lundi 13 mars 2017

Revue du crieur : excellent article consacré à la situation de l'Opéra de Paris


La Revue du crieur est une initiative du site d'information Mediapart et des éditions La Découverte. Elle publie trois par an des « enquête sur les idées et la culture » comme l'indique son sous-titre. Son numéro 6 vient de sortir dans certains kiosques et en librairie. On y trouve un excellent article très fouillé signé Aurore Gorius consacré à la situation de l'Opéra national de Paris, au budget de 200 millions annuels, deux fois celui du Centre Pompidou et vingt fois celui de la Comédie-Française. La couverture du numéro titre « L'Opéra au bord du gouffre », en pages intérieures « Les gâchis de l’Opéra de Paris ».
PRÉSENTATION de l'article :
La démission fracassante de Benjamin Millepied de son poste de directeur de la danse à l’Opéra de Paris, quelques mois seulement après une nomination censée attirer de nouveaux mécènes susceptibles de compenser le désengagement croissant de l’État, a jeté une lumière crue sur la plus grosse institution culturelle française, accusée de conservatisme par le flamboyant et contesté danseur Étoile. Avec ses deux salles (Garnier et Bastille), ses 70 corps de métiers et ses plus de 1 700 employés, l’Opéra peine à faire cohabiter les exigences contradictoires qui le traversent : l’innovation, pour un art, le lyrique, qui n’a produit en France aucune grande œuvre depuis plus de trente ans ou la garantie du nombre élevé des représentations malgré le fort taux d’accidents du travail chez les danseuses et danseurs. Une tutelle politique prônant la rentabilité, et donc la hausse du coût des places, tout en demandant un accès élargi aux publics, ainsi que la baisse de la masse salariale, dans une des institutions les plus syndiquées de France, ont achevé de rendre l’Opéra incontrôlable.
La subvention de l'État à l'Opéra de Paris a baissé ces dernières années, dans une structure où la masse salariale représente 70 % du budget. Le mécénat n'ayant pas compensé cette baisse, les prix des places, par exemple pour la danse, s'envolent (on peut lire nos La saison Danse 2017 - 2018 de l'Opéra de Paris : prudence et hausse des prix et Danse : Le prix des places selon Benjamin Millepied), ce qui exclut la majorité de la population. Selon la Cour des comptes la gestion du personnel est hasardeuse et se double d'une difficulté dans la maîtrise des coûts de production des œuvres. 

Concernant l'épisode Millepied qui s'est clôt par sa démission, l'article montre bien qu'il ne s'agit pas d'une opposition entre le Gentil Millepied et le Méchant Opéra, mais que le "petit nouveau" a multiplié pour le moins les maladresses. On apprend aussi que sa présence associée à celle de sa femme Natalie Portman a permis de récolter pour le gala d'ouverture de la saison 2015-2016 plus d'un million d'euros contre 100.000 à 400.000 habituellement. Et, dans un autre domaine, qu'entre cent et cent-cinquante accidents du travail touchent le ballet chaque année, qui compte 154 danseurs. 
Fabien Rivière
Revue du crieur, numéro 6, février - avril 2017, 15 €. Site de l'éditeur   
www.revueducrieur.fr  

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