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vendredi 28 février 2025

La photo - William Forsythe

William Forsythe, Photo DR

Surprenante, et magnifique, photo du chorégraphe William Forsythe, dont le nom du photographe n'est pas indiqué, que l'on découvre sur le site internet de l'Opéra national de Paris, pour la saison 2024-2025 (ICI)
Fabien Rivière

lundi 23 janvier 2023

William Forsythe remet ses archives au ZKM | Centre d'art et de médias de Karlsruhe + Rencontre

William Forsythe, The Forsythe Company, Photo Dominik Mentzos

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On a appris le 11 janvier que le génial chorégraphe américain William Forsythe, 73 ans, a décidé de remettre ses vastes archives au ZKM | Zentrum für Kunst und Medien Karlsruhe, en français ZKM | Centre d'art et de médias de Karlsruhe, ville du sud de l'Allemagne à 5 kilomètres de la frontière française, à une soixantaine de kilomètres au nord-est de Strasbourg. 

William Forsythe est né en 1949 à New York. Sa première pièce date de 1976, Urlicht (pas de deux), présentée à Stuttgart (Allemagne). ll se voit proposer cette même année à 27 ans d'être chorégraphe résident au Stuttgart Ballet, pour quatre ans. Il prend la direction du Ballet de Francfort à 34 ans en septembre 1984, qu'il dirige vingt ans, jusqu'à sa dissolution en 2004. Succédera la Forsythe Company, pendant dix ans, entre Dresde et Francfort, de 2005 à juin 2015. 

Les archives couvrent toute la période de création de William Forsythe, depuis les années 1970 : du temps au Ballet de Stuttgart à partir de 1976, au Ballet de Francfort (1984-2004) et à la Forsythe Company (2005-2015), jusqu'à aujourd'hui où il est indépendant. Elles contiennent une vaste collection d'enregistrements vidéo d'archives de répétitions, de performances et d'installations ainsi que des programmes, des affiches, des critiques, des photos, des publications, de la correspondance, des prix et d'autres documents. À terme, les notes de production personnelles de William Forsythe seront également ajoutées. 

Plutôt qu'une université américaine, ce dépôt en Allemagne où il a travaillé quarante ans, va de soi. 
Fabien Rivière
— PS. Une conversation avec Peter Weibel est prévue (cf. ci-dessous), le directeur du ZKM depuis 1999, né il y a 78 ans à Odessa, de nationalités ukrainienne et autrichienne, artiste et curateur.   En savoir + (en allemand) 

— On peut lire aussi :  Forsythe avec le Ballet de Boston - Artifact (février 2017)  
                              ET  Forsythe avec le Ballet de Boston (mars 2019)


Rencontre avec William Forsythe et Peter Weibel - L'Archive performative William Forsythe et Peter Weibel en conversation  
Lieu : ZKM | Centre d'art et de médias de Karlsruhe (ZKM | Zentrum für Kunst und Medien Karlsruhe) - Théâtre des médias (Medientheater)
Vendredi 3 février 2023 à 18h. Entrée libre.   EN DIRECT sur TwitterICI    


mercredi 21 avril 2021

Extrait - Solo de Antony Rizzi dans « Enemy in The Figure », de William Forsythe

Enemy in The Figure a été créée en 1989 par le Ballett Frankfurt que dirige William Forsythe pour 9 interprètes dont Antony Rizzi (ici torse nu), sur une musique de Thom Willems. Le danseur de grande taille est Stephen Galloway. 
Fabien Rivière

dimanche 30 septembre 2018

La bande-son de la prochaine création de William Forsythe, « Playlist (EP) »

Une fois n'est pas coutume : on connaît la bande-son d'une prochaine création d'un chorégraphe, en l'occurence, William Forsythe, qui présentera le 7 mars prochain à Boston (États-Unis) une nouvelle création, Playlist (EP) (ICI), pour le Boston Ballet dans le cadre de son partenariat de cinq ans (ICI), puis à Paris un mois après au Théâtre des Champs-Élysées (ICI). Sans doute, les noms des musiciens Peven Everett, Abra, Cole King et Tunji Ige ou du duo Lion Babe ne disent pas grand chose à grand monde, mais ce n'est pas très grave puisque nous vous proposons d'écouter tous les morceaux ci-dessous. 

Quand le chorégraphe dirigeait le Ballet de Francfort (de 1984 à 2004), il a longtemps travaillé avec le même musicien, Thom Willems, un Hollandais. Pour Playlist, il pioche dans la musique américaine produite ce siècle, dans la veine musicale de son Blake Works I créé pour le Ballet de l'Opéra national de Paris en juillet 2016 sur le son du jeune Britannique James Blake. 
Fabien Rivière
NOUS AVONS PUBLIÉ 
Réussite - William Forsythe présente «Artifact 2017» à Boston

Peven Everett  Surely Shorty                        Peven Everett


Lion Babe*  Impossible (Jax Jones remix)
* Duo américain composé de la chanteuse Jillian Hervey et du producteur de disques Lucas Goodman. Jax Jones est un DJ anglais, producteur de disques, compositeur et remixeur.


Abra  Vegas  et  Pull Up                               Abra


— Cole King et Tunji Ige   Nothin Changed           Tunji Ige et Cole King (de gauche à droite) 

mardi 27 mars 2018

Ballet du Rhin - «Grands chorégraphes européens» : Scholz / Kylián / Forsythe, du bon travail

Riku Ota dans Jeunehomme, de Uwe Scholz, Photo Agathe Poupeney - PhotoScene

C’était en quelque sorte son baptême du feu : nommé en juillet 2016 (ICI), et entré en fonction en septembre 2017, le nouveau directeur du Ballet du Rhin, Bruno Bouché, a présenté son premier programme de la saison, avec trois pièces courtes d'environ une demi-heure chacune (respectivement 26 minutes, 27 minutes 52 secondes et 35 minutes), sous l’intitulé de « Grands chorégraphes européens ». Avec, dans l’ordre d’apparition, Uwe Scholz, Jiří Kylián, et William Forsythe. Un allemand, un tchèque et un américain qui a fait l’essentiel de sa carrière à Francfort (Allemagne). Un mort (le premier, en 2004, à 45 ans) et deux vivants (de 70 et 67 ans). Trois hommes. Trois "classiques" de la danse néo-classique (même si le dernier relève finalement autant de la danse classique que la danse contemporaine, et qu'il est un véritable révolutionnaire). Deux noms connus (Kylián et Forsythe), et un inconnu (du grand public). On notera au passage que Forsythe était présent dans l'exposition de « Chorégraphes américains à l'Opéra de Paris » en 2016. Alors, européen ou américain ? Ce qui est sûr, c'est qu'il a travaillé en Europe pendant presque 40 ans (1976 - 2015), après 26 ans aux États-Unis. 

Mais qui est Bruno Bouché, demanderez-vous peut-être ? Il est entré à l’école de Danse de l’Opéra national de Paris en 1989, avant d’être engagé dans son Corps de Ballet comme Quadrille en 1996, Coryphée en 1999 puis Sujet en 2002. Il dirige depuis 1999 sa compagnie, Incidence chorégraphique. Et, à vrai dire, pour être précis, il faut écrire qu'il dirige dorénavant le « CCN/Ballet de l’OnR », soit le Centre chorégraphique national/Ballet de l'Opéra national du Rhin, qui compte 33 interprètes. La troupe vient d'accueillir 11 nouveaux interprètes, qui ont été sélectionnés parmi 1.000 candidats ! 

Ces soirées dites "composées" posent des problèmes pratiques. Une fois le chorégraphe déterminé et sa pièce choisie, encore faut-il trouver la bonne personne pour la remonter, quand le chorégraphe est peu disponible, et laisser suffisamment de temps aux danseurs, qui doivent être au niveau, pour qu'ils se l'approprient. Les compagnies de ballet passent d'un chorégraphe à l'autre, d'une technique à l'autre, et d'un monde à l'autre, souvent trop vite. Ici, la qualité d'interprétation sera constamment au rendez-vous. 

UWE SCHOLZ   >   Jeunehomme  

Uwe Scholz, Capture d'écran Espaces Magnétiques

Uwe Scholz est peu connu en France, et c'est bien dommage. En matière de programmation, il y a les noms de chorégraphes à la mode. Et les autres, qui n'existent pour ainsi dire pas. Tout cela n'est pas vraiment compatible avec une véritable culture chorégraphique, qui se doit d'assurer une assez grande diversité de regards. Le Ballet du Rhin est constant dans sa démarche de reconnaissance de la valeur du travail d'Uwe Scholz, puisque c'est sous la direction de Bertrand d'At qu'est présenté Jeunehomme en 2000 sur la musique de Wolfgang Amadeus Mozart (le chorégraphe est alors encore vivant), et sous la direction d'Ivan Cavallari Die Schöpfung [La Création] en 2014 sur du Joseph Haydn et Le Rouge et le Noir en janvier 2017 sur du Hector Berlioz  . 

Uwe Scholz est l'un des rares chorégraphes qui entrait dans un studio de répétition avec la chorégraphie déjà en tête, qu'il écrivait sur partition. À l'origine il souhaitait être chef d'orchestre. Il lisait d'abord la musique, puis rédigeait la danse. Jeunehomme est une création de 1986 pour 21 danseurs des Ballets de Monte-Carlo.  

Il est difficile d'oublier l'interprétation sensible, expressive, toute en émotion, de DongTing Xing (cf. photo ci-dessous). 

DongTing Xing, Photo Facebook

JIŘÍ KYLIÁN    >   27'52''

Le 27'52'' de  Jiří Kylián est une pièce de 2002, qui, certes, se regarde. Quand on rentre dans la salle à l’issue de l’entracte, le rideau de scène est remonté, et les danseurs sont déjà sur scène. Au sol, un vaste carré blanc occupe la plus grande partie du plateau. Le reste est noir. Les 3 garçons, bruns (dont deux barbus) portent des pantalons noirs. Ils sont torses nus, imberbes, costaux aux pectoraux saillants. Les 3 femmes sont en pantalons noirs, haut d’une couleur unie : jaune, rouge ou bleu. Elle sont fines.  

Un son, et ça commence. Très vite, on repère l’influence de William Forsythe : espace éclairé comme un plateau de cinéma la nuit, avec des "noirs" profonds, atmosphère qui suggère la science-fiction. Pourquoi pas. Sauf qu’une influence doit être digérée pour être intéressante. Ce n’est pas le cas ici, où l’on garde la forme sans un vrai travail sur le fond. Comme si on pouvait faire l’économie du cheminement de la pensée et de la poésie de l’américain (ou européen, donc). La musique singe celle de celui qui en fût le collaborateur de longue date, Thom Willems. 

 WILLIAM FORSYTHE  >   QUINTETT 

Quintett, de William Forsythe, avec Renjie-Ma et Céline Nunig , Photo Agathe Poupeney 

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Avec son titre ramassé et factuel, Quintett cache bien son jeu. La création date de 1993 pour le Ballet de Francfort. À vrai dire, nous étions un peu inquiet, tant la pièce n'est pas facile à danser. Depuis que Forsythe n’a plus de compagnie, soit depuis fin juin 2015, ce sont des ballets qui doivent relever le défi. Avec des résultats pas vraiment convaincants. On songe au Ballet de l’Opéra de Lyon (vu au Théâtre de la Ville à Paris en février 2011), et au L.A. Dance Project de Benjamin Millepied (au Théâtre du Châtelet à Paris en mai 2013). Avec cette dernière, seule une danseuse arrivait à relever le défi. Et surprise, la fameuse trappe au sol d’où entraient et sortaient les danseurs avait disparu. Forsythe est prompt à retravailler ses pièces, mais cela est indiqué dans le programme. Ainsi, par exemple, quand il reprend Artifact avec le Boston Ballet en début d'année 2017 cela devient Artifact 2017 (cf notre article ICI). Ici, rien de tel. Interrogé, Benjamin Millepied nous expliquait qu’il s’agissait pourtant d’une « nouvelle version ». Avec le Ballet du Rhin, la trappe était absente à Mulhouse et Colmar, « pour raisons techniques ». On nous promettait son retour à Strasbourg. Hélas, toujours pas de trappe. 

Mais, surprise, l’interprétation est excellente. On peut rappeler le contexte de la création : la maladie et la disparition de l'épouse du chorégraphe, la magnifique danseuse Tracy-Kai Miller. Ici, le corps du danseur est moins puissant, moins assuré, plus relâché, plus adolescent, voire parfois enfantin. Le corps est à la fois présent et absent. Il a quelque chose de fantomatique. Le corps n’est pas homogène. Il articule différentes zones du corps. Les danseurs peuvent se regarder avant d’engager un mouvement commun. Ils peuvent jouer de façon brève. Aller en arrière en se regardant aussi. Il n’y a pas d’enjeux de pouvoir, mais de coopération. C’est franchement bouleversant. La bande-son, de Gavin Bryars, est sublime : un couplet chanté en anglais, doucement, par un vieil homme est joué en boucle, comme psalmodié, méditatif. Rarement la musique répétitive, associée à un certain intellectualisme ou contrôle mental assez froid, a été aussi sensuelle. Là, justement, on perd le contrôle (de sa vie), et il faut faire avec. 
Fabien Rivière 
Ballet du Rhin, Programme Forsythe · Kylián · Scholz (Grands Chorégraphes européens), du 19 octobre au 19 novembre 2017. SIte  

dimanche 18 mars 2018

William Forsythe à Boston : une exposition et une création mondiale

William Forsythe, décembre 2017, Capture d'écran Espaces Magnétiques (vidéo ci-dessous)
William Forsythe rencontre le Boston Ballet (le directeur, Mikko Nissinen, est à droite, en noir), 
Photo Liza Voll


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Le partenariat de 5 ans entre le chorégraphe William Forsythe et le Boston Ballet (États-Unis) se poursuit (ICI). Il a débuté le 23 février 2017 avec Artifact 2017 (on peut lire notre Réussite - William Forsythe présente «Artifact 2017» à Boston) (ICI), et se prolonge avec Pas/Parts 2016 du 9 mars au 7 avril 2018 dans une soirée partagée (ICI). 

L'acte 3 du partenariat passera en mars 2019 par un programme de trois pièces. Ainsi, du 7 au 17 mars 2019 on pourra ainsi (re)voir Blake Works I, sur la musique de James Blake, créé pour le Ballet de l'Opéra national de Paris en 2016 et visible pour la première fois aux États-Unis, Artifact Suite, qui est présenté comme « une compilation de mouvements » (« compilation of movements ») d'Artifact et une création mondiale dont on ne sait rien pour le moment (ICI).  

Le Boston Ballet sera à Paris le mois suivant au Théâtre des Champs-Élysées pour trois représentations d'un programme Jiří Kylián avec Wings of Wax et William Forsythe avec Pas/Parts 2018 et cette création En savoir +  


Par ailleurs, The Institute of Contemporary Art/Boston présentera l'exposition William Forsythe: Choreographic Objects, la première du genre par son ampleur aux États-Unis, du 31 octobre 2018 au 24 février 2019 (ICI). Elle reprendra une grande partie de l'exposition à Francfort au Museum für Moderne Kunst [Musée d'Art Moderne], William Forsythe The Fact of Matter, proposée d'octobre 2015 à mars 2016 (ICI, et catalogue ICI). 
Fabien Rivère
Pas/Parts 2016 sera présenté du 9 mars au 7 avril 2018

lundi 30 octobre 2017

Île-de-France - Deux expositions William Forsythe


Black Flags, 2014, Readymade industrial robots, silk flags, carbon fiber flagpoles, steel plates, 
Dimensions variables, Artwork, William Forsythe. Photography David Brandt, Courtesy Gagosian ©
« Oh les bestiaux ! », s'exclame-t-on, en découvrant l'imposante et puissante pièce maîtresse de l'exposition Choreographic Objects que William Forsythe présente à la galerie Gagosian - Le Bourget, à 7 kilomètres au nord de Paris (France). On connaissait Black Flags en vidéo, mais être confronté physiquement à elle est une autre histoire. Sa première sortie date de novembre 2014 à la Kunsthalle im Lipsiusbau Dresden, en français Galerie d'art de Lipsiusbau [à] Dresde (Allemagne) (cf. ICI et  (avec une vidéo)), du nom de son créateur au 19° siècle, le Professeur d'Architecture Constantin Lipsius. L'installation, constituée de deux robots industriels noirs jumeaux flanqués chacun d'un drapeau noir, qui ont nécessité un long travail de programmation, est nommée readymade, même si le principe du readymade depuis Duchamp consiste à prendre un objet et à ne lui apporter aucune modification. Les drapeaux suggèrent la flibusterie, la fluidité, la douceur, la haute mer, et la mort, dans des séquences de 28 minutes. 

Dans une petite salle se trouve Towards the Diagnostic Gaze, No. 1 (cf. photos ci-dessous), un plumeau posé sur une petite surface rectangulaire de pierre qui n'est pas sans faire penser à une pierre tombale, où est inscrit en lettres majuscules HOLD THE OBJECT ABSOLUTELY STILL, en français "Maintenez l'objet absolument immobile", qui peut sembler suggérer l'interdiction d'y toucher. Mais le communiqué de presse indique que l'on peut s'en saisir, en tentant de demeurer immobile, pour constater que c'est impossible. 

Towards the Diagnostic Gaze, No. 1, 2013, Readymade feather duster, engraved stone shelf from stone locally sourced for exhibition 5 x 80 x 45 cm, Photos Fabien Rivière ©

Dans une autre salle, un vaste écran de télévision diffuse le film Alignigung, un duo de danseurs entrelacés qui évoluent au sol, mis en ligne le 4 juillet 2016 sur le site 3° Scène de l'Opéra national de Paris, d'une durée de 15 mn. 50 (photos ci-dessous ; à voir ICI).   

Alignigung, 2016, Single channel video, Dimensions variable, Artwork © William Forsythe, Courtesy Gagosian.

Par ailleurs, en décembre 2017, du 1er au 31, une installation de William Forsythe se déploiera dans l'exposition qu'il partage avec un autre chorégraphe, Ryoji Ikea, à La Villette (Paris) : William Forsythe X Ryoji Ikeda Nowhere and everywhere at the same time N°2 - Test pattern. En clair : William Forsythe présentera Nowhere and everywhere at the same time N°2, vaste champ de pendules suspendus et, surtout, mobiles, avec lesquels le visiteur peut entrer en interaction. 

Déjà proposée elle aussi en Allemagne, à Francfort, au Museum für Moderne Kunst 1 (MMK) [Musée d'art moderne] fin 2015 - début 2016 dans le cadre de l'ambitieuse et vaste exposition William Forsythe - The Fact of Matter [Le fait de la matière], qui présentait ses travaux spécifiquement plastiques qui dialoguaient avec des œuvres d'art moderne de la collection (cf. ICI et   (catalogue d'exposition)). 

On aurait pu imaginer que cette grande rétrospective vienne en France, pourquoi pas au Centre Pompidou, au Palais de Tokyo ou à La Villette. 
Fabien Rivière
     LE BOURGET       
—— Choreographic Objects, de William Forsythe, Galerie Gagosian, Le Bourget, France, du 15 octobre au 22 décembre 2017, du mardi au samedi de 11h à 18h. GRATUIT  En savoir +   

INTERVIEWS de William Forsythe  Libération - Vogue Paris - Revue papier Gagosian Fall 2017, pages 138 - 143. 

      PARIS       
—— William Forsythe X Ryoji Ikeda Nowhere and everywhere at the same time N°2 - Test pattern, La Villette, Paris, France, du 1er au 31 décembre 2017, du mardi au dimanche, de 14h à 20h. PAYANT En savoir + 

       RENNES       
Vis-à-vis William Forsythe / Boris Charmatz – exercices et transmission avec les films Solo et Lectures from Improvisation Technologies20 mars au 14 avril 2018
Musée de la danse, Rennes

Nowhere and everywhere at the same time, N° 2

20 mars au 6 mai 2018
Les Champs Libres, Rennes

Vues de la façade de la Galerie Gagosian - Le Bourget, et de l'Avenue de l'Europe désertique
 le jour du vernissage un dimanche, Photos Fabien Rivière 

mardi 28 février 2017

Réussite - William Forsythe présente «Artifact 2017» à Boston

 Artifact, de William Forsythe, Photo Dieter Schwer
Répétition de Artifact 2017 : au premier plan Patrick Yocum et Misa Kuranaga (Boston Ballet),
second plan la répétitrice 
Kathryn Bennetts et William Forsythe, photo Liza Voll, courtesy of Boston Ballet    
Façade de l'Opéra de Boston (Boston Opera House) où le Ballet de Boston (Boston Ballet) danse Artifact 2017 de William Forsythe, Photos Fabien Rivière ©








Washington Street, où se situe le Boston Opera House, Photo Fabien Rivière ©
Boston se situe à 300 km au nord-est de New York
et 400 km au sud-est de Montréal

Envoyé spécial à Boston (Massachusetts), États-Unis

William Forsythe a débuté son partenariat (« partnership ») de cinq ans avec le Ballet de Boston (Partenariat de William Forsythe avec le Boston Balletce 23 février avec Artifact 2017, présenté jusqu'au 5 mars, qui reprend Artifact, une pièce de 1984La compagnie a déjà proposé 5 pièces du chorégraphe (détails en fin d'article) dans la volonté de constituer un répertoire. Une nouvelle pièce sera ainsi montée chaque année, et, dans l'idéal, une création verra le jour. Certains parleraient de « reprises » mais comme le remarquait justement une ouvreuse le soir de la première il s'agit bien pour le public d'un nouveau ballet.

LE BOSTON BALLET

William Forsythe (à gauche) et Mikko Nissinen, le directeur artistique 
du Boston Ballet, Photo Liza Voll 

Le Ballet de Boston, ou Boston Ballet, est l'une des plus grandes compagnie de ballet des États-Unis, même si elle est peu connue en France. Sa dernière venue dans notre pays date d'il y a presque vingt ans, en 1998, à Biarritz lors du Festival le temps d'aimer la danse. Rappelons que Boston est située à 300 kilomètres au nord-est de New York. C'est la capitale de l'état du Massachusetts. Elle compte 660.000 habitants pour une aire urbaine de 4.670.000 personnes.

Le Ballet de Boston a été fondé en 1963, et est dirigé depuis 2001 par le finlandais Mikko Nissinen (photo ci-dessus). C'est un ancien danseur qui s’est formé dans son pays et à l'école du Ballet du Kirov à Saint-Pétersbourg. Il a dansé dix-neuf ans, successivement au Ballet national finlandais, au Ballet national néerlandais, au Ballet de Bâle (Suisse) et au San Francisco Ballet comme principal (étoile) et comme invité dans différentes compagnies. 

La troupe compte actuellement 56 interprètes (68 si l'on y intègre les 12 membres du Boston Ballet II qui ont de 16 à 21 ans). Le Boston Ballet compte 18 nationalités : 27 viennent des États-Unis (un peu moins de la moitié de l'effectif total), 4 de Georgie, 4 de Corée du Sud, 3 du Japon, 2 de France (Anaïs Chalendard ICI et Florimond Lorieux ICI), 2 d'Australie, 2 du Brésil, 2 d'Italie, et 1 pour l'Argentine, la Finlande, l'Albanie, Cuba, la Hongrie, la Chine, le Paraguay, l'Espagne, la Belgique et le Danemark. Il existe une hiérarchie qui débute à "artists", se poursuit à "second soloists", "soloists", pour atteindre "principal dancers" (étoiles). Depuis 2005 Jorma Elo (Finlande) est « chorégraphe résident » au Boston Ballet. Il existe aussi une École du Boston Ballet (Boston Ballet School).

En comparaison le Ballet de l'Opéra national de Paris compte 154 danseurs, le New York City Ballet une centaine, l'American Ballet Theatre 95, le San Francisco Ballet 78, l'Alvin Ailey American Dance Theater une trentaine et le L.A. Dance Project de Benjamin Millepied 9.

MONEY

Un article du New York Times en 2011 (ICI) rendait compte en détail des problèmes financiers qu'a dû affronter le directeur du Ballet de Boston. Dans une interview à un site français il y a un peu moins d'un an (ICI), ce dernier expliquait les contraintes que faisaient peser sur les ballets l'absence de financement de l'État et les tentations induites par cet état de fait : 
Mais il y a aussi une forte tentation populiste. (...) On voit aussi de plus en plus de productions très "Disney" ou "Broadway". Je crois que c'est un piège. (...) Aux États Unis, il n’y a pas d’investissement de l’État dans la culture. Pour nous par exemple, c’est 0,2% de notre budget et la vente de tickets est loin de couvrir les coûts de la compagnie. Donc nous dépendons des donateurs individuels et des sponsors d’entreprise. Il faut les convaincre de s’engager pour l’art. Je ne suis pas pessimiste mais je suis tout de même un peu inquiet pour l’avenir car j’ai vu des compagnies prendre un tournant très commercial et ne pas y survivre. Il faut coûte que coûte persister à encourager la création et la nouveauté, quitte à prendre des risques. Mais c'est la seule voie qui sera payante et permettra au ballet de se perpétuer comme art.
Le programme de salle précise que les représentations de Artifact sont rendues possibles grâce aux généreuses donations du cercle de sponsors comprenant Donna and Michael Egan (cf. photo ICI), et Andrea et Frederick Hoff (cf. photo ICI). À l'issue de la première, une réception privée réunissant les sponsors en présence des artistes était organisée à l'hôtel The Ritz-Carlton tout proche. 

PRIX DES PLACES

Le prix des places est le reflet des choix économiques. Pour ce programme Artifact 2017 au Boston Opera House, les prix vont de 45 € à 159 € (cf. captures d'écran ci-dessous). 


L'IMPORTANCE de L'ALLEMAGNE et de la FRANCE
pour WILLIAM FORSYTHE

Un peu d'histoire est nécessaire pour comprendre les enjeux du partenariat Forsythe - Ballet de Boston. Né à New York en 1949 et formé aux États-Unis, c'est cependant en Europe que William Forsythe va mener l'essentiel de sa carrière. Et c'est l'Allemagne et la France qui vont lui permettre de mener à bien sa révolution dans le ballet et plus largement dans la danse. D'abord, l'Allemagne. La première pièce du chorégraphe date de 1976, Urlicht (pas de deux), présentée à Stuttgart. ll se voit proposer cette même année à 27 ans d'être chorégraphe résident au Stuttgart Ballet, pour quatre ans. Il prend la direction du Ballet de Francfort à 34 ans en septembre 1984, qu'il dirige vingt ans, jusqu'à sa dissolution en 2004. Succédera la Forsythe Company, pendant dix ans, entre Dresde et Francfort, de 2005 à juin 2015. 

La France a aussi son importante. D'une part, côté danse classique, Rudolf Noureev l'invite une première fois pour chorégraphier pour le Ballet de l'Opéra national de Paris. En 1983, cela donne France/Dance, puis une seconde fois en 1987, qui aboutit à In The Middle, Somewhat, Elevated. D'autre part, côté danse contemporaine, c'est lors du Festival Montpellier Danse de 1988 que la bombe Forsythe explose. Et enfin, William Forsythe sera « en résidence » (comprendre : existence d'un accord financier afin qu'il puisse produire son travail) pendant une dizaine d'années au Théâtre du Châtelet (Paris) de 1990 à 1998.   

ÉTATS-UNIS : REFUS puis ACCEPTATION

Un article intéressant de Mark Franko montre, au contraire, les fortes réticences dans les années 80 et 90 des États-Unis aux expérimentations du maître New Yorkais (dans l'ouvrage William Forsythe and the Practice of Choreography ICI).  

D'une certaine façon, on peut penser à l'achèvement d'une trajectoire, dans un "retour au pays". D'une part, il y a l'enseignement depuis peu à Los Angeles (notre article ICI), et d'autre part maintenant ce partenariat sur une longue durée. 

ARTIFACT 2017

Artifact, qui date de 1984, est la première pièce de William Forsythe qu'il conçoit en tant que directeur du Ballet de Francfort. Dans son esprit, c'est un travail non fini, toujours en cours, puisqu'il a été créé dans l'urgence en trois semaines à l'époque. C'est très peu pour composer une soirée entière. 

Artifact 2017 est un ballet en quatre parties. On pourrait préciser un ballet contemporain, qui raconte des histoires d’aujourd’hui. Selon Forsythe c'est « un hybride de danse et de théâtre » (« a hybrid of dance and theater », selon le Boston Globe ICI). En effet, trois personnages incarnent le théâtre, la Femme en Gris (« The Woman in Grey), hiératique, mystérieuse et silencieuse, L'Homme avec un mégaphone (« Man with Megaphone »), assez discret voire effacé, La Femme en robe historique (« Woman with Historical Dress »), qui parle beaucoup dans une prolifération de mots, et qui a besoin d'occuper tout l'espace. On se disait soudain qu'il s'agissait de trois figures : l'Inconscient, le Père et la Mère. Par ailleurs, quarante danseurs, dans des justaucorps verts sombres. Les femmes sont sur pointes.

L’acte 3 est nouveau. Les danseurs sont regroupés au bord de la scène. Une palissade noire un peu plus haute qu’eux les y parque, leur interdisant l’accès à la plus grande partie du plateau. On sent aussi que l’espace qui demeure disponible interdit la danse. Debouts, à gauche les hommes, regroupés, pourraient être des soldats qui vont partir au combat, à droite les femmes regroupées de la même façon (on pourrait aussi parler de deux chœurs). Au milieu, assis chacun sur une chaise rouge, en face à face, La Femme en robe historique et l’Homme au mégaphone. La femme part dans un slam. L’homme lui répond d’une certaine façon. Les danseurs et les danseuses vont chanter. Ambiance musical. On peut rester sur sa faim. L’acte 3 est bref.

La danse est à la fois complexe et répétitive. Elle demeure cependant très lisible. Et tonique. Le travail des bras est remarquable. Les corps sont des hiéroglyphes dont l'humanité aurait perdu la signification. D'une civilisation passée, ou future ? Difficile à dire. Le silence se mêle à la musique. Les éclairages ajoutent une dimension dramatique. Le rideau de scène descend et remonte à plusieurs reprises, tombant dans un claquement. Les corps, dans leurs physicalités et leurs trajectoires, suggèrent des planètes en déplacements dans l'espace infini, vide et froid. Faut-il alors parler d'une pièce métaphysique et mystique ? La dimension stellaire d'Artifact 2017 est en tout cas manifeste. 
Fabien Rivière
Artifact - Boston Ballet ICI
William Forsythe - Choreographic Objects  www.williamforsythe.de   

LE BOSTON BALLET et WILLIAM FORSYTHE

Le Ballet de Boston a déjà remonté plusieurs pièces de William Forsythe Love Songs (1979) en 1989. Et sous l'actuelle direction de Mikko Nissinen, In the Middle, Somewhat Elevated (1987) en 2002 et 2005, The Vile Parody of Address (1988) en 2008, The Second Detail (1991) en 2011, 2012, et 2014, et The Vertiginous Thrill of Exactitude (1996) en 2015 et 2016.

ARTIFACT 2017 par le BOSTON BALLET



SAISON 2016 - 2017 du BOSTON BALLET 

— (février-mars) William Forsythe Artifact (1984)
— (mars-avril 2016) George Balanchine Donizetti Variations (1960)
                             + Jiři Kylián Wings of Wax [Ailes de cire] (1997)
— (avril-mai) Marius Petipa, additional choreography by Sir Frederick Ashton
                        The Sleeping Beauty [La Belle au Bois Dormant] (1890, 1939)
— (mai) George Balanchine Stravinsky Violin Concerto (1972)
            + Jerome Robbins The Concert (or, the Perils of Everybody) (1956)
            + Jorma Elo (55 ans, Finlande)  CRÉATION 

SAISON 2017 - 2018 du BOSTON BALLET

— (novembre) Wayne McGregor Obsidian Tear  (2016, The Royal Ballet) 
                     Jorma Elo (55 ans, Finlande) Finlandia   CRÉATION 2017 
— (nov.-déc.)  Mikko Nissinen  The Nutcracker  [Casse-Noisette(1892, 2012)
— (mars-avril 2018) William Forsythe  Pas/Parts 2016 (2016, San Francisco Ballet)
        + Justin Peck In Crease (2012, New York City Ballet)
        + Jorma Elo  Bach Cello Suites (2015, Boston)
— (mars-avril) John Cranko Romeo & Juliette (1962, Stuttgart Ballet) 
— (mai-juin)  George Balanchine Prodigal Son (1929) 
                         + Chaconne (1976) + Stravinsky Violin Concerto (1972)
— (mai-juin) Auguste Bournonville La Sylphide (1836) + Bournonville Divertissements 

RÉPERTOIRE du BOSTON BALLET (2002 - 2015)

Chorégraphes : Pino Alosa, Karole Armitage (USA), Frederick Ashton (Royaume-Uni), George Balanchine (24 pièces), Christopher Bruce (Royaume-Uni), Val Caniparoli (USA), Jeffrey Cirio (USA), Lucinda Childs (USA), Florence Clerc, John Cranko (Afrique du Sud), David Dawson (Royaume-Uni), Alexander Ekman (Suède), Jorma Elo (Finlande), Sorella Englund (Finlande), Michel Fokine, Maina Gielgud (Royaume-Uni), James Kudelka (Canada), Jiří Kylián, Harald Lander (Danemark), José Martinez, Peter Martins (Danemark / New York City Ballet), Léonide Massine, Sabrina Matthews (Canada), Wayne McGregor (Royaume-Uni), Mark Morris (USA), Heather Myers (Canada), John Neumeier, Bronislava Nijinska, Vaslav Nijinsky, Mikko Nissinen, Rudolf Nureyev, Marius Petipa, Helen Picket (USA), Viktor Plonikov (Ukraine), Jerome Robbins, Twyla Tharp (USA), Antony Tudor (Royaume-Uni), Rudi van Dantzig (Hollande), Hans van Manen (Hollande), Christopher Wheeldon (Royaume-Uni), Norbert Vesak (Canada), Yury Yanowsky (Boston Ballet), Leonid Yakobson (Russie), Lila York (USA), Petr Zuska (République tchèque).