vendredi 7 décembre 2012

Octopus de Decouflé de nouveau à Chaillot

Le Théâtre national de Chaillot propose de nouveau Octopus de Philippe Decouflé du 6 au 18 décembre site pour une série de 11 représentations. En janvier 2011, nous écrivions :

OCTOPUS

Philippe Decouflé 
Philippe Decouflé présente sa dernière chorégraphie, Octopus, comme « un opus pour huit danseurs, (...) et il y a à peu près huit parties », ajoutant : «J'ai travaillé sur la sensualité, (...) sur ce qui pour moi est beau, c'est-à-dire une beauté un peu différente...». Contre un monde de plus en plus rapide et violent, où nous sommes confrontés à une masse d'informa-tions énorme, il entend proposer «quelque chose de calme, de doux, de beau» (1). 

Mais, à vrai dire, la pièce est comme son titre, susceptible de deux lectures. En surface, Octopus affiche ses rondeurs en "o". Mais la traduction de l'anglais signifie bien "Pieuvre", animal inquiétant sinon terrifiant des profondeurs (de l'inconscient ?). 

La création marque un tournant dans la carrière du chorégraphe. Pour deux raisons : il y est question très fortement de sexe et de mort. Côté sexe, la pièce suit un séjour de Decouflé au Crazy Horse, où il a créé Désirs en 2009, et qui l'a désinhibé. Le "gentil" chorégraphe (nous écrivons cela sans aucune ironie) devient un chorégraphe sexué, sinon membré. Pour la mort, il s'en explique franchement dans une interview à BFM TV  : « Je vais avoir 50 ans bientôt, mes parents sont proches... de la mort, c'est quelque chose qui commence à être présent dans ma vie, donc c'est comme tout, il faut travailler dessus, donc, moi, plutôt que d'aller voir un psy, je fais des spectacles (écarquillant les yeux) ! » Cependant, on peut penser que l'un n'exclut pas l'autre. 

Le résultat est plutôt de qualité, mais il est possible de faire certaines réserves. D'une part, les (états de) corps sont vraiment trop lisses, trop propres, comme "lessivés". La musique et le chant créés pour l'occasion en direct par Labyala Nosfell et Pierre Le Bourgeois apportent un peps qui manquerait sinon. Cela dit, Decouflé explique qu'« il faut qu'on ait l'impression qu'il manque quelque chose dans la musique et dans la danse pour qu'un danseur puisse devenir un instrument [de musique] soliste et qu'un corps de ballet puisse devenir un groove derrière un solo d'instrument » (2). Par ailleurs, si l'on peut être impressionné par certaines scènes pendant la représentation, on peut aussi remarquer l'oubli qui frappe après. Decouflé explique : « Mon métier, c'est de faire du diver-tissement, si possible de bon goût » (3). Mais la définition du divertissement n'est-il pas ce qui s'efface assez vite, même si cela occupe la conscience ? Et se définir ainsi, n'est-ce pas se tenir soigneusement à distance de tous ses collègues de la danse contemporaine ? Pourquoi ne pas assumer qu'on fait de l'Art, comme un cinéaste ou un peintre ? 

Enfin, sans être pudibond, et contrairement à Chaillot, nous ne pensons pas que ce spectacle s'adresse à des enfants « à partir de : 8 ans ». Réservons le SM chic, tendance manga japonais, à la majorité sexuelle, sinon plus : 17 ans ?

(1) Pour ce paragraphe, les propos viennent d'une interview sur France 2 avec Elise Lucet, le 3 janvier 2011. 
(2) Propos tenus dans le reportage de Mensomadaire, « Corps à corps », Canal +.
 (cf. ici
(3) Interview sur France 2 avec Elise Lucet, le 3 janvier 2011. 

Philippe Decouflé en janvier 2011, Capture d'écran Espaces Magnétiques

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