lundi 23 juillet 2012

DésarRoi ("The Old King", de Romeu Runa et Miguel Moreira - Festival d'Avignon In)

Miguel Moreira et Romeu Runa, conférence de presse,
Festival d'Avignon, Capture d'écran Espaces Magnétiques
Les Portugais Romeu Runa et Miguel Moreira (cf. photo à droite) présentent The Old King, Le vieux roi en français, au Cloître des Célestins. C'est un solo dansé par Romeu Runa, qu'Alain Platel a accompagné de  son regard pendant la création, dont il a été l'interprète pendant cinq ans, dans pitié !, Out of Context - for Pina et C(H)OEURS. 

C'est avec plaisir que l'on retrouve le lieu, espace en plein air où des gradins métalliques affrontent une scène bordée par deux beaux vieux platanes à droite et à gauche, et des voûtes au fond. Quand le public entre il fait encore jour, mais cela ne va pas durer. La scène est recouverte par ce qui suggère un goudron très noir. Au milieu du plateau, un homme jeune, de dos et recroquevillé, est assis au bord d'une palette de bois clair mais brut. L'homme porte un jean blanc usagé, un T-Shirt échancré marqué par la poussière et la sueur, sur des épaules puissantes et lisses. Les cheveux sont courts et sombres. On observe à sa gauche une paire de bottes noires, à sa droite un petit bouquet de fleurs jaunes dans sa terre et son pot de plastique noir. Ce dernier atterrira dans un endroit stratégique.   

De qui s'agit-il ? Où est le roi, et son royaume, en son royaume ? Sommes-nous le roi de notre propre royaume ? De quelle vieillesse s'agit-il ? En tous les cas c'est un homme atrocement seul qui, quand il se décide à se mouvoir va longuement demeurer dans une reptation inouïe, le buste plié vers l'arrière le plus qu'il soit possible pour un humain, la tête en arrière elle aussi accentuant ce cassage. S'invente sous nos yeux une nouvelle espèce de vertébré. Romeu Runa est d'une flexibilité impressionnante, qui, d'une certaine façon fait mal. Mais c'est que l'homme ne va pas très bien, c'est le moins que l'on puisse dire. Il fonce, suit sa nécessité, loin des conventions sociales. De ce point de vue, la proposition va très loin, très très loin. 

Romeu Runa dans The Old King, Photo Helena Goncalves

On pourrait citer cet extrait d'un poème de Gérard de Nerval, El Desdichado [Le Malheureux] :
Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la Tour abolie :
Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

L'eau est un élément important. Mais est-elle hostile ou nourricière ? On peut voir ainsi une salamandre, animal familier des milieux aquatiques. On parle de milieu naturel, ou, de manière plus savante, de biotope.

La fin est comme un retour, mais marque cependant un décalage. Que s'est-il donc vraiment passé ? Il n'y a pas eu de délivrance. On peut même se demander si la situation ne s'est pas dégradée. Ou alors, s'agit-il d'une vision d'une psyché ravagée ? On aperçoit la peau blanche de l'homme, tel un bernard l'hermitte, replié sur lui-même, perdu sans sa coquille. 

Aux saluts, Romeu Runa est très essouflé, hagard, le regard perdu et craintif. Miguel Moreira vient le rejoindre pour saluer, et le réconforte à sa façon. 

The Old King, Photo Fabien Rivière pour Espaces Magnétiques ⓒ

Festival d'Avignon, 18 - 20 juillet et 22 - 26 juillet 2012, 22h, Cloître des Célestins.
CRÉÉ le 9 juin 2011 au Teatro Camões site, Lisbonne.  


    TOURNÉE    
Turin - Italie, Torinodanza site, 13 et 14 octobre 2012.  
Villeneuve d'Ascq - France site, La Rose des Vents, 6 - 8 mars 2013.
Gand - Belgique, Campo site, 13-16 mars 2013. 
Berlin - Allemagne, HAU 2 - Hebbel Am Ufer site, 19-20 mars 2013. 
Calais - France, Grand Théâtre de Calais, 26 mars 2012. 
Mexico - Mexique, Festival de México site, 6 et 7 mai 2013.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire