
20 et 21 mars 2017. Comédie de Valence. 
26, 27, 28 avril 2017. Théâtre de Chaillot, Paris, dans le cadre de "Hors les murs" 
                                        du Théâtre de la Ville
15 septembre 2017. Teatro Municipal do Porto (Portugal) 
— Entre le 9 et le 15 octobre 2017. 2 représentations, National Theater Taichung (Taiwan)
— Entre le 8 et le 17 décembre 2017. 1 représentation, Concertgebouw Brugge, Bruges (Belgique). 
À préciser en 2017. lieu unique - Scène nationale de Nantes / TU - Nantes